Accueillie au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), après une année d’interruption pour des raisons de sécurité sanitaire, le Festival culturel européen se présente dans sa 21e édition, comme une opportunité permettant au public de renouer avec les spectacles dans un élan mesuré qui impose le strict respect des mesures de prévention contre la propagation de la Covid-19.
Zakia Kara Terki, une des divas de la chanson arabo-andalouse accueillie par le public avec des youyous nourris qui fusaient dans toute la salle Mustapha-Kateb, est entrée après l’interprétation d’un instrumental folklorique du terroir hongrois par les six musiciens de son orchestre.
Déroulant un programme d’une dizaine de pièces entre inqilabet, et hawzis, judicieusement conçues, dans des variations modales et rythmiques très appréciées par l’assistance, la cantatrice à entonné , entre autres pièces, « Ya racha el fetten » et « Ya dow aâyani » (Zidane), ou encore « Hanina » et « Kouliftou bi badri » (Sika), pour finir dans des atmosphères festives, avec « Ya rayeh » du regretté Dahmane El Harrachi (1926-1980).
A l’issue de la représentation, Zakia Kara Terki et son orchestre ont célébré de nouveau la Hongrie, interprétant, « Danse No 5 », du compositeur hongrois Johannes Brahms (1833-1897), en version traditionnelle andalouse, caractérisée par l’orchestration à l’unisson.
La musique traditionnelle hongroise présente beaucoup de similitudes avec le patrimoine ancestral de plusieurs pays, dont l’Algérie qui a reçu la visite en 1913 du grand musicien et compositeur, Béla Bartok (1881-1945) dans la ville de Biskra, où il est resté près de cinq ans, collectionnant plusieurs chants folkloriques locaux qu’il a enregistrés.
Le 105e anniversaire du passage de ce grand compositeur dans la capitale des Zibans a été célébré en décembre 2018.
Présent pour la première fois au Festival culturel européen, Malte, pays insulaire de l’Europe du Sud, a choisi pour « le chanter » le couple d’interprètes chaouis, Fayçal et Nisrine Achoura du groupe « Iwal » (espoir infini, en Chaoui), soutenu par six instrumentistes, époustouflants de maîtrise et de technique et deux belles voix féminines en tenues traditionnelles.
Dans une prestation pleine d’ »amour et de générosité », Fayçal, à la guitare acoustique et sa femme Nisrine à l’harmonica, ont interprété une dizaine de titres, entre compositions et reprises, dans un mélange des genres réussi qui observe « une authenticité dans ses contenus et une ouverture vers la modernité dans ses formes » a tenu à préciser le couple d’artistes.
Dans un spectacle plein, où se mêlent harmonieusement, musique, danse, narration et théâtre, Fayçal et Nesrine ont interprété, entre autres pièces, « Hamghart » (la vieille) « Bouzehtala min », « Blouse chaoui », « Zizi », « Fusion Rahbi (un des plus anciens rythmes chaouis)/Rock », ou « Lament », une chanson interprétée en maltais, une langue faite, selon Fayçal, d’un « mélange d’Arabe dialectal maghrébin et d’Italien ».
Le public qui a longtemps applaudi les artistes, a savouré tous les moments du concert dans la délectation.
Dans la solennité du moment et sur un texte plein de lyrisme du conteur à la Kora Fayçal Belattar, soutenu par Linda Ludmila Slaim au qanun, Malte, « Cité du silence, où se réunissent les symboles de la Méditerranée » a ouvert son livre au public.
Originaires de Tkout et de la grande région des Aurès, Fayçal et Nesrine Achoura ont fondé le groupe Iwal en 2014.
Ayant beaucoup travaillé avec Messaoud Nedjahi, Markounda et d’autres compositeurs Iwal s’est mis à créer ses propres titres.
Fayçal et Nisrine ont révélé la sortie prochaine du premier album d’Iwal qui contiendra 16 titres, et sera intitulé « Hameghart ».
Le 21e Festival Culturel européen se poursuit au Tna jusqu’au 2 juillet prochain, sous le slogan « L’Algérie chante l’Europe ». Il est animé par une pléiade de chanteurs et ensembles musicaux algériens, dont Salim Dada et sa compagnie et le groupe « Alg-rio et Hind » qui chanteront lundi soir, l’Italie et le Portugal.
aps