Le chef de la Marine allemande, Kay-Achim Schönbach, a démissionné de ses fonctions après des propos controversés sur la crise en Ukraine, a annoncé, samedi 22 janvier, un porte-parole du ministère de la Défense.
Le vice-amiral, qui avait, entre autre, qualifié d’ineptie l’idée que la Russie veuille envahir l’Ukraine, va quitter ses fonctions « avec effet immédiat », a précisé le porte-parole à l’AFP.
Ce que Vladimir Poutine veut, « c’est être respecté », a déclaré ce militaire, selon une vidéo circulant sur internet, filmée lors d’une réunion d’un groupe de réflexion qui s’est tenue vendredi, à New Delhi.
« Il est facile de lui accorder le respect qu’il veut, et qu’il mérite aussi probablement », a-t-il ajouté. L’idée que la Russie veuille envahir une partie de l’Ukraine serait selon lui « une ineptie ».
Il avait par ailleurs estimé que la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014, était « partie, et ne reviendrait pas » dans le giron de l’Ukraine.
L’ambassadeur allemand convoqué en Ukraine
Ce haut gradé avait fait son mea culpa dans l’après-midi, qualifiant ses déclarations « d’irréfléchies ». « Il n’y a pas à ergoter : c’était clairement une faute », a-t-il écrit dans un tweet.
Mais dans un communiqué diffusé dans la soirée, il explique avoir remis sa démission afin « d’éviter des dommages supplémentaires à la Marine allemande et surtout à la République fédérale allemande ».
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur allemand Anka Feldhusen après ces propos jugés « absolument inacceptables » par Kiev.
Les déclarations du vice-amiral sont intervenues en pleine crise russo-occidentale autour de l’Ukraine.
D’intenses efforts diplomatiques sont actuellement déployés de part et d’autre pour éviter que la situation ne dégénère, alors que des dizaines de milliers de soldats russes sont toujours massés à la frontière ukrainienne.
Le Kremlin lie toutefois un apaisement de la situation à des garanties notamment sur le non-élargissement de l’Otan, en particulier à l’Ukraine.
Une condition jugée inacceptable par les Occidentaux, qui menacent la Russie de très fortes sanctions en cas d’opération militaire.
Livraison d’armes
Moscou fait pression sur l’Ukraine depuis qu’un soulèvement, il y a près de dix ans, a renversé un gouvernement qui avait résisté aux appels à se rapprocher des Occidentaux.
La Russie s’est emparée de la péninsule méridionale de Crimée en 2014 et une insurrection prorusse, qui a depuis fit plus de 13 000 morts, a la même année éclaté dans l’est de l’Ukraine.
Donnant suite aux appels de ce pays à renforcer ses capacités de défense, les États-Unis, le Royaume-Uni et les trois États baltes ont accepté de lui livrer des équipements militaires, notamment des missiles antichars et antiaériens.
L’Allemagne a, en revanche, refusé de leur emboîter le pas car cela ne contribuerait « pas actuellement » à désamorcer la crise, a estimé sa ministre de la Défense, Christine Lambrecht. Elle s’est bornée à annoncer la fourniture, en février, d’un « hôpital de campagne ».
Une prise de position qui a suscité l’irritation de Kiev.
Malgré ce contexte de tensions extrêmes, les Etats-Unis, ont quant à eux, fait savoir qu’ils ne prévoyaient pas pour le moment d’organiser une évacuation de leurs ressortissants présents en Ukraine, leur laissant le choix d’en partir par des vols commerciaux.
AFP.