Le récit suit une progression chronologique linéaire. L’auteur, né en 1933 sous le regard des montagnes du Djurdjura en Kabylie, commence par évoquer le cadre familial qu’il dit primordial dans la formation de sa conscience sociale et politique. Il décrit en même temps la vie sous la domination coloniale, les injustices et la pauvreté qui vont présider à la guerre de 1954 : «A nous, les herbes sauvages et aux «métropolitains» le blé des vertes plaines algériennes.»
C’est dans ces conditions difficiles que Yaha Abdelhafidh va grandir bercé par les récits de guerre qui ont pour héros Fadhma N’Soumer (1851-1860) et cheikh Aheddad (1871).
Entré dans les rangs du parti nationaliste PPA-MTLD, Si El Hafid va développer une haute conscience anticoloniale. Cela le met face à un monde fait de violences, notamment en le faisant assister à cette scène où des Algériens étaient jetés dans la rivière à Charleville-Mézières. C’était en 1952 bien avant les massacres d’Octobre 61.
Ma guerre d’Algérie est un témoignage qui révèle beaucoup de choses sur l’organisation interne du PPA-MTLD, devenu MMA, et confirme le culte de la personnalité de Messali Hadj. Il a aussi l’audace d’évoquer les violences commises par des éléments de l’ALN contre leurs compatriotes. Ces crimes sont devenus un point de focalisation en France, comme le démontre la Déchirure, de Gabriel Le Bonnin et – étonnement – Benjamin Stora, diffusé le 11 mars 2012 sur France 2, suivi d’un débat où il ne manquait plus à David Pujadas que de demander aux Algériens de se « repentir » pour avoir arraché leur indépendance. En Algérie, le discours officiel et nationaliste (dans le sens négatif cette fois) du Pouvoir en a fait un tabou parmi tant d’autres dans la fausse histoire qu’il s’est construite.
Durant ce parcours de combattant, on croise de grandes figures du FLN-ALN. Parmi elles, Krim Belkacem, Amirouche, Larbi Ben M’hidi… L’enfer de la guerre contre les populations civiles qui servaient de bouc émissaire à l’armée française. Celle-ci raflait, torturait et affamait. L’auteur y décrit aussi les opérations militaires et les embuscades menées par le FLN une certaine satisfaction dans le ton. Un sentiment qui disparaît quand il évoque le long drame de la « Bleuite » contre laquelle il s’est révolté. Il se souvient de la ravageuse « Opération Jumelles », la plus importante et la plus brutale opération militaire menée par la France en Algérie et probablement dans toutes ses colonies. Planifiée par le général Challe, l’Opération avait créé les camps de concentration en Kabylie, généralisé la torture et programmé la famine de toute la population, avec la mobilisation d’« environ 25 000 soldats en plus des 15 000 déjà installés » pour quadriller toute la région.
Yaha Abdelhafidh aborde très rapidement les luttes au sein du FLN qui allaient offrir le pouvoir à l’Armée des frontières. La suite de l’histoire est amère et Abdelhafidh la réserve pour le tome II de ses mémoires. Après l’indépendance, il va compter parmi les membres fondateurs du premier parti de l’opposition algérien le Front des Forces Socialistes (FFS). De ses années d’exil et de militantisme, le public attend avec impatience la relation des maquis de Kabylie en 1963, où le FFS avait pris les armes contre la dictature de Ben Bella. Une rébellion éteinte dans le sang et sur laquelle les témoignages sont aujourd’hui d’une grande rareté.
Réveil D’Algérie.
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