C’est l’histoire d’un mec, de générations d’hommes, de l’émigration originelle qui a eu pour terreau la pauvreté, la misère. Les terres ingrates de nos montagnes, celles de Kabylie, des Aurès notamment, qui ont accouché d’un phénomène: l’émigration. Partir pour un ailleurs, de l’autre côté de la Méditerranée, la France, devenait un rêve qui a entretenu les illusions d’une vie meilleure encore aujourd’hui.
Une tragédie jouée l’espace d’un soir au théâtre de verdure d’Aokas, niché au coeur de la montagne du village d’Ath Aïssa, pour la première fois en Algérie. Un joyau à l’état pur de Hachimi Kachi, ciselé par Hamma Meliani sur des musiques remarquablement exécutées par Mebrouk Hadj Mohand. Trois artistes, Idir, Moustaki et Slimane aux voix aux parcours exceptionnels ont été convoqués. Un plateau de choix pour dire raconter l’émigration, l’exil, judicieusement symbolisés par une valise. Tout tourne autour de cet objet de voyage; la vie, les rêves, la désillusion, les joies, les souvenirs, les cadeaux, les figues, l’huile d’olive, la viande séchée (Achedhlouh), le départ et le retour hypothétique rare au pays. Un concentré d’une vie contrariée, chevillée à des coutumes ancestrales, à des codes qu’il n’est pas bon de transgresser. Et c’est pourtant ce qui va se passer avec toutes ces générations de jeunes hommes qui ont quitté leurs villages, un cocon familial qui adoucissait l’âpreté d’une vie dont les horizons bouchés, comme un ciel chargé éternellement de cululo-nimbus, ne laissait pointer la moindre éclaircie, le moindre rayon de soleil. Ces escouades d’humains pleins de vie iront monnayer leur force de travail pour des salaires souvent minables, mais en contrepartie ils auront incontestablement servi à modeler leur société et celle qui les a accueillis. C’est ce que tentera de nous restituer la pièce de théâtre écrite et magistralement jouée par Hachimi Kachi. Un plongeon aux racines de l’émigration, celle de son histoire qui a fait croire au paradis dont les portes devaient s’ouvrir avec le temps avec ce fameux sésame une fois en poche: le visa. Tout cela est dit de manière sarcastique, cynique, dans un style épuré qui débouche sur des rires aux éclats. La touche de Hamma Méliani. On n’en sort pas indemne quand on y a trempé, voyagé dans son univers à la fois magique et infernal, sans pitié, mais aussi généreux, parfois lorsque la chance est au rendez- vous à condition de l’avoir provoquée. Une route vers un paradis chimérique qui commence par un chemin de croix. Un parcours expérimental, initiatique qui mène à la maturité à la prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard.
Des accidents de parcours qui interrompent le rêve. Celui de la réussite sociale qui fait sortir de la misère. Dramatique! Malgré le visa le Paradis s’éloigne. Existe-t-il pour autant? Hachimi le questionne. Il lance des pistes. Pour cela il convoque les aînés, ceux qui ont tracé le chemin de l’exil, ceux dont le paradis s’est limité à des considérations économiques, financières. On y décèle la rencontre fabuleuse de deux hommes, deux dramaturges Hachimi Kachi et Hamma Meliani, dont la touche, sa conception du théâtre qui a inculqué toute sa force à la pièce «Visa pour le paradis qui a dévoilé toutes les facettes du théâtre algérien, de ses icônes, Hilmi, Krikèche, Kaki, Alloula, Medjoubi, Kateb…Visa pour le paradis nous replonge dans les temps ancestraux pour expliquer, trouver des réponses au phénomène de l’émigration, vécu de génération en génération, auquel est venu se greffer celui de la harga. C’est le chemin qui mène à la création, qui révèle le génie créateur de nos hommes de théâtre qui ont porté la culture, au coeur de nos montagnes. Visa pour le paradis en est l’exemple.
Source: L’Expression.
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