Quatre régions d’Ukraine sous contrôle quasi-total ou partiel des forces russes votaient jusqu’à hier dans des référendums d’intégration à la Russie dénoncés par les Occidentaux. Voici quelques éléments clés sur ces zones.
Lougansk et Donetsk
Ces deux régions majoritairement russophones constituent le Donbass, bassin industriel de l’Ukraine. Entre 2014 et 2022, un conflit y opposait des séparatistes appuyés par Moscou et les forces ukrainiennes. Mais en février 2022, Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des séparatistes et justifié l’opération spéciale du 24 février par la nécessité de sauver des populations russophones d’un génocide. La région de Lougansk comptait avant la guerre quelque 2,1 million d’habitants. Elle est frontalière de trois côtés avec la Russie et, selon Kiev, environ 98% du territoire est sous contrôle de Moscou depuis l’offensive russe du printemps et du début de l’été. Des quatre régions participant aux référendums, c’est celle où le contrôle russe est le plus total. Depuis la contre-offensive ukrainienne de début septembre qui a libéré une partie de la région voisine de Kharkiv, les forces ukrainiennes affirment grignoter aussi du terrain à Lougansk. La région voisine de Donetsk, où l’on vote aussi, comptait 4,1 millions d’habitants avant-guerre et sa capitale éponyme est la troisième plus grande ville du pays. Avant l’opération russe, environ la moitié de la région était sous contrôle séparatiste. Aujourd’hui, environ 67% du territoire est tenu par Moscou et ses alliés, notamment la ville portuaire de Marioupol. Des combats meurtriers s’y poursuivent, assure l’Ukraine qui revendique de petites avancées en septembre.
Zaporijjia
Cette région qui est bordée par la mer Noire abrite la plus grande centrale nucléaire du pays, sur le fleuve Dniepr, et comptait avant la guerre 1,63 million d’habitants. Proportionnellement, des quatre régions votant aux référendums, c’est celle où le contrôle russe est moindre avec 63% de la superficie occupée par Moscou et son administration militaire. Sa plus grande ville, appelée également Zaporijjia, est tenue par les forces ukrainiennes, mais son plus grand port, Berdiansk, est entre les mains de la Russie. La gigantesque centrale nucléaire qui s’y trouve a été prise par l’armée russe dès mars. Depuis, les deux camps s’accusent de bombarder ses environs au risque de provoquer un accident nucléaire. Les appels à démilitariser la zone se sont multipliés, sans succès jusqu’ici.
Kherson
Quelque 83% de cette région, la plus à l’ouest de la zone contrôlée par Moscou, et sa capitale éponyme sont passés sous contrôle russe dans les premiers jours de la guerre. La région, très importante pour l’agriculture ukrainienne, est stratégique pour Moscou car elle est frontalière de la péninsule de Crimée, intégrée par Moscou en 2014. Sa prise, associée à celles des côtes de Zaporijjia et Donetsk, permettent donc à la Russie de constituer une continuité territoriale de toutes les régions qu’elle contrôle en Ukraine, Crimée comprise, et du territoire russe à proprement parler. Le rattachement de ces territoires à la Russie pourrait être proclamé dès la fin de la semaine. Hier, le Kremlin a affirmé que les référendums dans les quatre zones auraient des conséquences profondes pour ces territoires, notamment sur le plan de leur sécurité. «Dans ces territoires, il y aura des changements cardinaux du point de vue juridique, du point de vue du droit international et du fait de toutes les conséquences respectives (des mesures prises) pour assurer la sécurité», a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Notre système juridique va envisager toutes les options, et, bien sûr, nos législateurs, nos organes exécutifs et nos équipes juridiques sont prêts», a-t-il ajouté. Plus tôt, l’ancien Premier ministre et président Dmitri Medvedev avait évoqué la possibilité que la Russie applique à ces territoires sa doctrine de dissuasion nucléaire, qui prévoit de telles frappes en cas d’attaque nucléaire contre la Russie ou de menace existentielle contre l’Etat. «Les forces armées russes renforceront significativement la défense de tous les territoires (ukrainiens) rattachés» à la Russie, a indiqué Medvedev sur Telegram. «La Russie a le droit d’employer l’arme atomique, si c’est nécessaire, dans des cas prédéfinis, en strict respect des principes de la politique gouvernementale en matière de dissuasion nucléaire», a ajouté Dmitri Medvedev.
Source: L’Expression.
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