Assia Djebar naît le 30 juin 1935 dans une famille de la petite bourgeoisie traditionnelle algérienne2. Son père, Tahar Imalhayène, est un instituteur (issu de l’École normale d’instituteurs de Bouzaréa) chenoui originaire de Gouraya. Sa mère, Bahia Sahraoui, appartient à la famille des Berkani (issue des populations berbères chenouis Ait Menasser du Dahra), dont un aïeul a combattu aux côtés d’Abd El-Kader et l’a suivi en exil3. Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l’école française, puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida et, faute de pouvoir y apprendre l’arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l’anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre en hypokhâgne au lycée Bugeaud d’Alger (actuel lycée Emir Abdelkader)3.
En 1954, elle entre en khâgne au lycée Fénelon (Paris). L’un de ses professeurs est Dina Dreyfus3. L’année suivante, elle intègre l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l’étude de l’Histoire. Elle est la première femme algérienne à intégrer l’École. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d’ordre de grève de l’UGEMA, l’Union générale des étudiants musulmans algériens, pour protester contre la répression en Algérie, et ne passe pas ses examens. Elle est exclue de l’école de la rue de Sèvres pour avoir participé à la grève3. C’est à cette occasion qu’elle écrit son premier roman, La Soif3. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar : Assia, la consolation, et Djebar, l’intransigeance. Elle épouse l’écrivain Walid Garn, pseudonyme de l’homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis, puis quitte la France pour l’Afrique du Nord.
Le Général de Gaulle lui-même demande sa réintégration dans l’École en 1959 en raison de son « talent littéraire »4. À partir de cette année-là, elle étudie et enseigne l’histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l’islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lalla Manoubia, une sainte matrone de Tunis. Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie. Elle est nommée professeure à l’université d’Alger5. Elle y est la seule professeure à dispenser des cours d’histoire moderne et contemporaine de l’Algérie. Dans cette période de transition post-coloniale, la question de la langue de l’enseignement se pose. L’enseignement en arabe littéraire est imposé, ce qu’elle refuse. Elle quitte alors l’Algérie3.
En 1965, elle décide d’adopter, avec Walid Garn, l’orphelin Mohamed Garne6.
De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France, et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en secondes noces Malek Alloula, dont elle se sépare par la suite.
Pendant une dizaine d’années, elle délaisse l’écriture pour se tourner vers un autre mode d’expression artistique, le cinéma. Elle réalise deux films, La Nouba des Femmes du Mont Chenoua en 1978, long-métrage qui lui vaudra le prix de la critique internationale à la Biennale de Venise de 1979, et un court-métrage, La Zerda ou les chants de l’oubli, en 19823.
De 1997 à 2001, elle dirige le Centre d’études francophones et françaises, à la suite d’Édouard Glissant, à l’université d’État de Louisiane7.
En 1999, elle soutient sa thèse à l’université Paul-Valéry Montpellier 3, au sujet de sa propre œuvre8. La même année, elle est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Se partageant entre la France et les États-Unis, elle enseigne à compter de 2001 au département d’études françaises de l’université de New York9.
Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l’Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 20063. Elle est docteur honoris causa de l’université de Vienne (Autriche), de l’université Concordia de Montréal (Canada) et de l’université d’Osnabrück (Allemagne).
Elle meurt le 6 février 201510 à Paris11.
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