Le mois du Ramadhan passé a été un révélateur de la situation anarchique du secteur du commerce et de la distribution, comme l’a déclaré, lui-même, le ministre du commerce. En effet, toutes les mesures prises pour lutter contre l’accélération des prix ont été vaines, comme celles d’importer de la viande bovine et la céder à 1.200 DA le kilo (oubliant qu’il n’avait qu’un petit réseau de distribution) ou celles qui consistent à multiplier les contrôles et à distribuer des sanctions pénales lourdes. Les prix de l’oignon, de la pomme de terre et de la banane ou les pénuries du lait, de la semoule et de l’ail, ont ravi la vedette et les médias intérieurs et extérieurs, ont souligné l’incapacité des pouvoirs publics à trouver des solutions durables pour réguler le marché. Pire encore, durant ce mois de forte consommation irrationnelle, les problèmes souvent dénoncés de l’intersectorialité entre les ministères du commerce et celui de l’agriculture, chacun se rejetant la responsabilité de la situation spéculative qui prévaut, n’ont pas pu être arbitrés par l’ex-Premier ministre, qui n’arrivait pas à trancher les décisions intempestives de l’un et de l’autre ! Son remplacement par le nouveau Premier ministre N. Larbaoui et la mise fin de fonction du ministre de l’agriculture devront mettre fin à cette situation.
Le prochain Ramadan.
En d’autres termes, il faut mettre fin au bricolage ambiant, qui consiste à prendre des décisions ponctuelles et de circonstance (fêtes civiles et religieuses) et de s’attaquer au problème par la racine, c’est-à-dire, les causes réelles du dysfonctionnement que le ministre du commerce a identifié, à juste titre, en désignant le secteur de la distribution (gros demi-gros et détail). Ce programme consiste à réaliser, de manière itérative, des infrastructures et des équipements modernes dans chaque wilaya, en fonction de la densité de la population et de sa vocation agricole et commerciale, permettant l’internalité de l’activité commerciale, au sein de ces infrastructures. Il faut ajouter, à cet endroit, que le financement de ce programme est rentable pour les banques commerciales qui devront le prendre en charge. Il faut donc organiser le commerce itinérant, pour chaque commune et gérer tout le système par la mixité (public et privé), en veillant à clairement définir (cahier des charge) les attributions de chaque intervenant, le secteur public pour le contrôle, les marges et la traçabilité et le privé pour l’activité commerciale proprement dite. L’implication des collectivités locales (les communes et les directions de wilayas) dans le processus, est indispensable pour la bonne marche de l’opération, de manière à déterminer les assiettes de terrain devant servir à accueillir les emplacements de vente, à recouvrir les taxes locales, à veiller à l’hygiène et la sécurité et à proscrire le commerce informel, au fur et à mesure de la réalisation des infrastructures légales.
Réviser la réglementation.
La définition des droits et obligations de l’activité commerciale est d’une nécessité impérative mais elle va se heurter certainement aux résistances objectives, de plusieurs années de laxisme à tous les niveaux, ce qui a fait exploser le marché informel avec des manques à gagner exponentiels pour le budget de l’état (la Directrice Générale des Impôts a annoncé le chiffre de 2.600 milliards de DA) et une saignée énorme pour le consommateur qui se retrouve entre le « marteau et l’enclume ». L’économie libérale (laisser faire, laisser aller), de par le monde, est celle la plus normative et les règles de la concurrence sont scrutées dans tous les pays avec une énorme attention, pour ne pas permettre la création de monopoles (La loi d’Amato aux US A). Or, il se trouve que notre pays a troqué le monopole public qui sévissait, aux monopoles privés, sans avoir, au préalable, défini « les règles du jeu », ce qui a permis aux monopoles privés de les définir lui-même et à son profit ! C’est tout l’enjeu politique du programme « Ramadan 2024 », que le Président de la république a examiné lors du dernier Conseil des ministres, de manière à ne pas tomber dans les travers de celui de 2023.
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