Tristesse profonde, perplexité, sidération et anxiété: la perte cruelle, le 11 août dernier, dans le sillage des incendies ayant touché la Kabylie, de feu Djamel Bensmaïl, aura assurément suscité un torrent d’émotions difficilement maîtrisables, mais, surtout, un élan de solidarité sans pareil avec sa famille, un comportement révélateur du bannissement de la violence par les Algériens.
Pour de nombreux citoyens horrifiés par tant de cruauté et de bestialité, ce crime abominable est d’autant plus condamnable que la victime s’était rendue en tant que volontaire à Larbaâ Nath Irathen (Tizi-Ouzou) pour aider à éteindre les feux qui ont ravagé les montagnes et qui avaient fait 90 morts dont 33 militaires.
Observant que la date de ce crime odieux « restera gravée à jamais dans les mémoires des habitants de Miliana (Aïn Defla) et des Algériens de façon générale », le président de l’Association « Les Amis de Miliana », Lotfi Khouatmi, s’est félicité de l’élan de solidarité ayant suivi cette épreuve dramatique.
« Jamais de mémoire d’habitant de Miliana, la ville n’avait connu un afflux comme celui enregistré suite à la mort du regretté Djamel, une véritable marée humaine s’y était, en effet, rendu pour présenter ses condoléances à la famille du défunt, rendant tout déplacement dans et aux abords de la ville des plus difficiles », s’est-il rappelé.
Pour ce quinquagénaire, chirurgien-dentiste de son état, la mort de Djamel Bensmail, « un artiste engagé aux multiples talents, un citoyen exemplaire, un amoureux de la nature et un humaniste au grand cœur » ne pouvait laisser indifférent et a suscité un extraordinaire élan de solidarité citoyenne.
« A la faveur de ce geste, les gens voulaient, bien évidemment, faire part de leur compassion avec la famille du défunt sachant que la mort d’un enfant constitue une terrible épreuve pour les parents qui se retrouvent désemparés et amputés d’une partie d’eux-mêmes mais, en filigrane, il y a aussi le refus de la violence », analyse-t-il.
Mais, le plus marquant de ce drame humain a incontestablement trait à l’attitude et aux propos de son père au lendemain de l’assassinat de son fils.
En déplacement à Tizi Ouzou afin de récupérer la dépouille de la chair de sa chair, Nouredine Bensmaïl a, malgré son immense douleur, fait preuve de retenue et d’une extraordinaire sagesse.
« Les Kabyles sont nos frères, ne cherchons pas la fitna (la discorde). Mes amis sont Kabyles, mes neveux aussi. Que Dieu nous donne la patience, Djamel était votre frère et il est mort en martyr », avait-il lancé à l’adresse de jeunes rassemblés aux abords de l’hôpital de la ville des genêts.
Et d’ajouter avec une lucidité révélatrice d’une grandeur de l’âme: « J’ai perdu un fils, mais j’ai gagné des enfants car vous êtes tous mes enfants ».
Un appel pour apaiser les esprits lequel, comme souligné par l’écrivain Rachid Ezziane, est « une leçon de tolérance à faire apprendre aux enfants dans les écoles dans la mesure où cette attitude incarne l’Algérien lambda, digne et respectable ». Pour d’aucuns, les propos venus des tripes de cet homme incarnant un patriotisme sincère.
« Au regard de son âge (65 ans) et de son expérience des vicissitudes de la vie, il savait parfaitement que des gens malintentionnés étaient aux aguets, attendant le moment propice pour mettre le feu aux poudres, mais il a fait preuve d’anticipation, les empêchant de mettre à exécution leur dessein macabre », soutient Chemseddine, un membre de l’Association et très proche ami du défunt.
Incendies de Tizi-Ouzou: la solidarité a déjoué le complot
Ce jeune de 26 ans se rappelle que sous le coup de la colère et de l’indignation suscitée par l’assassinat de Djamel, des habitants de
localités voisines à Miliana avaient fait part de leur désir de fermer l’autoroute en guise de protestation.
Mais les propos lancés, depuis Tizi Ouzou, par le père de la victime à l’adresse des habitants de Miliana leur ont été d’un grand réconfort, explique ce jeune licencié en science politiques, préparant un diplôme en philosophie.
« Il a dit aux habitants de Miliana: vous devez être fiers de lui (son fils, Ndlr) car c’est un héros. Après Ali La Pointe, vous avez désormais Djamel Bensmaïl », s’est-il rappelé.
Le jeune étudiant n’a pas omis, par ailleurs, de mettre en évidence la posture de M. Nouredine Bensmaïl face aux citoyens venus lui présenter leurs condoléances, au moment où il était de retour à Miliana pour l’enterrement de son fils.
« Face au père de la victime resté de marbre en dépit de l’épreuve déchirante qu’il venait de subir, nombre de personnes qui se sont déplacées à Miliana en consolateurs, ont fini par craquer, éclatant en sanglots, se rendant compte très vite qu’ils étaient eux-mêmes les consolés », a-t-il fait remarquer.
Répercuter les idéaux de Djamel
Observant qu’avec le temps, « on apprend à apprivoiser la douleur », Abdenour, le cousin de la victime, a mis l’accent sur l’importance de répercuter les idéaux de feu Djamel.
« Avec le temps, on apprend à apprivoiser la douleur, et même s’il a brûlé nos cœur, le feu n’a pas consumé notre honneur et notre dignité », a-t-il confié.
Et d’ajouter: « Désormais, le plus important pour nous est de répercuter les idéaux de Djamel ».
Mettant en exergue les qualités humaines hors-pair du défunt, il a relevé que là où se trouvait un malheur, son cousin accourait pour porter secours et consolation.
« Ce fut un homme sensible au malheur des autres et son déplacement à Tizi Ouzou pour prendre part à l’opération d’extinction des incendies ne s’est pas fait sur un coup de tête mais découle de sa volonté à porter aide et secours à ceux qui sont en difficulté », a-t-il témoigné.
Il a, par ailleurs, mis l’accent sur le caractère pluridisciplinaire du défunt, « un jeune à l’allure joviale, qui avait plein de projets et de copains. Il était épris de justice et avait une grande culture », a-t-il souligné.
« Il se trouvait le plus souvent à Alger et était sur le point de se joindre à l’association ‘Les Amis de Miliana’, « , a-t-il fait savoir, notant qu’avant de passer à trépas, le défunt s’apprêtait à peindre un tableau de Van Gogh.
Le courage et la sagesse du père de Djamel Bensmaïl lui a, à juste titre, valu d’être désignée la personnalité la plus influente de l’année 2021 en Algérie, par almanach-dz, le site d’informations documentaires.
MH
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