Les festivités commémoratives du 34e anniversaire de la disparition de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri s’étaleront jusqu’au 28 février, à Tizi Ouzou. Plusieurs activités sont au programme de cette commémoration, initiée par la direction locale de la culture et des arts, en collaboration avec la commune d’Ath Yenni et des associations.
Une exposition permanente autour de la vie et de l’œuvre de Mammeri ainsi que plusieurs autres activités, toutes dans le même contexte, sont prévues tout au long de cette commémoration.
Demain, une conférence autour de l’œuvre de l’anthropologue disparu sera animée par Slimane Hachi, chercheur et directeur du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH).
Un recueillement sur la tombe de l’auteur de La colline oubliée sera, également, organisé à son village natal, Taourirt Mimoune, dans la commune d’Ath Yenni, au sud de la wilaya.
Né le 28 décembre 1917, Mouloud Mammeri est l’un des illustres intellectuels algériens engagés dans le combat libérateur comme auteur, chercheur et défenseur de la culture et du patrimoine algériens.
Témoin d’une étape historique difficile de la vie du peuple algérien, Mammeri s’est engagé comme romancier et dramaturge pour le recouvrement de l’identité et de la souveraineté nationales. Ses romans ont décrit le vécu des Algériens sous la colonisation française. Il est également pionnier dans la recherche en anthropologie, et ses nombreux travaux scientifiques sont considérés comme une référence dans la recherche et l’enseignement de tamazight.
Intellectuel, patriote et chercheur accompli
Avec une œuvre multidisciplinaire, centrée sur la libération et l’affirmation de soi, Mouloud Mammeri est l’un des illustres intellectuels algériens engagés dans le combat libérateur comme auteur, chercheur et défenseur de la culture et du patrimoine algériens.
Témoin d’une étape historique difficile de la vie du peuple algérien, Mammeri s’est engagé comme romancier et dramaturge pour le recouvrement de l’identité et de la souveraineté nationales.
A travers le roman, il s’est exprimé comme un citoyen préoccupé par la situation de ses concitoyens, représentés à travers des personnages authentiques et des références nationales pour décrire la situation difficile que vivaient les Algériens durant la colonisation.
Ses récits empreints de l’héritage culturel et traditionnel ancestral, ont décrit avec un réalisme frappant une société millénaire attachée à ses valeurs et coutumes autochtones, révoltée contre un système colonial destructeur.
Ses romans La colline oubliée, Le sommeil du juste, L’opium et le bâton et Le foehn, pièce écrite en 1957 et jouée à Alger en 1967, sont un témoignage réaliste du vécu des Algériens sous le joug colonial. A partir de La colline oubliée, porté à l’écran par Abderrahmane Bouguermouh, qui dépeint la vie difficile des habitants d’un village en Kabylie, en donnant une existence littéraire à l’Algérien longtemps marginalisé dans un contexte colonial étouffant, l’auteur a adopté une démarche intellectuelle identique décrivant une Algérie meurtrie par la colonisation dans Le Sommeil du juste et L’opium et le bâton, autre chef-d’œuvre qui fut adapté au cinéma en 1970 par Ahmed Rachedi.
L’engagement de Mammeri pour l’indépendance nationale se traduit aussi à travers des articles de presse publié dans L’espoir Algérie, journal des libéraux où il décrit la cruauté du colonialisme français. Très impliqué dans le combat libérateur, il a contribué à la rédaction de «rapports accablants» sur le colonialisme français durant la guerre de Libération, adressés par le FLN (Front de libération nationale) à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, a certifié Tassadit Yacine dans son ouvrage La face cachée de Mammeri, publié en 2021. L’universitaire Afifa Brerhi souligne que Mammeri compte parmi «les écrivains algériens de la première génération qui ont témoigné du sort misérable des populations autochtones et dénoncé les horreurs de la colonisation».
Défenseur de la culture ancestrale et du patrimoine
Pionnier dans la recherche en anthropologie, Mouloud Mammeri a œuvré, à travers ses travaux et ouvrages consacrés essentiellement à la culture orale, à la grammaire et la linguistique amazighe, et à la préservation d’un héritage culturel en déperdition. Ses nombreux travaux scientifiques, considérés comme une référence «incontournable» dans la recherche et l’enseignement de tamazight, ont dégagé les bases linguistiques et syntaxiques communes à cette langue nationale et officielle en Algérie.
Mammeri était également le premier universitaire à s’intéresser à la poésie kabyle ancienne et à l’Ahellil du Gourara, un chant rituel ancestral d’expression zénète (variante de tamazight) propre à la région du nord d’Adrar, auquel il consacre une recherche publiée en 1984. Un de ses plus brillants étudiants, Rachid Bellil, va reprendre le flambeau de la recherche dans le Gourara pour aboutir en 2008 au classement de l’Ahelil sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Les Isefra, poèmes de Si Mohand ou M’hand, poète errant du XIXe siècle, et Poèmes kabyles anciens, où il redonne voix à une pléthore de poètes talentueux, sont parmi ses ouvrages phares qui restituent une partie de la poésie de la région. Dans la recherche linguistique, Mammeri a publié le premier ouvrage algérien sur la grammaire de langue amazighe Tajerrumt n’Tmazight et Amawal (dictionnaire,1980), premier lexique en tamazight qui puise dans toutes ses variantes nord-africaines.
Avec un long parcours scientifique, il a fondé une école algérienne d’anthropologie qui a formé une génération de chercheurs et d’étudiants qui constituent aujourd’hui le point focal de l’anthropologie africaine.
Mouloud Mammeri a été également fondateur et directeur du Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques (CRAPE), en plus de la revue Awal, première publication spécialisée dans la recherche sur la culture amazighe créée en 1985. Né le 28 décembre 1917 à Tizi-Ouzou, Mouloud Mammeri a légué une immense œuvre pluridisciplinaire notamment dans la littérature, en plus de ses nombreuses nouvelles et ouvrages de traduction et de critique littéraire.
Il décède, dans un accident de la circulation le 26 février 1989 à l’âge de 72 ans.
Source: El Moudjahid.
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