Astreint au strict respect des mesures de prévention sanitaire contre la propagation du Coronavirus, le public relativement nombreux de l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih a eu droit durant près de trois heures de temps, à un concert initialement prévu pour rendre hommage à Seloua, icône de la chanson hawzi et la variété algérienne, disparue la veille de sa célébration, le 9 décembre dernier.
Dans une ambiance de grands soirs, le premier volet de la soirée a été consacré à l’hommage rendu, à titre posthume, à la grande Seloua, animé par les voix suaves de trois des musiciennes de l’Orchestre andalou de l’Opéra d’Alger, Sabah El Andaloussia, Radia Nouaceur Yadi et Sarah Belaslouni, qui ont brillamment interprété quelques pièces dans le genre hawzi du riche répertoire de Seloua.
Les chanteuses lyriques ont notamment enchaîné les pièces, « Loukane soltane el m’habba », « Ana’ladhi biya s’ken samim fouadi », « El qad elli sabani », « Wa men li bi djismi », « Atani zamani » et « qoudoum el habib », pour voir ensuite, la ministre de la Culture et des Arts Wafa Chaalal rejoindre la scène pour remettre la distinction honorifique marquant l’hommage à Seloua, à Sabah El Andaloussia, représentante de la famille de la défunte.
Un programme varié purement hawzi a été préparé avec une main de maître par Naguib Kateb et son orchestre pour soutenir successivement, Lamia Madini, Esma Alla, Nadia Benyoucef et Nardjess, une belle réunion de cantatrices aux voix présentes et étoffées, dotées de timbres aux larges tessitures, issues de l’ancienne et la nouvelle génération.
Dans de belles variations modales et rythmiques, les chanteuses, qui se sont mises à l’heure de la tradition andalouse avec des tenues de circonstance, (Karakou, Caftan et serouel chelqa), ont rendu, entre autres pièces, « Ya badie el hosni ahif », « Ya r’qiq el hadjeb », « Ya qalbi khelli el hal », « Ana touiri », « Nehwa rohi’w’rahti », « El khilaâ taâjebni », « Harq ed’dhana mouhdjati » et « Sifet ech’chemaâ wel qendil ».
En présence de représentants de différentes missions diplomatiques accréditées en Algérie, les sonorités aiguës des violons et du nay (flûte arabe), la densité des notes des instruments à cordes, à l’instar du Oud, la kouitra et la contrebasse, ainsi que les cadences rythmiques irrégulières, ont relevé le ton du concert, créant des atmosphères conviviales et festives.
Empreints de sourires, de bonne humeur et de lyrisme poétique, les intermèdes marquant l’entrée des chanteuses sur scène, ont été très appréciés par le public qui inter-agissait avec les odes de Moumen Haoua, animateur à l’Opéra d’Alger, qu’il déclamait en y mettant dans un ton feutré de conteur, les nuances et les intonations adéquates à chacun de ses textes.
Cédant au déhanchement, le public, occupant les allées réservées aux déplacements des spectateurs, a savouré chaque instant du spectacle dans la délectation, remerciant les artistes avec des salves d’applaudissements et des youyous nourris.
A l’issue de la soirée, Wafa Chaalal a remis des distinctions honorifiques à Nardjess, Nadia Benyoucef et Lamia Madini, représentant sa mère Salima, doyenne des professeurs du conservatoire d’Alger, virtuose du piano et présidente de l’association andalouse « Essendoussia » d’Alger.
Auparavant, le concert-hommage a été ouvert par l’allocution prononcée par la ministre de la Culture et des Arts, dans laquelle elle a qualifiée l’organisation de ce spectacle de « grande occasion » pour réunir d’ »éminentes figures de la chanson algérienne » qui ont « imprimé leurs noms » dans la « mémoire collective du peuple algérien ».
Le concert-hommage aux divas de la chanson algérienne a été organisé en collaboration avec l’Office national des Droits d’Auteurs et Droits voisins (ONDA).