Dr Mourad GOUMIRI.
C’est un secret de Polichinelle que de dire que notre pays a tissé, depuis de longues années, des relations solides, en matière de défense et de sécurité, avec la Russie et la Chine, dans tous les domaines et dans toutes les armes (Air, terre mer, renseignement…). Comme c’est une évidence que de dire, que la coopération en matière de sécurité et de défense avec la France est négligeable, sauf quelques stages de formation dans des écoles militaires spécialisées. La question qui se pose logiquement est de savoir pourquoi notre pays à l’instar d’autres au Maghreb et en Afrique n’a pas noué des relations de coopération avec la France, sauf au niveau du renseignement ? A l’évidence, une partie de l’explication tient, dans le fait, que la France a toujours considéré que le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, sont ses « profondeurs stratégiques exclusives » !
Dès lors, deux profondeurs stratégiques vont s’affronter, au lieu de se mutualiser, chacun se considérant comme légitime et menant sa politique sans concertation avec l’autre. Faut-il à cet endroit citer quelques exemples récents comme la Libye, le Sahel, le Sahara occidental…) ? Dans le passé, on l’appelait, vulgairement la « France-Afrique », avec pour fer de lance les « réseaux Foccart » (services de renseignement, grandes entreprises, barbouzes), qui régnaient sur tous ces pays. Dès l’indépendance, l’Algérie a immédiatement considéré, également, que cette région faisait intégralement partie de sa profondeur stratégique, ce qui va entrainer des « zones de fractures » entre les deux pays ! Deux solutions vont se présenter soit la confrontation soit la coopération. Malheureusement, la France a choisi la confrontation avec l’Algérie, au nom de ses intérêts « biens-compris » en sabordant toutes les initiatives que notre pays entreprenait dans la région. C’est le cas pour le Mali où notre pays a joué de son influence, pour arriver aux « accords d’Alger » qui devaient mettre fin à la guerre civile entre le Nord et le Sud de ce pays. Dès lors et surtout après l’intervention militaire de la France en Libye, qui a détruit le régime Kadhafi, sans apporter une solution politique à ce pays, c’est toute la région qui a été déstabilisée et est devenue un espace entièrement contrôlé par les narco terroristes internationaux qui vont tenter de prendre le pouvoir au Mali, maillon faible dans la région. La décision de la France d’intervenir militairement, pour stopper cette invasion, ne va pas régler le problème politique, bien au contraire, de coup d’état en coup d’état, le Mali va entrer dans la pire guerre civile de son histoire avec un risque majeur de partition du pays. Il aurait été plus constructif que la France apporte son influence pour consolider les « accords d’Alger » et sortir la région d’un phénomène de contagion à l’ensemble de la région sahélo-saharienne.
Cette réunion, au sommet, entre responsables des services de sécurité et de défense des deux pays, est capitale pour qu’enfin les clarifications nécessaires soient explicitées. Entre la confrontation et la mutualisation, il n’y a pas de place pour des positions ambiguës. La France doit reconnaître que les profondeurs stratégiques de notre pays sont légitimes et que la concertation et le dialogue doivent toujours être recherché, plutôt que la mise en œuvre de décisions intempestives et égoïstes qui ne tiennent compte que des intérêts de l’une des parties, ceci d’autant qu’en matière de renseignement, la coopération bilatérale a montré et démontré son efficacité. Il faut donc espérer, que cette première rencontre, de haut niveau, puisse apporter les clarifications nécessaires, pour ouvrir une autre page, dans laquelle, la mutualisation prenne le pas sur la confrontation.
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