Dr Mourad GOUMIRI.
A la faveur du conflit ukrainien et de ses implications géopolitiques et économiques et financières, une accélération exponentielle est en train de s’opérer, actuellement, dans tous continents, en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Les schémas classiques, hérités de la deuxième guerre mondiale où chaque pays entrait dans une case binaire (Otan et pacte de Varsovie) avec une intersection non-alignée, explosent dès la désintégration de l’URSS et de la chute du Mur de Berlin, privant l’Occident mais surtout des USA, d’un ennemi héréditaire. La résurrection, aux forceps, de la Russie, qui s’est « débarrassée des républiques autonomes » et sa volonté affirmée de reprendre sa place dans le concert des nations, a enfin permis un retour des complexes militaro-industriels et militaro-intellectuels, ciblant deux nouveaux (anciens) ennemis que sont la Russie et la Chine.
En effet, la « guerre entre blancs » ukrainienne, ainsi dénommée par le reste du monde et notamment les BRICS, a déclenché une onde de recomposition géopolitique, jamais imaginée par les meilleurs experts et autres centres de recherches. Certains pays, classés comme « gris », redeviennent « fréquentables » (Iran, Venezuela, l’Arabie Saoudite, l’Inde…) à l’aune de la rareté relative de la production et de l’exportation d’énergie. D’autres, considérés comme alliés (Turquie, Hongrie, Brésil, Argentine), se voient mis en demeure de s’aligner sur les décisions du « big Brother » américain, au nom de la sécurité mondiale (de qui ?). C’est donc dans cette atmosphère pestilentielle que se tient le sommet tripartite de Téhéran où russe, turc et l’iranien, vont tenter de trouver un terrain d’entente, pour préserver leurs intérêts bien compris et rendre plus lisibles les incertitudes qui pèsent sur la situation internationale. A ce sommet, les relations bilatérales vont prendre la part du lion mais pas seulement, les problèmes de la région (Mer Noire, Syrie), ceux alimentaires (céréales) et bien sûr énergétiques, seront au menu de cette rencontre, à n’en pas douter, avec la certitude de ne pas aborder les problèmes qui fâchent (le conflit ukrainien, la rébellion Kurde, le dossier du nucléaire iranien).
Les résultats de ce sommet seront, sans doute, très attendus par l’occident et notamment les USA, qui vont tester à la fois la fiabilité et la solidarité de leur allié stratégique de l’Otan, dans la région. C’est une occasion également, pour chaque pays d’afficher les « lignes rouges » à ne pas franchir pour maintenir un minimum de relations apaisées. Donc « Wait and see » !
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