La dernière intervention publique du ministre nigérian de l’énergie relative à la réalisation du gazoduc qui reliera l’Algérie et le Nigéria, via le Niger, met un terme aux campagnes de désinformation menées par le Maroc qui propose un autre gazoduc qui traverse 14 pays africains pour arriver au Nigéria.
Les fondamentaux économiques et techniques.
Le gazoduc algéro-nigérian est long de 4.000 Km et traverse trois pays (Algérie, Niger, Nigéria) mais surtout doit être relié aux gazoducs déjà réalisés, entre d’un côté la Tunisie et l’Italie et d’un autre l’Espagne, puisque celui traversant le Maroc est pour l’instant hors service. Le coût approximatif de ce gazoduc tourne autour de 10 milliards d’US$, pour un délai de réalisation de 4 à 5 ans. Pour ce qui concerne celui qui doit relier le Maroc au Nigéria sa longueur est évaluée à 10.000 Km et traversé 14 pays, pour un coût de 20 milliards d’US$ et un délai de réalisation d’au moins 10 ans, sans compter les investissements à réaliser à partir du Maroc pour acheminer le gaz (liquide ou gazeux) en Espagne ou en Europe. Selon des informations non confirmées, lors de la visite du Roi Mohamed VI aux émirats arabes-unies, ce dernier a proposé à ce pays de financer ce gazoduc, sans qu’un protocole d’accord ne soit signé et pour cause.
La géopolitique et la sécurité des approvisionnements énergétiques
Si, au niveau du principe, il y a de la place pour ces deux gazoducs, il est clair que celui passant par l’Algérie est plus beaucoup plus rentable, au niveau géopolitique et sécuritaire, une grande partie de ce gazoduc est située en terre algérienne et nigériane, seul un tronçon traverse le Niger qui aujourd’hui a fait l’objet d’un coup d’état militaire. Mais nul doute que les autorités nigériennes vont défendre ce projet, pour des raisons simples de ressources liées aux droits de passage et pour pouvoir utiliser ce gaz pour leur propre consommation. Enfin, en plus des financements algériens et nigérians, des institutions financières multinationales (BAD, BERD, BIRD…) seront très intéressées pour prendre une part du financement total ou pour partie. L’enjeu géopolitique de ce gazoduc étant la sécurité des approvisionnements de l’Europe occidentale, après la décision de l’UE de se passer, autant que possible se peut, du gaz russe. Enfin, la décision de l’Algérie de financer tout ou partie de la partie nigérienne vient compléter la couverture financière du projet. Pour ce qui concerne le gazoduc passant par le Maroc et 14 pays africains, son financement est très difficile à boucler du fait de sa rentabilité sauf à imaginer que les EAU s’engagent « politiquement » sur le projet !
Les pays européens pèseront de tout leur poids sur le projet
La guerre en Ukraine étant partie pour durer et perdurer, sans compter l’après-guerre, il est évident que l’UE va appuyer de tout son poids pour que ce projet se réalise dans les plus brefs délais, pour s’assurer un approvisionnement en gaz naturel (liquide ou gazeux) à des prix avantageux (par rapport au gaz américain et qatari) afin de soutenir leur croissance économique.
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