Selon l’agence nationale d’information libanaise ANI, l’armée libanaise a effectué un large déploiement dans la ville de Tripoli, acheminant des renforts et reprenant le contrôle sur le terrain.
Près d’une vingtaine de personnes, des manifestants et des soldats, ont été blessées dans des manifestations samedi soir, émaillées de heurts qui ont secoué la ville libanaise de Tripoli, selon les bilans fournis dimanche par l’armée et une organisation de secours.
Des dizaines de manifestants ont défilé samedi dans la grande métropole du nord libanais après une nouvelle dépréciation record de la monnaie nationale sur le marché noir. Certains contestataires ont tenté de prendre d’assaut des bâtiments publics, notamment une agence de la Banque centrale, mais l’armée s’est déployée et le calme était revenu dimanche matin, a rapporté l’agence ANI.
Une association de secours basée à Tripoli, dont les ambulances ont été dépêchées sur le terrain samedi soir, a fait état de « 18 blessés, des civils et des militaires, dont quatre qui ont dû être hospitalisés ».
De son côté, l’armée a rapporté dans un communiqué que dix soldats avaient été blessés, dont neuf lorsque « des jeunes en moto ont lancé des grenades assourdissantes en direction d’une unité de l’armée ».
Des petits rassemblements ont également été rapportés dans la capitale libanaise, Beyrouth sans débordements majeurs.
La crise économique s’aggrave davantage
Samedi, deux changeurs avaient indiqué que le dollar s’échangeait jusqu’à 17.500 livres libanaises sur le marché noir. Le taux officiel, observé depuis plus de deux décennies, est lui toujours fixé à 1.507 livres pour un dollar.
La crise s’accompagne actuellement d’une pénurie de carburant qui provoque des files interminables devant les stations essence depuis plus de deux semaines, selon des correspondants de presse sur place.
Des responsables imputent la pénurie actuelle au stockage par des commerçants d’importantes quantités de carburants, en vue de la levée par la Banque centrale des subventions profitant à certaines importations, ainsi qu’à l’essor de la contrebande vers la Syrie voisine.
Et le gouvernement a annoncé vendredi que le financement des importations de carburant, en grande partie subventionnées, se ferait selon un taux de change intermédiaire de 3.900 livres au lieu de 1.507 livres, ce qui doit se traduire de fait par une hausse imminente du prix à la pompe.
De leur côté, des propriétaires de générateurs de quartiers ont prévenu récemment leurs abonnés à travers le Liban qu’ils pourraient arrêter de leur fournir de l’électricité faute de pouvoir s’approvisionner en carburants. Si le pays souffre de pannes de courant depuis plus de trois décennies — ayant contraint les Libanais à s’abonner à des générateurs privés et à payer ainsi deux factures d’électricité –, le Liban est aujourd’hui menacé d’un vrai black-out.
Les pénuries de courant et de carburants risquent, par ailleurs, de perturber le réseau Internet dans le pays, a récemment averti le directeur général d’Ogero, le fournisseur public d’accès à Internet dans le pays.
Alors que le pays commémore le 4 août le premier anniversaire de l’explosion au port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts, un nouveau gouvernement attendu depuis des mois n’a toujours pas été formé. Il est pourtant réclamé par la communauté internationale pour mener à bien des réformes économiques cruciales, nécessaires pour débloquer toute aide internationale.
Le gouvernement de Hassan Diab, qui mène actuellement les affaires courantes, a démissionné le 10 août 2020, et ce, à six jours seulement de l’explosion de Beyrouth. Saad Hariri a été officiellement désigné pour former le gouvernement libanais en octobre dernier, mais il n’a pas été en mesure d’achever cette mission en raison des divergences politiques.
aps