Le ministre du commerce a déclaré que le secteur souffre du secteur du système de la distribution ! Ce diagnostic est évident et toutes les mesures prises pour lutter contre l’accélération des prix ont été vaines, comme celles d’importer de la viande bovine et de la céder à 1.200 DA le kilo ou celles qui consistent à multiplier les contrôles et à distribuer des sanctions pénales lourdes. A son tour cette fois c’est le ministre de l’agriculture qui annonce l’importation massive de viande rouge pour juguler l’augmentation des prix ! En son temps, Les prix de l’oignon et de la banane avaient ravi la vedette et la dérision des médias intérieurs et extérieurs, soulignant l’incapacité des pouvoirs publics à trouver des solutions durables pour réguler le marché. Pire encore, les problèmes souvent dénoncés de l’intersectorialité entre les ministères du commerce, celui de l’agriculture et les autres, chacun se rejetant la responsabilité de la situation spéculative qui prévaut, sans que l’arbitrage n’arrive à transcender les décisions intempestives de l’un et de l’autre ! Il était attendu du ministre du commerce, un plan d’action en direction de l’architecture commerciale à court, moyen et long terme, ce qu’il a appelé lui-même la cartographie commerciale qui aurait dû mettre fin définitivement à cette anarchie et à revenir sur une règle d’or dans le domaine, qui consiste à mettre en œuvre des instruments commerciales à des problèmes économiques, les mesures répressives ne devant être utilisées qu’après avoir épuisé toutes celles commerciales.
La solution est pourtant claire, pour ceux qui veulent la voir, elle consiste à reconstruire toute la chaîne logistique (les marchés de gros, de demi-gros, de détail, parisien, le froid, le transport, l’abattage, le stockage…) et l’architecture commerciale de notre économie par la professionnalisation (mandataires, marges, circuits, traçabilité, bancarisation, bourse, fiscalisation, formation, numérisation…). Ce travail énorme doit impliquer les autres ministres (l’intérieur, la justice, la santé et de l’industrie…), de manière à coordonner les actions et neutraliser les instruments de divergences et d’inertie.
En d’autres termes, le ministre aurait dû mettre un terme au bricolage ambiant, qui consiste à prendre des décisions ponctuelles et de circonstance (fêtes civiles et religieuses, saison, intempéries) et de s’attaquer au problème à la racine, c’est-à-dire, les causes réelles du dysfonctionnement que le ministre du commerce a identifié, à juste titre, en pointant du doigt le secteur de la distribution. Ce programme consiste à réaliser, de manière itérative, des infrastructures et des équipements commerciaux modernes dans chaque wilaya, en fonction de la densité de la population et de sa vocation agricole et commerciale, permettant l’internalité de l’activité commerciale, au sein de ces infrastructures. Le financement de ce programme étant rentable pour les banques qui auront à le prendre en charge, il faut donc organiser le commerce itinérant, pour chaque commune et gérer tout le système par la mixité (public et privé), en veillant à clairement définir (cahier des charge) les attributions de chaque intervenant, le secteur public pour le contrôle, les aspects sanitaires, les marges et la traçabilité et le secteur privé pour l’activité commerciale proprement dite. L’implication des collectivités locales (les communes et les directions de wilayas) dans le processus, est indispensable pour la bonne marche de l’opération, de manière à déterminer les assiettes de terrain devant servir à accueillir les emplacements, à recouvrir les taxes locales, à veiller à l’hygiène et à proscrire le commerce informel, au fur et à mesure de la réalisation des infrastructures légales.
Les autres actions évoquées par le ministre ne sont que secondaires car accompagnatrices de la construction de l’architecture commerciale. La définition des droits et obligations de l’activité commerciale est d’une nécessité impérative même si elle se heurtera aux résistances objectives, de plusieurs années de laxisme à tous les niveaux, avantageant le marché informel qui va induire des manques à gagner exponentiels pour le budget de l’état (la Directrice Générale des Impôts a annoncé le chiffre de 2.600 milliards de DA) et une énorme saignée pour le consommateur qui va se retrouve entre le « marteau et l’enclume ».
L’économie libérale (laisser faire, laisser aller), de par le monde, est celle la plus normative et les règles de la concurrence sont scrutées, dans tous les pays, avec une énorme attention, pour ne pas permettre la création de monopoles (La loi d’Amato aux USA). Or, il se trouve que notre pays a troqué le monopole public qui sévissait, aux monopoles privés, sans avoir, au préalable, défini « les règles du jeu », ce qui a permis aux monopoles privés de les définir eux-mêmes, à son unique profit mais au détriment du consommateur final. Considérer que la seule variable d’ajustement est l’importation est une erreur stratégique fatale, à moyen et long terme. Cette variable ne peut que reporter le problème à plus tard mais jamais le résoudre durablement. MG
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