Avec la profonde conviction que le rire est un moyen efficace d’éducation à la citoyenneté en toutes circonstances, il aura mené une carrière dédiée à l’éveil des consciences. Djaffar Beck aura marqué la mémoire collective des Algériens par des œuvres éternelles.
Avec son art et ses convictions, il aura été de tous les combats pour une Algérie libre, qui célèbre cette année les 60 ans du recouvrement de son indépendance, en tant que jeune Scout musulman, infirmier dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) puis membre de la troupe artistique du FLN.
Avec cette troupe, fondée en 1957, à l’appel du FLN, et dirigée par Mustapha Kateb, Djaffar Beck incarne des rôles dans des pièces de théâtre comme « Les enfants de Novembre » et « El Khalidoun » conçues pour appuyer le combat libérateur et faire connaître la cause nationale lors des tournées de la troupe en Asie, en Europe de l’Est et dans le monde arabe.
Natif de la Casbah d’Alger en 1927, Djaffar Beck, Abdelkader Cherrouk de son vrai nom, qui a grandi dans un milieu artistique dans la maison de la célèbre chanteuse hawzi Meriem Fekkai, a entamé sa carrière artistique au début des années 1950. Il est également considéré comme l’un des pionniers du sketch et de la chanson humoristique en Algérie avec le célèbre Rachid Ksentini.
Au lendemain de l’indépendance, Djaffar Beck va rejoindre tout naturellement la radio nationale, un 28 octobre 1962, pour grossir les rangs des artisans du recouvrement de la souveraineté sur la Radio et la Télévision, et y mener un énième combat d’édification quelques mois à peine après avoir transvasé l’euphorie de juillet en chansons dont il avait le secret comme « Eddinaha », en référence à l’indépendance arrachée.
Il continue, en 1963, de célébrer l’indépendance si chèrement recouvrée, à la télévision nationale dans « La finale », une opérette satyrique sur la France coloniale réalisée par Mohamed Slim Riad, où il incarne le combat libérateur.
Dans sa carrière, il a été souvent accompagné de comédiens comme Sidali Fernandel, Ali Abdoune, Sissani ou encore Cheikh Noureddine, en plus d’avoir longtemps collaboré avec l’orchestre de « La rose blanche » dirigé par le violoniste Mustapha Sahnoun, un compagnon de route qui voyait en lui « ce qu’était Louis de Funès pour l’humour français ».
Les éternels sketchs et chansons humoristiques de Djaffar Beck auront également accompagné la société algérienne dans ses évolutions et dans son quotidien, à l’instar de « Alif El Ba Et Ta », « El Biroukratiya » ou encore la célèbre « Ana Mellit ». Il a également donné la réplique a de grands noms du cinéma et de la télévision dont Fatiha Berber, Farida Saboundji, ou encore Hassan El Hassani.
Souvent dirigé par des réalisateurs comme Mustapha Badie, Mohamed Slim Riad et Djamel Bendeddouche, Djaffar Beck a également conçu et présenté plusieurs émissions à la radio et à la télévision comme « El Bachacha » (la gaîté), une émission au contenu exclusivement pédagogique, « Face à la caméra » ou encore « Inspecteur Homes ».
Attaché à l’identité nationale et très ouvert sur la production artistique mondiale, il aura été selon le chanteur Hamidou, un « précurseur qui a beaucoup appris aux jeunes, particulièrement sur le plan musical, et qui a introduit le Rock’n’roll et le jazz dans les foyers algériens ».
Après une longue carrière des plus prolifiques, et une perpétuelle réinvention de son art, Djaffar Beck s’est éteint le 31 janvier 2017.
APS.
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