Depuis son entrée en fonction en 2017, le président français Emmanuel Macron a fait de l’Afrique un élément clé de sa politique étrangère. L’ancien stagiaire de l’ambassade de France au Nigeria a particulièrement mis le cap vers des pays considérés comme hors de la zone d’influence habituelle de la France. Après l’Afrique de l’Est, le Nigeria et le Rwanda, la veille, le président français est ce vendredi en Afrique du Sud pour un voyage centré autour de la lutte contre le Covid-19 et la crise économique engendrée par la pandémie.
Ce déplacement, prévu il y a plus d’un an, avait dû être repoussé en raison de la pandémie. Le pays est officiellement le plus touché d’Afrique, avec plus de 1,6 million de cas et plus de 56 000 morts. Mais le président français a tenu à concrétiser cette visite car l’Afrique du Sud « est un partenaire majeur sur le continent, membre du G20, régulièrement invitée du G7, essentielle dans l’approche sur le multilatéralisme », a précisé l’Élysée avant le voyage, quinze jours à peine après le sommet de Paris censé aider l’Afrique à dégager de nouvelles pistes de financement.
Alors que la France ne cesse de perdre des parts de marché sur le continent, au profit de la Chine et d’autres acteurs, l’Afrique du Sud reste son premier partenaire commercial en Afrique subsaharienne. Selon le ministère des Affaires étrangères français, la nation arc-en-ciel accueille près de 8 000 ressortissants, ainsi que 370 entreprises, qui emploient 37 000 personnes pour un chiffre d’affaires de plus de 8 milliards d’euros. Du côté de la présidence sud-africaine, on précise que lors de la Conférence sur l’investissement en Afrique du Sud de 2019, les entreprises françaises se sont engagées à investir 20 milliards de rands en Afrique du Sud. Et le pays a grandement besoin de ces investissements. À l’image du reste du monde, l’économie sud-africaine a été très affectée par la pandémie du coronavirus.
Emmanuel Macron devait être accueilli en milieu de journée dans la capitale Pretoria par son homologue Cyril Ramaphosa, qu’il a rencontré il y a deux semaines à Paris dans le cadre d’un sommet de soutien aux économies africaines. Les deux chefs d’État ont échangé à plusieurs reprises sur la question brûlante de l’accès aux vaccins contre le Covid-19.
L’Afrique du Sud n’a pour l’instant vacciné qu’1 % de sa population de 59 millions et sa campagne d’immunisation des personnes âgées n’a démarré que la semaine dernière. Surtout, l’Afrique du Sud mène avec l’Inde campagne pour un renoncement aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le Covid-19, afin que chaque pays puisse produire des doses. Les deux pays ont précisé, plus tôt cette semaine, les modalités de levée temporaire des brevets. Cette suspension temporaire ne concernerait que les produits destinés à combattre le Covid-19 (vaccins, équipements médicaux, thérapies, vêtements de protection…). Elle serait valable 3 années à partir de l’adoption de ce texte au sein de l’Organisation mondiale du commerce.
Emmanuel Macron avait toutefois affirmé début mai que la priorité était plutôt le transfert de technologie pour installer des sites de production dans les pays pauvres. Cette industrie « est très concentrée aux États-Unis, en Europe, en Asie et un petit peu en Amérique latine. L’Afrique aujourd’hui produit très peu de produits de lutte contre le Covid et notoirement aucun vaccin à ce jour », souligne la présidence française.
Lever les brevets « sera une réponse, mais seulement quand on aura produit suffisamment de vaccins et que ce ne sera qu’une question de coût », avait ajouté le chef de l’État français. Avant le déplacement, Paris a souligné que Pretoria était « un des partenaires importants » depuis le début de la crise sanitaire, notamment pour la mise en place d’Act-A, une initiative visant à développer des vaccins, des médicaments et des moyens de diagnostic et à renforcer les systèmes de santé dans le monde entier.
Après un entretien, les deux hommes se rendront dans l’après-midi à l’université de Pretoria pour le lancement d’un programme d’appui à la production de vaccins pour l’Afrique, soutenu par l’Union européenne, les États-Unis et la Banque mondiale.
Ensuite, les deux présidents devraient aussi discuter des enjeux climatiques et économiques, alors que la France ambitionne d’être plus présente sur le marché sud-africain, en particulier dans le domaine de la transition écologique. La question sécuritaire dans le nord du Mozambique, en proie depuis plus de trois ans à des attaques djihadistes, devrait être également abordée. Le géant français de l’énergie Total a suspendu le mois dernier les travaux d’un projet gazier massif de 20 milliards de dollars dans la province de Cabo Delgado après que des djihadistes ont attaqué la ville voisine de Palma.
Samedi matin, Emmanuel Macron rencontrera la communauté française, comme il le fait habituellement dans les voyages à l’étranger. Il évoquera sans doute la décision de la France de soumettre à une quarantaine de dix jours toute personne arrivant d’Afrique du Sud, « ce qui pose des difficultés à nos compatriotes » dans ce pays, a reconnu l’Élysée. Cette mesure sera d’ailleurs appliquée à tous les membres de la délégation, à l’exception du président.
Avant de décoller vers la France, Emmanuel Macron fera la visite quasiment incontournable de la Fondation Nelson Mandela, du nom du premier président noir sud-africain, dont les principales missions sont aujourd’hui la lutte contre le sida et l’éducation en milieu rural.
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