La coulée de lave descendue des flancs du volcan Nyiragongo, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est immobilisée dimanche dans les faubourgs de Goma, épargnant de justesse la ville où les habitants rentraient progressivement chez eux, inquiets notamment des nombreuses secousses sismiques.
Après avoir fui par milliers l’éruption dans la nuit, « la majorité des gens sont rentrés ou sont en train de rentrer chez eux », gardant un oeil prudent sur l’imposante montagne dominant la ville, a raconté un habitant.
« Mais il reste les sinistrés qui n’ont plus de maisons. Ils ont tout perdu, ils restent là, par familles, coincés devant les boutiques le long des routes, ils sont très nombreux, des centaines de personnes… », selon ce témoin.
L’immense coulée de lave a cessé sa progression dans le courant de la nuit dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite nord-est de Goma.
« La ville a été épargnée », a déclaré dans la matinée le gouverneur militaire de la province, le général Constant Ndima.
Des fumées et des émanations aux odeurs de soufre se dégagent du front de lave rocheux noirâtre. De nombreuses habitations ont été englouties par la lave, large de plusieurs centaines de mètres, semblable à un énorme chewing-gum de réglisse avalant tout sur son passage.
Des malheureux dont les maisons étaient partiellement noyées sous la lave, tentaient de récupérer casseroles et maigres biens, arrosant avec une simple bassine d’eau la roche brûlante enserrant les parcelles.
Des amas de tôles tordues par la fournaise s’entassent ici et là sur la roche encore fumante, s’étendant à perte de vue. La lave s’est arrêtée à quelques encablures de l’aéroport de Goma.
« Ce matin nous avons vu que tout le quartier est parti en fumée, le feu est descendu jusqu’ici », a témoigné sur place une habitante, Irene Bauma.
« Il y a des gens qui ont perdu des biens, peut-être il y a aussi des morts, on ne sait pas », a confié le propriétaire d’un commerce épargné, Kambere Ombeni, appelant le gouvernement à « venir en aide aux rescapés ». Le bilan provisoire fait état de 13 tués qui fuyaient l’éruption, « neuf dans un accident de la circulation et quatre à la prison centrale de Munzenze d’où ils voulaient s’évader », selon un porte-parole militaire local, le major Guillaume Njike Kaiko.
L’ampleur des destructions n’est pas encore connue, mais un responsable administratif local, ayant requis l’anonymat, évoquait des centaines d’habitations englouties.
Quatre villages ont été « directement affectées » et « détruits » par les coulées, a indiqué un responsable local de l’ONU, Diego Zorilla, promettant un appui au gouvernement et une aide humanitaire aux sinistrés.
Au fil de la journée, les rues de Goma ont retrouvé leur animation habituelle, la population gardant un oeil sur le volcan. Toute la journée de dimanche, des tremblements de terre ont secoué la ville à intervalles réguliers, se multipliant à un rythme inquiétant en début d’après-midi, presque toutes les dix minutes.
« Cela créé la psychose dans les populations, ce sont de grosses secousses, même les maisons en dur bougent », a raconté un témoin. L’éruption samedi soir sur un flanc du volcan Nyiragongo a pris tout le monde de court, y compris les autorités, forcées d’ordonner l’évacuation de la ville. Des dizaines de milliers de personnes ont fui vers le poste-frontière avec le Rwanda, tout proche, au sud de Goma, ou vers le Sud-Ouest, en direction de la région du Masisi.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo, le 17 janvier 2002, avait fait une centaine de morts. L’éruption de ce samedi ressemble à bien des égards au scénario d’il y 19 ans.
« La coulée actuelle (sur Goma) est en train de se dessiner au dessus de la coulée de 2002 », a observé un responsable de l’Observatoire de volcanologie de Goma, Adalbert Muhindo.
Samedi soir, deux coulées de lave sont descendues, l’une vers l’est, dans des zones habitées mais non urbaines, vers la frontière toute proche avec le Rwanda, et l’autre vers le sud, pour atteindre la limite de Goma dans la nuit.
« Des séismes se font encore sentir sur la sortie de la coulée de Goma. Il faut donc rester vigilant », a mis en garde M. Muhindo.
Selon une source onusienne, citant un volcanologue, l’éruption de ce week-end « est exactement la même que celle de 2002 »: « aucun signe avant-coureur, seule la lave dans le cratère s’est vidée ». La principale route de la région, reliant Goma à Rutshuru et au Nord de la province, a été coupée par la lave sur plus de 500 mètres.
L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui gère le parc national des Virunga, où est situé le volcan, a par ailleurs annoncé que des « touristes présents hier au cratère sont sains et saufs ». Les rares gorilles de montagne, dont les Virunga sont un sanctuaire, « ne sont pas menacés ».
La région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres. L’éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.
Le Nyiragongo n’était plus surveillé depuis sept mois, faute definancements et budget du gouvernement pour soutenir l’Observatoire de volcanologie locale, selon le directeur de cet organisme.
afp
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