En cette fin d’été, les Espagnols profitent des terrasses avant un hiver qui rimera dans leur pays aussi, avec économies d’énergie. Leur gouvernement a adopté des mesures qui prévoient que les bars, magasins et bureaux limitent la température de la climatisation à 27°C minimum et le chauffage, à 19°C maximum et qu’ils veillent à fermer leurs portes pour une meilleure efficacité énergétique.
Des pertes financières énormes pour les commerces
Rien qu’à Madrid, ces mesures devraient faire perdre plus de 500 millions d’euros aux propriétaires de bars. « Nous allons devoir faire face à l’automne et à l’hiver avec une température maximale à l’intérieur de 19°C, » souligne Juan José Blardony, directeur général de l’organisation professionnelle Hosteleria Madrid. « Cela peut effectivement entraîner une baisse de la consommation de la part de nos clients d’environ 3 %, » estime-t-il.
Les mesures prévoient aussi l’obligation d’éteindre les lumières des vitrines la nuit et des bâtiments publics quand elles ne sont pas utilisées.
Par ailleurs, pour encourager l’utilisation des transports publics, les trajets en trains de banlieue et sur certaines lignes ferroviaires régionales sont gratuits jusqu’au 31 décembre prochain.
Quid des chauffages en extérieur ?
Les mesures d’économie d’énergie imposent de fortes restrictions à l’intérieur des bars, mais certains se demandent ce qu’il adviendra des terrasses. Avec la pandémie de Covid-19, les Espagnols ont pris l’habitude de rester à l’extérieur, même en hiver.
À Madrid, par exemple, 3 000 terrasses sont munies d’un chauffage. Le conseil municipal prévoit d’interdire les chauffages au gaz, mais pas les radiateurs électriques. Cela n’empêchera pas les cafés en plein air de continuer à consommer environ 78 000 kWh par jour pour se chauffer.
« Cela n’a aucun sens de demander aux supermarchés de mettre des portes sur leurs présentoirs de produits laitiers et en même temps, d’autoriser les terrasses à chauffer l’air extérieur avec des radiateurs, » affirme Javier Pamos, représentant de la Fundación Renovables. « Il nous faut un décret – un moyen d’action rapide – pour stopper cela avant l’hiver, » renchérit-il.
« Ce n’est qu’un début »
Avec ces mesures, l’Espagne espère atteindre l’objectif d’économies d’énergies de 7 % recommandé par l’Union européenne, au moins pendant quelques mois.
Mais malgré le plafonnement du prix du gaz, celui de l’électricité ne cesse d’augmenter dans le pays. Elle est désormais trois fois plus chère qu’il y a un an.
Joan Groizard, directeur général de l’Institut espagnol pour la diversification et les économies d’énergie au ministère de la Transition écologique affirme que « pour nous, il s’agit d’un premier paquet de mesures, c’est un début, » indique-t-il.
« Ces mesures ne nécessitent aucun effort particulier, ne suscitent aucun regret, n’entraînent guère d’investissements et sont faciles à mettre en œuvre, » assure-t-il.
« Nous sommes actuellement dans un processus avec les régions autonomes, les acteurs industriels et les partis politiques pour recueillir les propositions de tous et élaborer un plan d’urgence plus vaste qui intégrera des mesures supplémentaires, » précise ce membre du ministère espagnol de la Transition écologique.
Cette situation a obligé l’Espagne à réaliser des investissements importants dans des centrales de regazéification et des infrastructures pour pouvoir être davantage autosuffisante. Mais, jusqu’à quand ?
AFP
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