Le parti au pouvoir en Éthiopie a remporté une majorité écrasante lors des récentes élections parlementaires, selon les résultats annoncés samedi 10 juillet. Cette victoire ouvre de facto la voie à un nouveau mandat pour le Premier ministre Abiy Ahmed, qui s’est félicité d’un scrutin « historique ». Le 21 juin, il s’est présenté pour la première fois devant les électeurs depuis sa nomination en 2018. Mais ces élections, loin d’avoir été un moment décisif pour la démocratie éthiopienne, restent entachées par la guerre au Tigré et ses conséquences humanitaires. Et maintenant ? Que faut-il retenir de ce scrutin test ?
« Ces élections seront considérées comme historiques », a affiché, samedi soir, Abiy Ahmed dans un communiqué publié sur Twitter. Le Premier ministre, 44 ans, a ajouté que son Parti de la prospérité (PP) était « heureux d’avoir été choisi par la volonté du peuple pour administrer le pays ». Lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, il souhaitait obtenir l’onction populaire qui lui faisait défaut pour mener les réformes politiques et économiques en cours, mais aussi les opérations militaires comme celle qui dure depuis huit mois au Tigré (Nord), où les massacres et le spectre grandissant de la famine ont terni son image réformatrice.
Selon des résultats annoncés samedi soir par la commission électorale au terme de plus de cinq heures de cérémonie officielle devant un parterre d’invités, le PP a obtenu plus de 400 des 436 sièges pour lesquels le vote a eu lieu. Cependant, des documents transmis par la commission et qui prêtaient à confusion ont ensuite précisé qu’il faudra procéder à un nouveau vote pour 10 circonscriptions et à un recomptage pour 3 d’entre elles.
Avec ces élections, Abiy Ahmed entendait trancher avec les précédents scrutins, marqués par la répression et par des scores soviétiques. En 2010 et 2015, la coalition alors au pouvoir et ses alliés avaient ainsi raflé tous les sièges. En 2005, un scrutin plus ouvert avait permis à l’opposition de progresser, mais la contestation des résultats avait conduit à une sanglante répression contre les manifestants.
Cette fois, le vote a été reporté deux fois – en raison de la pandémie de coronavirus, puis pour accorder plus de temps à la commission électorale, confrontée à des défis logistiques.
Malgré ce délai, le vote n’a pas eu lieu dans environ un cinquième des 547 circonscriptions du pays, en raison de ces problèmes logistiques ou des violences à caractère ethnique. La majorité des circonscriptions manquantes doivent voter le 6 septembre.
Mais aucune date n’a été fixée pour le Tigré, où l’opération de « maintien de l’ordre » lancée par le Premier ministre en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes a dégénéré en un conflit dévastateur. Face à une contre-offensive des rebelles, le gouvernement y a cependant déclaré un cessez-le-feu fin juin. Dans certaines régions, qui pourtant votaient, la campagne électorale a été presque invisible, étouffée par un environnement hostile.
En région Oromia, la plus peuplée du pays et où Abiy Ahmed est né, d’importants partis d’opposition comme le Congrès fédéraliste oromo (OFC) et le Front de libération oromo (OLF) ont boycotté le scrutin, dénonçant l’arrestation de certains de leurs candidats ou la mise à sac de leurs bureaux.
La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC), un organisme indépendant mais rattaché au gouvernement, a estimé dans un rapport préliminaire qu’il n’y avait pas eu de « violations massives, généralisées et systématiques » des droits lors des élections.
Mais elle a relevé dans certaines circonscriptions des « arrestations inappropriées », des intimidations et des « harcèlements » d’observateurs et de journalistes, avant et après le vote. En région Oromia, l’EHRC a également constaté « plusieurs meurtres » dans « les jours précédant le vote ».
Le Mouvement national pour l’Amhara, un parti d’opposition, a déposé plusieurs plaintes auprès de la commission électorale. « Beaucoup de nos observateurs ont été frappés et chassés par des milices du parti au pouvoir », a déclaré à l’AFP Dessalegn Chanie, un membre du parti.
Pour Addisu Lashitew, analyste à la Brookings Institution à Washington, une représentation même faible de l’opposition au Parlement constituerait un progrès, qui pourrait diminuer les risques d’instabilité. « Les gens, notamment la jeunesse, ont besoin d’être entendus, donc ils devraient avoir voix au chapitre dans le processus politique », même si leur influence effective reste faible, dit-il.
Des opposants impliqués dans le jeu politique sont moins susceptibles de se « radicaliser » ou d’encourager un mouvement de manifestations de grande ampleur, a souligné cet expert.
Le Point Afrique (avec afp)
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