Le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique a voté ce 21 juin pour des élections générales. Les électeurs éthiopiens devaient voter deux fois pour choisir leurs représentants au niveau national et pour l’administration régionale. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il y avait foule dans les bureaux de vote, alors que les observateurs nationaux et internationaux prévoyaient une abstention record. La commission électorale avait tout prévu jusqu’à déclarer ce jour de vote férié pour tous. Conséquence : alors qu’il était initialement prévu que les bureaux de vote ferment à 18 heures heure locale, ils ont finalement clos à 21 heures, les autorités ayant annoncé une prolongation de dernière minute face à l’affluence observée en certains lieux. Les premiers résultats d’ensemble ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
Bien que ce double scrutin législatif et régional n’ait pas pu se tenir sur tout le territoire du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, il constitue le premier test électoral pour le Premier ministre Abiy Ahmed, désigné en 2018. Il avait alors promis d’incarner un renouveau démocratique, rompant ainsi avec ses prédécesseurs.
Ces élections interviennent alors que le Prix Nobel de la paix 2019 voit son aura estompée par l’explosion des violences politico-ethniques à travers le pays et le conflit qu’il a déclenché au Tigré, dans le nord de la très vaste Éthiopie. Cette opération militaire dure depuis sept mois et a plongé la région dans la famine. Elle a été déclenchée à la suite du report à deux reprises justement des élections générales, d’abord prévues en mai 2020 puis en août de la même année, avant d’être fixées à ce mois de juin à cause de la pandémie de Covid-19 puis de difficultés logistiques et sécuritaires.
Il faut dire que sa méthode tranche avec celle de ses prédécesseurs. Lors des dernières élections de 2015, non seulement la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) au pouvoir avait raflé 100 % des sièges mais c’était tout un système qui était apparu au grand jour. Le résultat sans appel n’a fait que confirmer les critiques sur la nature autoritaire du régime de l’époque tombé trois ans plus tard.
Mieux implanté, le Parti de la prospérité fondé par Abiy Ahmed reste toutefois le grand favori pour remporter une majorité. En Éthiopie, les députés élisent le Premier ministre, qui dirige le gouvernement. « La volonté du peuple éthiopien sera garantie », a déclaré le Premier ministre depuis sa ville de Beshesha, où il a voté. Cela permettra de « garantir l’aspiration de l’Éthiopie en tant que nation souveraine » et de « faire échec aux intentions néfastes de ceux qui nous veulent du mal », a-t-il ajouté.
Dès le petit matin, les files d’attente devant les bureaux de vote étaient fournies dans la capitale Addis-Abeba comme à Bahir Dar, ville principale de la région Amhara dans le Nord-Ouest, témoigne l’AFP. Les électeurs ont parfois dû patienter plusieurs heures pour pouvoir voter.
Habitants et responsables politiques interrogés par l’AFP ont salué un scrutin plus ouvert que les précédents, où la vie politique était sous la coupe d’une coalition au pouvoir depuis 1991. « Je vote parce que je veux voir mon pays se transformer. Cette élection est différente. On peut choisir entre différents partis politiques. Dans le passé, il n’y en avait qu’un », explique Milyon Gebregziabher, 45 ans, employé dans une agence de voyages à Addis-Abeba.
« Peu importe qui gagne, on veut la paix », ajoute Mirkuz Gashaw, jeune habitant de Bahir Dar.
Principal candidat de l’opposition, Berhanu Nega a dit espérer que « ce ne sera pas une élection du passé, que ce sera une élection qui détermine l’avenir, que ce pays emprunte une trajectoire totalement nouvelle ». Il en veut pour preuve le fait qu’Internet, réseaux sociaux et télécommunications ont fonctionné normalement en cette journée sensible, rompant avec les habitudes des autorités qui n’hésitent pas à opérer des coupures pour prévenir toute violence ou déstabilisation.
Dans ce pays régulièrement en proie aux violences politico-ethniques, la journée s’est déroulée globalement dans le calme. La commission électorale a cependant rapporté des incidents, notamment des actes « d’intimidation de représentants de partis », dans les régions de l’Amhara, du SNNPR (Sud) et de l’Afar.
Une mission d’observation de la société civile a indiqué avoir reçu 118 signalements, « dont 93 ont été vérifiés », essentiellement dans les régions de l’Amhara et du SNNPR. Ezema, le parti de M. Berhanu, a affirmé avoir rapporté 207 incidents, allant de soupçons de manipulation d’urnes à des observateurs empêchés d’accéder à certains bureaux de vote.
Quelque 38 millions d’électeurs étaient inscrits, mais tous n’ont pas voté lundi : le scrutin a été reporté au 6 septembre dans un cinquième des 547 circonscriptions en raison des violences et insurrections armées dans certaines ou pour des problèmes logistiques dans d’autres.
Aucune date n’a été fixée pour les 38 circonscriptions du Tigré, où l’opération militaire lancée par le gouvernement en novembre a dégénéré en un conflit dévastateur, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les civils (massacres, viols…).
La haute-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme Michelle Bachelet a rappelé lundi les « graves violations » des droits humains dans cette région, où la situation humanitaire est « terrible ». Selon l’ONU, plus de 350 000 personnes y sont en situation de famine, ce que conteste le gouvernement éthiopien.
L’issue des élections sera scrutée de près par les pays occidentaux, dont les États-Unis qui avaient exprimé leur inquiétude de voir un si grand nombre d’électeurs exclus du processus. Les États-Unis ont imposé des sanctions en suspendant une partie de l’aide habituelle et font pression sur le FMI. Quant aux voisins directs de l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan en tête, ils devraient également avoir un œil sur les résultats. Ces deux pays s’opposent au « grand barrage de la renaissance », titanesque projet hydroélectrique sur le Nil bleu qui menace, selon eux, leur approvisionnement en eau.
Le Point Afrique
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