En 1969 l’Algérie avait organisé la premier Panaf comme un espace de dialogue, de confrontation et de découverte des diversités culturelles africaines, motivée par la reconquête de la culture et de l’identité africaine authentique qui devait s’extirper de la nuit coloniale et par l’exploitation de cette richesse pour soutenir les luttes pour la libération, l’unité continentale et le développement économique et social de l’Afrique.
La simple redécouverte et récupération n’étant pas suffisantes pour l’utilisation dynamique et effective des composants de la culture dans la vie des peuples africains et dans le processus de développement du continent, le premier panaf a été organisé dans le but de réunir les pays africain autour d’un symposium visant, au-delà de la libération culturelle et intellectuelle du continent, au renforcement et l’intensification des activités culturelles en Afrique.
Cette grande réunion a abouti en premier lieu sur la nécessité de créer des institutions et des festivals continentaux dont la mission est de protéger, financer et promouvoir le produit culturel africain, à l’image de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) et du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
En plus du côté artistique assuré par de grand noms de la musique africaine et mondiale tels que Miriam Makeba, Nina Simone ou Abbey Lincoln, le symposium présidé par le défunt ministre de l’Information Mohamed-Seddik Benyahia allait inscrire l’été 1969 comme une date capitale dans le développement du continent.
Plusieurs pistes avaient été proposées à l’époque, comme la création d’une encyclopédie et d’un corpus des arts dédié au continent et la création d’institut panafricain pour le cinéma et la littérature. Les participants au symposium avaient jugé essentielle la contribution au projet de l’histoire générale de l’Afrique entreprise par l’Unesco et la récupération des archives et objets pillés par les colonisateurs, une question encore d’actualité plus de 50 ans plus tard.
Le Panaf du renouveau africain
Quarante ans plus tard, 8.000 jeunes représentants 51 pays africains, se sont retrouvés à Alger pour faire étalage de la culture et du patrimoine du continent noir en participant au programme d’activités riche et varié couvrant littérature, arts visuels, musique, chorégraphie, théâtre, cinéma et patrimoine, prouvant une seconde fois l’attachement de la jeunesse à sa culture, mais aussi la fidélité de l’Algérie à ses luttes, à ses principes fondateurs et à son identité africaine.
Le programme de ce second Panaf, placé sous le signe du « renouveau africain », et attendue par tout le continent, devait tenir ses promesses pour marquer le renouveau du continent mais aussi le retour de l’Algérie sur la scène internationale, renvoyant l’image d’un pays où règnent la paix.
Alger transformée en grande scène pour deux semaines a accueilli la diva algérienne Warda El Djazairia, la Capverdienne Cesaria Evora, la Malienne Oumou Sangaré, le Guinéen Mory Kanté ou encore le Sénégalais Youssou N’Dour.
Plusieurs expositions dédiées à l’artisanat et à l’art contemporain africain ont également investies les musées et les espaces publics en plus de l’exposition au musée du Bardo à Alger de Lucy, fossile humain datant d’environ 3,2 millions d’années, découvert en Ethiopie en 1974.
Par ailleurs, plusieurs colloques ont été organisés en marge du Panaf, chapeautés par un comité scientifique issu du Cnrpah (Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques), sur l’entreprise coloniale, les luttes de libération en Afrique, les littérature africaines et les mythes anciens, la préservation du patrimoine poétique et musicale ou les découvertes anthropologiques récentes érigeant l’Afrique en berceau de l’humanité.
En plus d’une programmation musicale dense animée par les plus grandes figures du continent, l’Algérie avait entamé une nouvelle stratégie de mise en valeur et de préservation du patrimoine culturel immatériel du continent qui se traduira par plusieurs projets continentaux abrités et financés par l’Algérie pour créer des vitrines et des espaces de travail communs.
aps