L’Algérie a mis en place plusieurs moyens alternatifs pour faire face au stress hydrique, en recourant notamment au dessalement de l’eau de mer. Mais, selon des experts, plus de 40% de cette précieuse ressource sont gaspillés.
L’équation complexe du dessalement de l’eau de mer, le gaspillage de l’eau, la réutilisation des eaux usées, la production de l’hydrogène et du dessalement solaire (thermique et photovoltaïque) pour lutter contre le stress hydrique et l’impact du bloom algal (efflorescence algale) sur les stations de dessalement sont, entre autres, les sujets qu’ont abordés des experts et chercheurs nationaux et internationaux lors d’une rencontre bilatérale qui a débuté hier à Alger et qui s’étalera sur trois jours.
Organisée par l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet) dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur en partenariat avec l’African membrane society (Amsic) et la chaire Unesco-Simev de l’université de Montpellier, cette rencontre thématique a pour thème «Les technologies émergentes de séparation pour le traitement de l’eau et de l’air». Hier au premier jour, tous les intervenants ont rappelé le contexte actuel marqué par un déficit pluviométrique important et dont l’incidence sur le taux de remplissage des barrages et la reconstitution des eaux souterraines est indéniable.
La raréfaction des ressources en eau nécessite, selon eux, l’adoption de mesures préventives à grandes échelles et le lancement de projets adaptés aux zones rurales et aux petites communautés. L’Algérie a mis en place plusieurs moyens alternatifs, expliquent les experts, pour pallier cette vulnérabilité, en misant sur l’exploitation notamment des eaux non conventionnelles.
«Aujourd’hui, en présence des chercheurs de renom, nous allons débattre de toutes ces questions, notamment celles liées aux techniques de dessalement de l’eau de mer, faire des propositions et sortir avec des recommandations qui seront soumises au gouvernement», note Tassali Djilali, directeur de l’innovation et du développement technologique au niveau de la direction générale de la recherche au ministère de l’Enseignement supérieur.
Il qualifie cet événement d’important pour encourager la recherche appliquée dans le domaine du dessalement de l’eau de mer et pour trouver des solutions pratiques à des problématiques qui touchent l’Algérie dans le domaine de la sécheresse. Pour Nadjib Driouche, ce rendez-vous vise la dynamisation de la recherche et le développement dans le secteur du dessalement et dans la réutilisation des eaux usées d’autant que l’Algérie va faire appel de plus en plus au dessalement. L’Algérie dispose actuellement d’une capacité de production de 2,1 million de mètres cubes par jour.
Plus de 40% d’eau potable gaspillée
«Nous venons de lancer cinq nouveaux projets de stations de dessalement et nous avons besoin, à cet effet, de renforcer nos capacités», explique M. Driouche. Ces nouvelles stations, qui se trouvent sur le littoral, notamment au niveau de Béjaïa, El Tarf, Oran, Douaouda et Cap Djenat, seront, contrairement aux premières, construites et gérées par des sociétés algériennes.
«Pour les anciennes stations, les étrangers se sont associés aux Algériens et géraient de fait ces stations. Aujourd’hui, c’est un autre schéma. Des personnes ont été formées pour ce nouveau schéma, mais nous avons besoin de l’expérience des autres pour s’appliquer. Les nouvelles stations sont prévues fin 2024/2025», révèle M. Driouche. Tous les intervenants s’accordent à dire que le dessalement de l’eau de mer est un procédé très complexe.
«Cette technologie est consommatrice d’énergie. Il faut donc connaître l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les pompes et trouver des solutions pour minimiser la quantité d’énergie consommée, et ce, à travers notamment de l’introduction du système des énergies renouvelables», glisse M. Tassali, précisant que «c’est aux chercheurs et aux experts de choisir les meilleures formules pour l’utilisation et la rationalisation de ces stations de dessalement ainsi que l’accompagnement des entreprises qui travaillent dans le domaine du dessalement».
Maxime Pontie, de l’université d’Anger (France), affirme que 17% de l’eau potable provient de la mer. En plus de la solution du dessalement de l’eau de mer, les experts préconisent, pour faire face au manque d’eau, la réutilisation des eaux usées. «Il y a des quantités énormes d’eau qui passent vers les steppes et qui sont directement rejetées dans les oueds. Ces quantités sont très importantes et nécessitent un traitement tertiaire pour pouvoir les utiliser dans certains domaines, notamment l’agriculture», plaident les experts.
L’autre point soulevé porte sur le gaspillage direct ou indirect de l’eau. «L’eau coûte chère : 50 à 80 DA le mètre cube. Et en parallèle, nous gaspillons plus de 40% de cette eau, et ce, entre les fuites via la tuyauterie vétuste et le vol. Il faut donc trouver une solution à ce phénomène et arrêter le gaspillage de cette précieuse ressource», insiste M. Tassali, pour lequel, «une campagne de sensibilisation s’impose».
Source: El Watan.
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