« Nos deux pays ont besoin l’un de l’autre et notre concertation demeure essentielle sur des questions d’intérêt commun », a déclaré M. Le Drian à la presse, au terme de l’audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.
« Je suis venu à Alger pour marquer la solidité des liens d’amitié entre nos deux pays. Pour la France, l’Algérie est un partenaire de premier plan en raison des liens humains multiples qui nous unissent par delà la Méditerranée », a-t-il dit, ajoutant que « notre relation est riche et multiple, notamment en matière d’échanges humains, éducatifs, scientifiques, la coopération économique et les enjeux sécuritaires ainsi que les questions régionales ».
Rappelant qu’il effectue sa troisième visite en Algérie cette année, le chef de la diplomatie française s’est dit « heureux » de constater que la relation bilatérale connaît « un nouvel élan ».
Il a ainsi fait observer que le président français Emmanuel Macron avait engagé dès 2017 « une démarche de lucidité sur l’Histoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie », soulignant qu’il l’a montré « par des actes forts, comme la remise récente à l’Algérie des restes mortuaires des combattants algériens conservés au Musée de l’Homme ».
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En ce sens, il a indiqué que M. Macron a demandé à l’historien Benjamin Stora de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie dans un « esprit de vérité et de réconciliation pour que nos deux pays regardent ensemble vers l’avenir », estimant qu' »un regard lucide et apaisé sur leur passé est indispensable ».
Evoquant le référendum sur la révision de la Constitution, prévu le 1er novembre prochain, M. Le Drian a indiqué que « la France souhaite succès et prospérité à ce pays ami dans le plein respect de sa souveraineté ».
« L’Algérie est à la veille d’une étape importante qui va amener le peuple algérien à se prononcer le 1er novembre sur le projet de révision de la Constitution », a-t-il ajouté, relevant que le Président Tebboune a affiché « ses intentions de réformes des institutions pour renforcer la gouvernance, l’équilibre des pouvoirs et les libertés ».
« Il appartient aux Algériens et à eux seuls de traduire les aspirations qui se sont exprimées avec civisme et dignité en une vision politique aves des institutions aptes à la concrétiser », a-t-il dit.
S’agissant des enjeux économiques dans la coopération bilatérale, M. Le Drian a indiqué que « les entreprises françaises implantées en Algérie sont nombreuses et contribuent au dynamisme de l’économie et à la création d’emploi », saluant aussi les réformes initiées par le Président Tebboune afin de « diversifier l’économie algérienne, d’assouplir les procédures et d’accompagner les entreprises innovantes ».
« Nous saluons cette volonté et notre dialogue reste important afin que les entreprises françaises trouvent toute leur place dans le cadre de ces réformes et continuent de contribuer à la prospérité de l’Algérie ».
Crises régionales : l’Algérie, un partenaire incontournable pour la France
Evoquant les crises régionales, M. Le Drian a affirmé que « l’Algérie est un partenaire incontournable pour la France », la qualifiant de « puissance d’équilibre qui privilégie le règlement politique des conflits dans un cadre multilatéral ».
S’exprimant sur la crise libyenne, il a indiqué que « la France considère, comme l’Algérie, qu’il n’y a pas de solution militaire et soutient le dialogue politique entre toutes les parties libyennes sous l’égide des Nations unies ».
« Le rôle des pays voisins, en particulier l’Algérie, est essentiel car ils sont les premiers concernés par les risques que fait poser cette crise et peuvent jouer un rôle stabilisateur auprès des acteurs libyens, à l’inverse des ingérences des puissances extérieures », a-t-il précisé.
Pour ce qui est de la situation au Mali, M. Le Drian a indiqué que « la France a salué, comme l’Algérie, la mise en place d’une transition, laquelle doit conduire vers des élections ouvertes, libres et transparentes et au rétablissement de l’ordre constitutionnel ».
« Nous appelons, comme l’Algérie, à l’application de l’Accord de paix d’Alger », a-t-il soutenu, réaffirmant que « l’Algérie a une voix qui compte en Afrique et en Méditerranée ».
M.Le Drian a également évoqué avec le Président Tebboune, « les propositions » du président Macron pour faire face au séparatisme sur le territoire français », affirmant qu’il y a le refus de l’amalgame entre l’islam et l’idéologie de l’islamisme radical.
« Il s’agit d’une préoccupation que nous partageons avec les autorités algériennes », a-t-il dit.
Par ailleurs, M. Le Drian a indiqué avoir évoqué avec le Président Tebboune, la pandémie du Covid-19 qu’il a qualifiée de « dure épreuve » pour les deux pays.
« Je tiens à saluer la détermination des autorités algériennes et de tous les Algériens et je me réjouis que la mobilité des étudiants algériens ait été traitée en priorité par nos consuls généraux afin de permettre à des milliers d’entre eux de rejoindre les universités françaises », a-t-il dit.
Il a estimé que cette crise sanitaire doit inciter les deux pays à agir dans un « esprit de solidarité », faisant savoir dans ce cadre que la France a décidé de faire don à la Protection civile algérienne d’un poste médical avancé dont la structure a été livrée récemment au port d‘Alger