La bataille d’Ait Yahia Moussa, au Sud-ouest de Tizi-Ouzou, les 6 et 7 janvier 1959, était l’une des premières ripostes à la politique du Général De Gaulle à son arrivée au pouvoir en mai 1958, soutient Youcef Sahel, enseignant chercheur au département d’Histoire de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.
« De Gaulle qui était venu avec La paix des braves et Le plan de Constantine+, n’avait pas, pour autant abandonné l’option militaire pour écraser la révolution algérienne et cette bataille était l’une des premières expressions et ripostes », a affirmé l’universitaire.
Ce jour-là, le 6 janvier, une réunion, qui devait regrouper des responsables de la révolution de différentes régions du pays, était prévue au domicile de la famille de Krim Belkacem au village Thizra Aissa. Ce qui avait provoqué un branle-bas de combat inouï de la part de l’armée française.
Il y avait, entre autres, le Colonel Amirouche et son compagnon d’armes Ahcen Mahiouz de la wilaya III, le Colonel M’hamed Bougara et Lakhdhar Bouregaa de la wilaya IV Historique et Si El Houès de la wilaya VI Historique, et aussi le commandant Azeddine (Rabah Zerari) et Omar Oussedik qui étaient en route vers la Tunisie.
Dès l’après midi du 5 janvier, les sentinelles de l’armée de libération nationale (ALN), postées sur toutes les crêtes de la région, ont commencé à signaler des passages inhabituels des hélicoptères H21, appelés les « bananes volantes », qui servaient au transport des troupes.
Des éléments de reconnaissance, parachutés pour repérer la présence et les positions des combattants de l’ALN, ont été, également, signalés au sol, par la suite, à plusieurs endroits de la région.
Très vite, l’ordre a été donné de coller à ces éclaireurs dans leur retraites pour éviter un déluge précoce d’artillerie et d’exfiltrer les responsables politiques et militaires de la Révolution présents dans la région vers une ferme à Bordj Menaïel, dans l’actuelle wilaya de Boumerdès, limitrophe de la région.
Le 6 janvier, vers 3h du matin, eu lieu le premier accrochage au village Thizra Aissa, village de Krim Belkacem. Vers 10h du matin, une dizaine (10) d’avions T6 font leur apparition et commencent à déverser des bidons de napalm, des roquettes et à balayer la région par des tirs de mitrailleuse 12/7.
Les troupes françaises commandées par le général Jacques Faure, de la 27e division de l’infanterie Alpine, avaient engagé dans cette bataille plus de 32.000 hommes, dont 10 bataillons et un commando spécialisé des grottes.
En face, quatre (4) compagnies de l’ALN, celles du Djurdjura, de Maatkas, d’Ait Yahia Moussa et de Lakhdharia, dans l’actuelle wilaya de Bouira, totalisant 600 combattants et un groupe commando de la zone autonome de Tizi-Ouzou, composé de 25 hommes menés par Moh Djerdjer Mitiche, auxquels s’ajoute l’appui des populations civiles de la région.
« Nous étions à forces inégales sur le terrain, mais, nous avions livré une résistance qui avait déstabilisé les forces françaises qui, au vu de leur pertes, avaient jeté tout leur poids dans la bataille », raconte Arezki Attab, ancien moudjahid blessé lors de cette bataille.
« Rien n’était épargné par le déluge de feu de l’armée coloniale, ni les villages ni les forêts. Napalm, roquettes et tires à la mitrailleuse se mêlaient aux bruits assourdissants des avions qui sillonnaient la région toute la journée », se souvient-il.
Lors de sa retraite après sa blessure, il rencontrera « des cadavres, de soldats français, de Moudjahidine et d’habitants, dont des femmes, qui jonchaient les bois et les décombres des villages bombardés par l’aviation.
Les pertes étaient énormes de part et d’autres ».
Coté algérien, 391 Chahids, entre combattants de l’ALN et populations civiles, ont été enregistrés alors que du coté français, les pertes s’élevaient à plus de 400 soldats, dont le sinistre capitaine Grazianni, tué lors d’un combat au corps à corps.
Au matin du 7 janvier, les troupes françaises se retirèrent au niveau des 3 camps militaires installés dans la région au niveau des villages Thazrouts, Timezrith et le lieu dit « cantina », tous dotés d’artillerie.
Plusieurs jours après cette bataille des barrages étaient dressés tout autour de la région.
En termes d’impact, « malgré les pertes, la bataille avait constitué un avertissement sur les mensonges de la propagande de la 5ème République française et a eu un effet positif pour le Front de libération nationale (FLN) et l’ALN, qui mettaient en garde contre cette propagande », soutient M. Sahel.
APS.
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