La région de Boumerdes enregistre en lettres d’or la dernière épopée de « Si Mustapha » et de ses quatre compagnons, il y a 64 ans, lors d’une bataille mémorable dans la région d’Ouled Ziane à Legata, tenant tête à 150 soldats français lourdement armés, avant de tomber au champ d’honneur.
Après une résistance héroïque de plus de huit (8) heures face à des soldats français suréquipés et appuyés par des véhicules blindés, Saoudi Mohamed, dit « Si Mustapha » et ses compagnons Harfouchi Mohamed, dit « Moh Cheikh », Mohamed Guettiteche dit « Si Lghoul », Mustapha Belaid dit « Mustapha Tachtach » et Rezki Abane, dit « Si Rezki » tombèrent au champ d’honneur, le 25 novembre 1958.
Les faits de la bataille ont été relatés, à l’époque, par des témoins oculaires habitant à proximité du lieu de son déroulement, avant d’être rapportés par la suite par des compagnons du martyr Si Mustapha, dont son frère Saoudi Ali et les moudjhidine Tafni Ahmed, dit Lekhel (82 ans) et Baàyou Mohamed (92 ans) et qui sont toujours en vie.
Citant le témoignage des habitants voisins du lieu de la bataille, Ali, le frère du martyr Si Mustapha et le moudjahid Tafni Ahmed ont indiqué à l’APS que ce fait d’armes a été déclenché aux environs de 9h dans une bâtisse de la ferme des Benmansour à Ouled Ziane et avait duré huit (8) heures.
La bataille avait commencé, selon les deux interlocuteurs, lorsque « près de 150 soldats français lourdement armés avaient encerclé la région, avant d’attaquer la bâtisse où se trouvaient les cinq moudjahidine, en mission dans la région sur ordre du commandement de l’Armée de libération nationale (ALN) pour éliminer cinq harkis, des agents des forces d’occupation dans la région ». Les militaires français avaient d’abord proféré des menaces, suivies d’échanges de tirs, avant de lancer l’attaque contre les cinq moudjahidine.
Le site, témoin de la bravoure de Si Mustapha et de ses quatre compagnons, a été laissé en l’état par son propriétaire. Il garde, à ce jour, les séquelles de cette bataille pour témoigner à jamais du courage, de la détermination et de l’engagement de ce petit groupe de fidayine pour l’indépendance nationale.
Un parcours militaire honorable et des batailles mémorables
Le martyr Saoudi Mohamed était réputé pour avoir mené nombre d’opérations militaires audacieuses, dont la plus importante fut celle où il avait abattu un hélicoptère ennemi de reconnaissance (mouchard) avec son arme. L’opération lui a valu d’être promu à de hautes fonctions dans les rangs de l’ALN, selon le témoignage des deux interlocuteurs de l’APS, lesquels ont affirmé que Si Mustapha a abattu cet hélicoptère dans la région d’Ath Yahia Moussa (Tizi-Ouzou). Il avait été repéré par le pilote de cet avion, qui l’a pourchassé en vue de le tuer, mais Si Mustapha a fini par l’abattre, ont-ils signalé.
Si Mustapha, poursuivent Ali Saoudi et Ahmed Tafni, avait réussi à semer le pilote en se cachant dans d’épais buissons, d’où il arrosa de balles l’hélicoptère avec sa mitrailleuse. Il toucha mortellement le pilote, qui s’écrasa avec son engin.
Le chahid Saoudi Mohamed a, également, pris part à d’autres batailles et attaques, dont la plus célèbre fut l’accrochage contre l’armée coloniale au village de Ouezla, banlieue de l’actuelle « Si Mustapha » (commune de Boumerdes baptisé de son nom), où il perdit l’un de ses compagnons, le commandant Boudhhar Mohamed, dit Hamidouche.
A la suite du Congrès de la Soummam, Si Mustapha fut nommé responsable militaire de la 3eme région (Tizi-Ouzou), où il mena plusieurs opérations militaires, dont des accrochages avec la cavalerie en 1956 et la gendarmerie française à Tizi-Ouzou, en janvier 1957, où il fut légèrement blessé.
Toujours dans la même région, Si Mustapha mena le 20 août 1957 une attaque contre la ferme du colon « Chevalier », en éliminant sept soldats français. Il élimina un autre soldat dans une attaque contre la ferme du colon « Laker ». A cela s’ajoutent un accrochage dans la forêt du Sahel de Sidi Daoud (Boumerdes) et une bataille au Douar « Haddada » durant la même année.
Le martyr Si Mustapha est né le 6 novembre 1933 dans l’actuelle commune éponyme de Boumerdes. Il rejoint l’école primaire en 1944, mais il fut contraint de la quitter à l’âge de 11 ans, à la mort de son père, pour subvenir aux besoins d’une famille de cinq membres.
A 17 ans, il rejoint le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), avant de rallier, en 1955, les rangs de la Katiba » Ghoumrassa » de Bordj Menail, relevant de l’Armée de libération nationale (ALN). Il rejoint ensuite Draa El Mizane (Tizi-Ouzou), et il fut nommé responsable de la 3ème région de Bordj Menail en 1957.
Au lendemain de l’indépendance, la Municipalité de « Félix-Faure » a été baptisée du nom de Si Mustapha, dont le nom fut, également, donné à la Base centrale logistique de Blida relevant de l’Armée nationale populaire
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