La communauté internationale, les organismes spécialisés nationaux, régionaux et mondiaux, sont unanimes à déclarer dans leurs publications annuelles, leurs rapports d’enquêtes et dans leurs communiqués médiatiques, que le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis. Le cannabis consommé en Europe provient principalement de la région du Rif (cultivé depuis le viie siècle). Le cannabis marocain est appelé le kîf, aussi appelé zatla, hashish, zakataka, al hanchla, flitoxa, ghalghoula, aachour, tbisla, frimija… Ce triste record du premier pays producteur et exportateur de cannabis (qui se présente sous forme de fleurs, de feuilles, de résine ou d’huile) au monde, est détenu depuis plus soixante ans ! Les chiffres sur les quantités produites et le chiffre d’affaires réalisé, sont également évalués, puisque dans son rapport en 2008, l’ONU estimée à 166 millions d’usagers de cannabis dont 3,8 millions en France. Dans son rapport en 2006, l’OICS indique que l’Afrique comptait 34 millions d’usagers et des milliards d’US$. Ces chiffres actualisés doivent aujourd’hui être multipliés par dix au moins. Les recherches sur la dangerosité, bien que toujours controversées au XXIe siècle, ont conduit à son inscription comme étant une drogue dans la convention unique sur les stupéfiants de 1961. Ainsi, la détention, le commerce, la promotion et la consommation ont été interdits dans la majorité des pays du monde et le cannabis reste malgré cela très consommé comme psychotrope, notamment en Amérique du Nord et en Europe.
Les effets néfastes pour la santé sont la tachycardie, l’addiction, l’assèchement buccal, l’anxiété, l’altération de la mémoire, les troubles de la perception du temps, des vomissements, une sensation de faim imminente, des mydriase, la paranoïa, la schizophrénie, les troubles psychotiques. Cependant, dans de nombreux pays, il est autorisé comme agent thérapeutique et le cannabis médical est employé dans une très grande variété de maladies, même si ces effets thérapeutiques n’ont pu être validés sur le plan médical. En 2017, un rapport des Académies américaines des sciences, d’ingénierie et de médecine concluait, après revue approfondie des essais cliniques sur le sujet, qu’un bénéfice thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes ne semblait ressortir que pour le traitement des douleurs chroniques, des spasmes musculaires dans la sclérose en plaques et les nausées liées aux chimiothérapies. Cet usage thérapeutique s’accompagne d’effets indésirables gênants précise aussi la revue médicale Prescrire.
Et c’est justement dans cette ambivalence que le Maroc joue, entre le cannabis médical et celui thérapeutique, puisqu’il déclare que la production de cannabis sert en « grande majorité » à la production pharmacologique et la résiduelle au trafic ! Pour notre pays, les saisies quotidiennes démontrent une accélération des opérations de contrebande et une augmentation exponentielle des quantités, objet du trafic, ce qui peut se traduire par une volonté politique de « noyer » notre pays de cannabis pour un usage interne et pour la réexportation vers les pays méditerranéens. A l’instar de la « guerre de l’opium » en Chine, le siècle dernier, notre pays se retrouve directement concerné par ce trafic, qui a pour conséquence l’intoxication de notre jeunesse, avec toutes les conséquences induites et de devenir un « pays gris » puisqu’exportateur de cannabis. C’est en cela, que ce fléau doit être combattu, dans toutes les instances régionales et internationales, de manière à bien identifier la source du mal.
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