« Onze cargaisons de gaz butane liquéfié ont été livrées aux ports du Sahara Occidental occupé en 2020. Alors que l’Espagne dominait la liste des fournisseurs en 2019, le Royaume-Uni a dépassé l’ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental en tant que premier exportateur pour 2020 », soutient WSRW sur son site internet.
L’observatoire chargé du suivi de l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental précise qu’il s’agit de la deuxième fois qu’il présente un aperçu détaillé de ces expéditions de cargaisons de gaz vers ce territoire occupé par le Maroc.
« Notre surveillance du trafic maritime montre qu’au cours de l’année civile 2020, un total de 11 pétroliers dits GPL sont arrivés au port de Laâyoune occupée, a-t-il affirmé, faisant savoir que cinq d’entres eux provenaient des ports britanniques d’Immingham et de Teesside et qu’environ 22 000 tonnes sont venues du Royaume-Uni sur un total estimé à 51 000 tonnes.
Western Sahara Ressource Watch souligne que le Maroc ne produit pas de gaz mais est, selon Index Mundi, un importateur et un consommateur de premier plan de gaz butane, relevant « qu’une grande partie de ce gaz est utilisé pour alimenter les machines de l’occupation au Sahara Occidental », le gaz étant « importé par le Maroc pour soutenir les infrastructures et les industries de l’occupation illégale du Sahara Occidental ».
« Le gaz importé entre sur le territoire à bord de pétroliers spécialement conçus pour le transport de gaz liquéfié (GPL) », ajoute WSRW.
L’observatoire précise, en outre, que « le gaz a été envoyé à partir de terminaux exclusivement situés en Europe, mais à bord de navires-citernes immatriculés beaucoup plus loin (Singapour, Malte, Libéria, Iles Marshall et Panama) ».
Il explique également que, « les importations en provenance d’Europe du Nord étaient une nouveauté en 2020 et que celles des années précédentes venaient d’Europe du Sud ».
En plus des onze cargaisons déjà répertoriées, WSRW a fait savoir qu’il aurait pu y avoir une douzième cargaison. « Suite aux protestations de la société civile et à l’information dans la presse financière norvégienne, un pétrolier provenant de Karsto en Norvège a été détourné à la dernière minute », affirme l’observatoire.
Il s’agit de « l’Eco Invictus, immatriculé aux Iles Marshall, qui devait faire escale au Sahara Occidental début juin avec environ 4 900 tonnes de butane qui a choisi d’éviter un examen plus approfondi du public et a finalement ré-acheminé le pétrolier vers le port marocain de Mohammedia ».
L’Oservatoire explique que « l’épisode du Eco Invictus a suivi d’à peine deux mois l’annonce publique par Equinor, le géant norvégien de l’énergie (anciennement Statoil) », déclarant qu’il « regrettait » une précédente cargaison de gaz expédiée vers le Sahara Occidental, et promettait de ne plus jamais recommencer.
De même, « après avoir subi des pressions d’ONG autrichiennes et internationales de solidarité après la révélation d’une cargaison de gaz en provenance de Suède, le géant autrichien de la chimie Borealis a déclaré en mai qu’il ne participerait plus jamais à de telles exportations ».
Les dix pétroliers de butane impliqués dans les onze expéditions en 2020 sont « Gas Cerberus, Eco Nemesis, JS Lekvar, Epic Beata, Epic Borinquen, Epic Bermuda, Epic Bird, Epic Barbados, Epic Madeira, Epic Manhattan ».
Western Sahara Ressource Watch note que, « deux compagnies maritimes sont responsables de 10 des 11 transports de cargaisons, Epic Gas, d’un contrôle norvégien, et la société grecque Stealth Corp ».
Epic Gas, ajoute la même source, « est contrôlée par BW Group, une société à qui le Comité norvégien de soutien au Sahara occidental a écrit pour la première fois le 24 novembre 2020, et puis à nouveau le 24 décembre 2020, le 7 janvier 2021 et le 30 mai 2021. Stealth Corp a été contacté le 25 avril 2020 et le 5 juin 2020 alors qu’aucun des courriers n’a reçu de réponse ».
En 2014, WSRW a rédigé le rapport « Le carburant de l’occupation » sur les transports de produits pétroliers de la société suédoise Wisby Tankers dans le territoire occupé. En 2020, WSRW a également publié un aperçu séparé des importations de produits pétroliers pour l’année civile 2019.
aps