L’ethnomusicologue et chercheur au Cnrpah, Mohamed Mehannek a d’abord mis l’accent sur la nécessité de passer par la réalisation d’un inventaire méthodique, la classification des corpus existants, la collecte de nouvelles données, la numérisation des contenus puis l’indexation de tous les documents sonores.
La section ethnomusicologique du Cnrpah, poursuit le chercheur, est apparue en 1967 avec la venue de Pierre Augier, musicologue et ancien professeur de musique à Oran, qui a commencé à rassembler et à classer les enregistrements, dont les plus anciens remontent à 1935.
De 1969 à 1976, Pierre Augier et l’écrivain, anthropologue, linguiste et spécialiste de la langue et la culture berbères, Mouloud Mammeri, ont accompli un travail de collecte dans le sud algérien, accomplissant ainsi quelque 632 bobines d’enregistrements et d’entretiens sur l’histoire des lieux et les différents thèmes musicaux et rythmiques les identifiant.
En plus des enregistrements autour de la musique andalouse dans ses trois variantes, Ghernati, Senaâ et Malouf des régions du nord (Tlemcen, Alger Blida et Constantine) et les chants patriotiques kabyles, d’autres cadences et modes musicaux de différentes régions d’Algérie ont fait l’objet d’études au Cnrpah.
Entre autres modes et rythmes répertoriés, le tindé, l’imzad, l’éléwen, le tazengharet, le thigelt et le tazemart dans la région de l’Ahaggar, l’ahalil et le taguerabt dans celle du Touat, le chelali dans le Grara ou encore, le melhoun dans la région des Hauts Plateaux.
Durant les années 1980, l’ethnomusicologue Nadia Mecheri a pris le relai et a continué à travailler sur le répertoire mixte Augier-Mammeri, avant de travailler avec le professeur Ahmed Benaoum et constituer un fonds sonore de 150 bobines, axant ses recherches sur l’aspect technique pour tenter de comprendre le rapport des différentes conceptions rythmiques, modales et mélodiques avec les régions de découverte et les us et coutumes de leurs peuples.
Un corpus de plus de 400 heures de son a été numérisé par une équipe de chercheurs et analystes dirigée par la professeure Maya Saïdani, qui, depuis novembre 2011, travaille à sa valorisation.
Cependant, poursuit Mohamed Mehannek, ce patrimoine est dans son ensemble amputé d’informations qui décriraient le contenu des fichiers sonores (auteurs, lieux, intervenants, contenues, thématique, contexte …).
Ce manque d’informations, explique l’ethnomusicologue, va impliquer un travail rigoureux d’indexation, qui consistera à rassembler toutes les informations permettant d’établir des fiches techniques pour chacune des bobines passée à étude.
Une bibliothèque de plus de 9000 ouvrages
Autre lieu de sauvegarde et de préservation du patrimoine, la bibliothèque spécialisée ouverte en 1955 en même temps que le Cnrpah, disposant de plus de 9000 ouvrages, explique la responsable des relations extérieures de publication et de valorisation des résultats de la recherche, et de la bibliothèque, Farida Boulkroune.
Mettant à la disposition des chercheurs, des universitaires et des étudiants des ouvrages de préhistoire, anthropologie, anthropologie sociale, musicologie, ainsi qu’un fonds cartographique doté d’ouvrages en topographie, géographie et photos aériennes, la bibliothèque du Cnrpah occupe une deuxième salle des « fonds et des périodiques » (800 titres se déclinant chacun en plusieurs numéros), dont « Libyca », la revue du Cnrpah.
La bibliothèque spécialisée du Cnrpah, poursuit Farida Boulkroune, s’est également enrichie de dons de fonds, à l’instar de ceux, du psychiatre et essayiste, Frantz Fanon (1400 ouvrages,30 articles et 27 périodiques), de l’ethnologue Marceau Gast (410 ouvrages, 140 périodiques), du sociologue Mahfoud Bennoune (245 ouvrages, 23 périodique et 9 articles), du philosophe Aissa Thaminy (ouvrages en langues, arabe -205- française -1089-, allemande – 203- et 36 périodiques) et de l’ethnologue Germaine Tillon (346 ouvrages, 33 périodiques, 32 articles et 150 photographies).
aps