Àcontre-courant d’une tendance mondiale à la baisse depuis début mai, la pandémie de Covid-19 a accéléré en Afrique pour la cinquième semaine d’affilée. La trajectoire des cas de Covid en Afrique est « très, très inquiétante », a estimé vendredi le responsable des situations d’urgence à l’OMS, le docteur Michael Ryan, avec la diffusion de variants plus contagieux et un taux de vaccination dangereusement bas. Selon les données collectées par l’OMS, il y a eu en Afrique 116 500 nouvelles infections la semaine dernière, soit 25 500 de plus que la semaine précédente.
Le docteur Ryan a souligné que, vu dans son ensemble, le continent ne semblait pas si mal loti, ne comptant que pour un peu plus de 5 % des nouveaux cas enregistrés dans le monde la semaine dernière et pour 2,2 % des décès. Mais dans certains pays les infections ont doublé et elles s’affichent en hausse de plus de 50 % dans d’autres, s’approchant du pic atteint pendant la première vague à l’été 2020. La troisième vague des cas de Covid-19 « s’amplifie et s’accélère » en Afrique avec les variants, avait déjà alerté jeudi le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le continent, en réclamant une augmentation de l’approvisionnement en vaccins.
Comme la Dre Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique, le docteur Ryan a souligné que le continent est beaucoup plus vulnérable parce qu’il a reçu si peu de vaccins anti-Covid, quand l’Europe ou les États-Unis ont des taux de vaccination qui leur permettent de revenir à une vie plus normale avec une baisse spectaculaire des infections et des décès. « La réalité crue c’est que, dans une zone avec de multiples variants plus contagieux et qui ont potentiellement un impact plus fort, nous avons laissé de larges parts de la population et les populations vulnérables en Afrique privées de la protection des vaccins, alors que les systèmes de santé sont déjà fragiles », s’est indigné le docteur Ryan.
La République démocratique du Congo (RDC), la Namibie et l’Ouganda ont enregistré leur plus haut nombre de cas hebdomadaires depuis le début de la pandémie, souligne l’OMS. Selon l’OMS, cette hausse s’explique en grande partie par une météorologie saisonnière plus froide en Afrique australe et la propagation de variants plus contagieux. Le variant Delta, détecté en Inde, a été signalé dans 14 pays africains et les variants Beta et Alpha – identifiés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud ont été trouvés dans plus de 25 pays africains.
Le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé vendredi de nouvelles mesures de restriction contre l’épidémie de Covid-19, dont la suspension des déplacements à l’intérieur du pays pendant au moins six semaines, alors que le taux de contamination a atteint un niveau record dans ce pays d’Afrique de l’Est. Les pénuries d’oxygène et de médicaments affectaient les hôpitaux alors que les cas quotidiens ont augmenté au cours des trois dernières semaines, passant de 100 à plus de 1 700. « Les hôpitaux sont pleins », a martelé le chef de l’État.
Officiellement pays du continent le plus touché par le virus, l’Afrique du Sud, durement frappée par une deuxième vague fin 2020, redoute depuis plusieurs semaines cette annonce. Quatre des neuf provinces du pays, dont celle du Gauteng, qui englobe Johannesburg ainsi que la capitale Pretoria, étaient déjà considérées fin mai comme touchées par la troisième vague. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a annoncé fin mai un retour à des mesures plus strictes alors que les admissions à l’hôpital ont augmenté de près de 60 % au cours des deux dernières semaines. L’armée a été envoyée en renfort dans la province de Gauteng, province la plus peuplée qui abrite la capitale administrative Pretoria et le centre financier de Johannesburg et actuel l’épicentre de l’épidémie, représentant environ 60 % de la dernière augmentation quotidienne des cas.
« C’est le résultat d’une distribution inique des vaccins », a-t-il martelé. C’est particulièrement vrai pour l’Afrique où seulement 1 % de la population est pleinement vaccinée.
L’Afrique avait jusque-là été frappée moins durement par la pandémie que d’autres régions, mais cela ne veut pas dire que cela restera le cas. « Il est totalement prématuré de penser que la prochaine vague en Afrique sera juste une courte pluie et pas une tempête », a dit le médecin. Et d’ajouter : « Je pense qu’il nous faut prendre ce qui se passe en Afrique très, très au sérieux. »
En retard par rapport au reste du monde, l’Afrique du Sud n’a vacciné qu’un peu plus de 1 % de sa population, alors que l’objectif fixé par l’OMS est de vacciner 10 % de la population de chaque pays d’ici à septembre. Largement critiqué pour avoir tardé à se lancer dans la course mondiale à l’acquisition des précieux vaccins, le gouvernement affirme avoir acheté assez de doses pour au moins 45 des quelque 59 millions de Sud-Africains. Cyril Ramaphosa a plusieurs fois dénoncé un « apartheid vaccinal » favorisant les pays riches pour l’accès aux vaccins. L’Afrique du Sud et l’Inde mènent une campagne pour une renonciation aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le coronavirus, afin que chaque pays puisse produire des doses.
Signe que l’heure est grave, la Tanzanie s’est finalement résolue à rejoindre l’initiative Covax. Depuis le début de la pandémie en effet, le président John Magufuli, décédé le 17 mars dernier, avait adopté une position de défiance face à la pandémie et aux institutions comme l’OMS. Le chef d’État tanzanien minimisait l’impact du Covid-19, affirmant que son pays s’était « libéré du Covid » par la prière, il avait rejeté tout confinement ou mesure, comme le port du masque. Cette situation a entraîné l’augmentation du nombre de cas de contamination. Avec l’arrivée au pouvoir de Samia Suluhu Hassan, le pays a changé de stratégie et veut réagir.
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