Cette présente contribution s’inscrit dans le cadre du prolongement de mon intervention à la télévision internationale algérienne Alg 24 New ‘s le 21 janvier 2023 de 19h20 à 20h le 53e Forum économique mondial à Davos les 16/20 janvier 2023 concernant le bilan et les perspectives de l’économie mondiale qui a réuni plus de 50 chefs d’État et de gouvernement, 19 gouverneurs de banques centrales, 30 ministres du commerce et autant ministres des affaires étrangères, les grands groupes économiques et financiers avec plus de 1 500 dirigeants inscrits dans 700 organisations, les dirigeants des Nations unies, du Fonds monétaire international, de la banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce , de la commission européenne et des experts.
1.– Après deux années d’annulations dues à la pandémie de coronavirus, selon le secrétaire général de l’ONU lors de son intervention, le monde est dans un triste état, un monde assailli par des défis complexes et interconnectés, une tendance inquiétante à la division se dessinant où ces dernières années, les niveaux de collaboration mondiale ont diminué, et le double choc de la pandémie de COVID-19 et de la crise ukrainienne a accéléré cette tendance. Ce sommet de janvier 2023 a abordé quatre axes directeurs qui concernent la situation et les perspectives de l’économie mondiale. Premièrement, l’impact de la pandémie. Pour 2020 la Banque mondiale prévoit une perte cumulée de plus de 10 000 milliards de dollars par rapport à la situation qui aurait prévalu sans pandémie. Les pays du G20 avaient annoncé la mobilisation de 5 000 milliards de dollars afin de lutter contre les effets délétères de la crise du coronavirus pour l’économie mondiale et uniquement pour les Etats-Unis, la mise en œuvre d’un plan de relance économique d’une ampleur inédite de 2 000 milliards de dollars. Deuxièmement, l’impact du conflit Russie/Ukraine via l’Occident a dominé ce sommet où pour l’OCDE dans son rapport de mars 2022, estime que ce conflit pourrait amputer l’économie mondiale d’environ 800 milliards de dollars, avec un impact sur l‘inflation et le pouvoir d’achat des plus défavorisés tant au niveau des pays développés que des pays en voie de développement la Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé, 20% pour le maïs, les engrais minéraux et le gaz naturel, et 11% pour le pétrole. D’où l’inquiétude récente de deux grandes puissances émergentes, l’Inde et la Chine vis-à-vis de ce conflit qui a un impact négatif sur leur croissance, chacun ayant besoin d’une croissance de plus de 8/9%/an pour atténuer les tensions sociales leur population dépassant 1,4 milliard d’habitants chacun. Surtout la Chine , où ce conflit remettant en cause sa stratégie de la route de la Soie et où ses échanges sont croissants avec l’Europe et accessoirement avec les USA où en 2021 selon les statistiques officielles chinoises, son poids dans l’économie et le commerce mondial a été de 14,5 % des échanges en 2021, contre 12,9 % en 2019, ayant enregistré une augmentation de son commerce extérieur de 29,8% pour 6047,1 milliards de dollars dont 3368,2 à l’export et 2678,9 milliards de dollars à l’import. Le commerce bilatéral entre la Chine et l’UE s’est élevé à plus de 800 milliards de dollars en 2021 et les investissements bilatéraux ont dépassé 270 milliards de dollars. Quant aux relations avec les Etats-Unis , la Chine a dégagé en 2021 le plus fort excédent commercial de son histoire de 397,1 Md$. Les principaux partenaires de la Chine sont les États-Unis, l’Europe, le Japon et la Corée du Sud avec une percée en Afrique et au Moyen Orient et toute crise affecte leurs échanges . Récemment avec la Russie en 2022, en raison des tensions en Ukraine, où essentiellement tirées par le secteur de l’énergie (gaz et pétrole) et le fait que Moscou et Pékin se sont entendus pour qu’une part plus importante des paiements soit libellée en devises chinoise, les échanges commerciaux ont connu un essor ayant augmenté de 50 % entre 2014/2022, le commerce bilatéral entre les deux pays ayant atteint l’équivalent de 146,9 milliards de dollars. Troisièmement, l’impact du réchauffement climatique où selon un rapport publié par les Nations Unies le changement climatique coûtera à l’économie mondiale 178 000 milliards de dollars au cours des 50 prochaines années, soit une réduction de 7,6 % du produit intérieur brut mondial d’ici 2070 si le réchauffement de la planète et les événements extrêmes ne sont pas maîtrisés. Les effets néfastes de l’absence de ralentissement du changement climatique sont gérables à condition que les dirigeants mondiaux s’unissent en faveur d’une transition systémique vers le zéro d’ici 2050 et que les engagements de l’accord de Paris, dans lequel les pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 1,5 °C, soient respectés. Le changement climatique coûtera 178 000 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2070 Mais une transition écologique réussie pourrait augmenter les revenus mondiaux jusqu’à 43 000 milliards de dollars. Quatrièmement, dans un monde fragmenté, les intervenants ont mis en garde contre les effets de cette frustration et colère face à un système financier en faillite morale dans lequel les inégalités systémiques amplifient les inégalités sociétales, tant dans les pays développés et dans les pays en voie de développement. . Selon les projections du FMI , des pressions inflationnistes persistantes et croissantes ont déclenché un durcissement rapide et synchronisé des conditions monétaires, parallèlement à une forte appréciation du dollar par rapport à la plupart des autres monnaies. Pour l’ OCDE, l’inflation reste forte , s’établissant à plus de 9 % en 2022, l’inflation refluant progressivement à 6.6 % en 2023 puis à 5.1 % en 2024. L’appréciation du dollar a intensifié sensiblement les pressions sur les prix intérieurs et la crise du coût de la vie dans beaucoup de pays en voie de développement où la majorité est sans protection sociale, inflation accentuée, premièrement, par une concentration excessive des richesses au profit d’une minorité, deuxièmement, le poids d’une bureaucratie paralysante produisant la sphère informelle, et la corruption et l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux; troisièmement par les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement , la crise de l’énergie et alimentaire. La pandémie, l’inflation et la guerre en Ukraine pourraient plonger 263 millions de personnes dans la pauvreté, selon plusieurs ONG intervenant à ce sommet. En Afrique subsaharienne, qui abrite environ 60 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde, la progression du revenu par habitant pour les années 2023-2024 ne devrait être que de 1,2 % en moyenne, ce qui risque d’entraîner une augmentation de la pauvreté. Un système dans lequel la plupart des pays les plus pauvres du monde ont vu le service de leur dette monter de 35% uniquement en 2022, où selon la CNUCED, les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de leur dette publique extérieure en 2022 sans oublier l’intolérable endettement public supporté par les générations futures mondial où selon le FMI uniquement pour l’année 2020 la dette publique mondiale a atteint un montant de 226 000 milliards de dollars 256 % du PIB mondial et en 2021, un montant de 235 000 milliards de dollars soit 247 % du PIB mondial ayant diminué de 10 points de pourcentage par rapport à son niveau record en 2020 ( voir A.Mebtoul youtube Alg24 New’s 21/01/2023).
2.– Ces constats et recommandations font suite au rapport de la banque mondiale publié le 10 janvier 2023, où selon cette institution la croissance de l’économie mondiale devrait s’établir à 1,7 % en 2023, puis à 2,7% en 2024, où les perspectives régionales sont les suivantes : Asie de l’Est et Pacifique : la croissance devrait remonter modérément à 4,3 % en 2023 et 4,9 % en 2024 ; Europe et Asie centrale : l’économie de la région devrait tomber à 0,1 % cette année, puis s’établir à 2,8 % en 2024. Amérique latine et Caraïbes : la croissance devrait ralentir à 1,3 % en 2023 avant de remonter à 2,4 % en 2024. Moyen-Orient et Afrique du Nord : la croissance devrait marquer le pas à 3,5 % en 2023 et 2,7 % en 2024. Asie du Sud : la croissance devrait ralentir à 5,5 % en 2023 avant de remonter légèrement à 5,8 % en 2024. Afrique subsaharienne : la croissance devrait se modérer pour s’établir à 3,6 % en 2023, puis monter à 3,9 % en 2024. Ce rapport anticipe un ralentissement marqué et généralisé, les prévisions étant revues à la baisse pour 95 % des économies avancées et près de 70 % des économies de marché émergentes et en développement. La croissance des économies avancées devrait chuter de 2,5 % en 2022 à 0,5 % en 2023. Aux États-Unis, la croissance devrait tomber à 0,5 % en 2023, ce taux, inférieur de 1,9 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, constitue la plus faible performance enregistrée par ce pays depuis 1970, en dehors des épisodes officiels de récession. En 2023, la croissance de la zone euro devrait être nulle, ce qui correspond à une révision à la baisse de 1,9 point de pourcentage. La Chine quant à elle devrait enregistrer une progression de 4,3 % en 2023, soit 0,9 point de moins que les prévisions précédentes. En excluant la Chine, la croissance des économies de marché émergentes et en développement devrait ralentir de 3,8 % en 2022 à 2,7 % en 2023, en raison d’une demande extérieure nettement plus faible conjuguée à une forte inflation, des dépréciations monétaires, un resserrement des conditions de financement et d’autres difficultés intérieures. Les mouvements de capitaux ne s’étant pas rétablis, de nombreux pays en développement et pays à faible revenu restent en situation de surendettement, sans compter le risque de crise alimentaire, sur fond de conflit russo-ukrainien, la Russie et l’Ukraine représentant plus de 33% des exportations mondiales des denrées alimentaires ce qui alimente l’inflation. Mais selon plusieurs interventions durant ce Forum, il ne faut pas sombrer dans la sinistrose pour 2023, car le constat est un marché du travail dynamique que ce soit aux États-Unis ou en Europe, où au niveau de la zone euro, la BCE table sur une activité bien meilleure qu’initialement redoutée, avec une bonne résilience de l’économie américaine qui pourraient atténuer la crise mondiale Première puissance économique en Europe, le chancelier allemand a déclaré que son pays que son pays avait tenu en 2022, en dépit des cassandres qui anticipait son effondrement faute de gaz russe pour faire tourner ses usines. Tout dépendra des perspectives de l’économie chinoise et d’une entente commerciale entre les USA et la Chine pour dynamiser le commerce mondial, encore que selon bon nombre d’experts, même ouvert à nouveau, le marché chinois devenant incertain, ce qui pousse les industriels à revoir leurs chaînes d’approvisionnement, notamment au bénéfice de l’Inde. Cependant, la réouverture de la Chine avec des perspectives de reprise vigoureuse avec la venue, à Davos le 17 janvier, du vice-premier ministre chinois, et sa rencontre avec la secrétaire au Trésor américaine, qui lui a fait part de son intention de se rendre prochainement en Chine a rendu optimiste les acteurs économiques, signe d’un apaisement des deux locomotives de l’économie mondiale. Signe que les deux grandes puissances tentent de réchauffer leurs relations, le chef de la diplomatie américaine, devrait se rendre en Chine durant le mois de février 2023..
En conclusion, malgré les rapports pessimistes de la BM et du FMI qui prédisent une décroissance de l’économie mondiale pour 2023, la réunion du 53e Forum économique mondial s’est achevée le 20 janvier 2023 avec une note d’optimisme alors qu’en début de semaine, c’était le pessimisme qui prédominait. Mais il faut être certaines bonnes nouvelles sur le plan macroéconomique ne doivent pas faire oublier la crise de la vie chère qui affecte des centaines de millions de personnes à travers le monde Et la seule solution d’avenir ,qui a fait presque l’unanimité des participants à ce forum de DAVOS, susceptible de soutenir la reprise, c’est, l’investissement dans les industries de l’avenir à travers le développement des énergies renouvelables et la décarbonation renvoyant à la nécessaire transition énergétique , condition sine qua non de la lutte contre le réchauffement climatique qui menace la sécurité alimentaire.
Dr. Abderrahmane MEBTOUL
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