Le passage total de la presse écrite au numérique, une nécessité « inéluctable »
Des chercheurs dans le domaine des médias et des professionnels du secteur à Oran, ont estimé que le passage total de la presse écrite au numérique est « une nécessité inéluctable » pour garantir sa continuité et être au diapason du développement rapide des technologies de la communication.Lors d’une rencontre avec l’APS, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ces chercheurs ont été unanimes à estimer que malgré les efforts déployés dans ce domaine, la presse nationale, à l’instar de celle des pays arabes, enregistre un « rythme lent » dans le processus de passage complet à la technologie numérique.Cette lenteur a été à l’origine de l’éloignement progressif du public de la presse traditionnelle écrite. Aujourd’hui, plus que jamais, de plus en plus de personnes recourent au réseau Internet, par le biais de l’ordinateur et du smart-phone, pour s’informer. La toile est devenue la principale source d’information et le média des médias, comme la qualifient les spécialistes.
Accélérer le passage sur le Net
Rabah Amar, chef du département de l’information et de la communication à l’université Oran1 « Ahmed Ben Bella » a souligné la nécessité pour la presse écrite d’accélérer son intégration dans l’environnement de la presse numérique et de profiter des possibilités qu’offre Internet pour réaliser une communication efficace et attirer un public plus large.
A ce propos, le chercheur a fait part d’une étude qu’il a réalisé récemment et qui a montré que les journaux algériens ayant effectué, depuis la dernière décennie du 20ème siècle, le passage au Web « n’utilisent pas les différents médias dans leur concept moderne qui procède au chiffrement du message de communication et aux alertes multiples, comme c’est le cas pour la presse occidentale ».
Rabah Amar, spécialisé dans les nouveaux médias, a observé que « la politique de rédaction de sites des quotidiens ne font qu’ajouter quelques informations instantanées, en plus du contenu du journal papier, sans mise à jour continue ».
« Les articles mis en ligne ne sont ni corrigés ni changés. Ils sont considérés comme définitifs dès leur diffusion, à contrario de la presse électronique étrangère qui considère l’article comme une matière malléable et est mis à jour en fonction des éléments nouveaux ou des rebondissements de l’actualité », a-t-il ajouté.Pour le chef du département de l’information et de la communication à l’université Oran1 « Ahmed Ben Bella », le passage à la presse électronique ne consiste pas uniquement à remplacer la matière imprimée en matière électronique, gérée à travers un écran seulement, mais nécessite l’utilisation et l’exploitation des possibilités de la « toile » pour ajouter des services interactifs, l’utilisation des différents médias, ainsi qu’une cohérence du site (forme et contenu) et être au fait des événements en se collant à l’actualité et à l’instantané.
Une centaine de sites électroniques d’information sécurisés avant l’été
De son côté, le Directeur général du journal public « El-Djoumhouria » paraissant à Oran, Mohamed Alem, a souligné la nécessité de s’adapter rapidement au nouvel environnement médiatique, indiquant que le journal El-Djomhouria œuvre à être en adéquation avec l’ère de la technologie numérique, afin de commercialiser son produit intellectuel, culturel et informatif.
« Le début a été initié au niveau du site du journal et où les informations sont diffusées de manière instantanée, avec l’exploitation d’autres médias », a-t-il ajouté.
M.Alem a annoncé que son journal est en train d’élaborer un nouveau site pour préparer le lancement d’un journal électronique selon une conception novatrice et une approche moderne mettant en harmonie le lectorat avec la mutation numérique en constante accélération et évolution.
« Le lancement sera réalisé, prochainement, avec une élaboration professionnelle prenant en charge tous les médias électroniques, les albums de photos, les vidéos, les reportages photos et sonores, ainsi que le streaming, entre autres », a ajouté M. Alem.
Nouveaux défis pour la presse
Le passage de la presse au support électronique a provoqué des mutations dans les méthodes de travail des journalistes, contraints à un auto-recyclage et à acquérir des connaissances et des compétences nouvelles pour la pratique journalistique dans l’espace numérique.
Selon le chef du département de l’information et de la communication à l’université Oran1 « Ahmed Ben Bella » Rabah Amar, « certains moules traditionnels sont devenus incapables de suivre les changements fondamentaux que l’écriture journalistique connaît sur le réseau Internet, d’où la nécessité de chercher de nouveaux moules de rédaction de l’information, capables de s’accommoder au contenu électronique ».
A ce propos, il a indiqué que l’écriture pour le Web est réalisée à travers la présentation d’un produit médiatique apte à être mis à jour à tout moment et permet d’impliquer le lecteur par le commentaire, le haschtag et le blog.
Belhimer: la transition numérique de la presse écrite, une nécessité « impérieuse »
Sur un autre plan, les fausses nouvelles et autres fake-news diffusées sur les réseaux sociaux, ayant toute l’apparence de la crédibilité, représentent un défi pour certains journalistes qui prennent ces réseaux comme sources d’information. « Ceci aura inéluctablement un impact sur la crédibilité du média et fragilise la confiance des lecteurs », a considéré M. Amar.Pour ce responsable, le succès de l’opération d’intégration dans l’environnement du web nécessite une conviction bien ancrée, partagée par toutes les parties – journaliste, gérants, techniciens – sur l’importance de la diffusion sur le web.
« Le passage de cette conviction à une culture professionnelle se traduit dans le comportement des journalistes dans les salles de rédaction avec les deux versions, papier et électronique, afin de dépasser la présence + pour la forme+ du journal sur le réseau Internet », a relevé Rabah Amar.
Rafik
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