Dr Mourad GOUMIRI.
L’annonce faite par le Président de la république d’un remaniement ministériel imminent, pose la question du Premier ministre avant tout autre chose car les ministres, eux-mêmes ne posent pas de problème intrinsèquement et leur « évaluation » se déroulera au regard des mises en œuvre des différentes décisions présidentielles. Par contre, le poste de Premier ministre s’évalue non pas sur ses capacités personnelles de travail mais sur ses capacités à faire travailler tous les membres du gouvernement et arbitrer sur les dossiers interministériels. Il faut ajouter, à son activité, les actions protocolaires de « doublure » du Président dans certaines manifestations nationales et internationales. Souvenons-nous d’abord que l’ex-Premier ministre, A. Djerad n’a pas survécu à la mort du général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah, qui de toute évidence l’a sponsorisé via l’ex-Président Liamine Zeroual, bien que durant son mandat, rien de palpable et de structurant ne peut être mis à son registre se contentant d’expédier les « affaires courantes » avec des marges de manœuvre très étroites.
D’autre part, le gouvernement actuel se caractérise par une inflation de portefeuilles ministériels soit pour « meubler » par un nombre important de « personnalités » soit pour satisfaire aux équilibres régionaux qui ont toujours caractérisés ce genre d’exercice dans notre pays. Dans les deux cas, un gouvernement de plus de trente ministres est toujours impraticable du fait de la dilution des centres de pouvoirs et des problèmes interministériels qu’il génère forcément pour la cohérence gouvernementale. La tâche du Premier ministre devient impossible d’autant qu’il n’a pas choisi ses ministres et notamment ceux dits de « souveraineté ». Cette situation a été très visible dans plusieurs cas, ce qui a contraint le Président à relever certains d’entre eux sans ménagement ni autres explications, ce qui va permettre à la vox populi de s’en donner à cœur joie.
Il faut donc espérer que le prochain gouvernement soit plus compact, avec une vingtaine de portefeuilles ministériels, avec de grands ministères, sous l’autorité de ministres d’état et éventuellement des ministres délégués sous leurs tutelle obligatoirement, de manière à créer un état-major efficace, capable de traduire dans la réalité du terrain, les décisions prises par le Président. En outre, Le Président devrait prendre du recul par rapport au gouvernement pour ne pas se trouver en première ligne et se laisser des marges de manœuvre et des fusibles en cas de problèmes majeurs. C’est donc dans cette équation que devrait se combiner le prochain remaniement ministériel, qui devra très rapidement produire des changements palpables par la population.
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