Si l’aspect mémoriel a été au cœur du déplacement du président français, Emmanuel Macron, à Kigali, le 27 mai dernier, déplacement marqué par la visite au Mémorial du génocide de Kigali suivi d’un discours très attendu confirmant les conclusions du rapport Duclert, à savoir « un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes » de la part de la France dans les éléments qui ont conduit au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, c’est bien l’ébauche d’une nouvelle relation économique qui s’est esquissée en toile de fond.
C’est ce que le président Macron a sans détour exprimé lors de son discours au Mémorial du génocide de Kigali. S’il n’a pas été question d’excuses à proprement parler, même si à travers des mots très habiles et tout en subtilité, le président Macron a demandé aux Rwandais « de faire don de nous pardonner » d’une responsabilité assumée, le propos aura été explicitement orienté vers l’avenir. « Je veux ici, en ce jour, assurer la jeunesse rwandaise qu’une autre rencontre est possible. N’effaçant rien de nos passés, il existe l’opportunité́ d’une alliance respectueuse, lucide, solidaire, mutuellement exigeante, entre la jeunesse du Rwanda et la jeunesse de France. C’est l’appel que je veux lancer ici. Baptisons ensemble de nouveaux lendemains. Préparons ici, pour nos enfants, de prochains souvenirs heureux. C’est le sens de l’hommage que je veux rendre à̀ ceux dont nous garderons la mémoire, ceux qui ont été privés d’avenir et à qui nous devons d’en inventer un. »
Des mots d’ores et déjà accompagnés d’actes concrets. Sur le volet de la formation notamment. Là où, côté rwandais, l’expertise française est clairement attendue et recherchée. En effet, engagé dans un ambitieux programme de développement, le Rwanda aspire à devenir une économie à revenu intermédiaire d’ici à 2035 et à rejoindre les pays à revenu élevé à l’horizon 2050, avec des effets déjà tangibles, mais ralentis tout de même par l’impact de la crise du Covid-19. Les projections de croissance du gouvernement, qui prévoyaient une progression de 8 % pour 2020, ont été revues fortement à la baisse, avec un recul du PIB estimé à 0,2 %, centré sur les services mais où les compétences, à l’heure actuelle, manquent dans le pays.
Aussi, et sans surprise, les premiers accords signés en marge de la visite ont concerné le volet de la formation professionnelle. Avec déjà dans le pipeline une subvention de 5,8 millions d’euros qui a pour objectif de soutenir le développement du système de formation professionnelle du pays. Une enveloppe de 1,7 million d’euros a également été apportée par l’AFD sous la forme d’une assistance technique de l’opérateur français Expertise France.
De nouveaux chantiers sont désormais abordés, comme le sport et la santé. Deux secteurs où la coopération franco-rwandaise avait déjà été amorcée. Lancée en juin 2019 à l’occasion de la visite à Kigali d’une délégation de l’Agence française de développement (AFD) conduite par son directeur, Rémy Rioux. Cette visite s’était traduite par la signature, été 2020, d’un prêt de 40 millions d’euros en soutien à la lutte contre le Covid-19 et celle d’un prêt de 80 millions d’euros en appui au projet rwandais d’électrification rurale. Au total, ce sont près de 130 millions d’euros qui ont été engagés dans différentes opérations ces deux dernières années au Rwanda. Cette fois, Remy Rioux et d’autres cadres de l’AFD étaient de nouveau au rendez-vous de Kigali et ont annoncé une convention de financement de 1,5 million d’euros pour le sport scolaire, un fait notable au moment où le Rwanda recevait la Basketball Africa League (BAL) qui s’est déroulée du 16 au 30 mai. Manifestation dont l’AFD est partenaire officiel, la BAL a vu la victoire des Égyptiens du Zamalek.
En attendant, une autre forme de coopération, moins institutionnelle, s’est amorcée en marge de la visite, entre les opérateurs privés français et rwandais. Ainsi, parmi les étapes de la visite de Macron, une rencontre a eu lieu avec des entrepreneurs au Rwanda Development Board, le point focal des investisseurs à Kigali. Là, la délégation d’une dizaine de chefs d’entreprises français a pu alors échanger avec des acteurs économiques locaux et tout l’appareil mis à la disposition des investisseurs intéressés par le Rwanda.
« Cette nouvelle page de nos relations bilatérales va amplifier le travail que nous avons déjà engagé ensemble sur plusieurs défis communs, avait annoncé le président Macron lors de la conférence de presse donnée à Kigali. Il avait rappelé que, dès 2020, l’Agence française de développement avait apporté au gouvernement rwandais des financements de plus de 100 millions d’euros pour accompagner les efforts de lutte contre le Covid-19 au Rwanda. Il avait ajouté que de nouveaux projets étaient encore à l’étude. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, nous avons décidé d’aller plus loin avec la signature de la déclaration d’intention conjointe. Nous avons en effet décidé de porter à des niveaux inédits notre aide au développement. Ce sont 500 millions d’euros qui seront engagés sur la période 2019-2023 autour des grandes priorités de notre dialogue avec le Rwanda, en particulier la santé, le numérique, la francophonie. »
Le numérique est incontestablement le fil conducteur de ses nouvelles relations. Parmi les éléments à signaler, il y a, entre autres initiatives, le recrutement du Rwandais Aphrodice Mutangana, ancien fondateur de l’incubateur kLab comme directeur des opérations et vice-président de Digital Africa, une initiative portée par Emmanuel Macron. Faut-il le rappeler : Digital Africa a pour vocation d’accompagner l’écosystème technologique africain. Son premier bureau devrait s’ouvrir prochainement à Kigali, une capitale qui se veut un destin d’épicentre de la Tech made in Africa.
En bon VRP, Emmanuel Macron n’aura pas manqué de mettre en avant la palette de l’expertise française. Soulignant la diversité de la délégation d’entrepreneurs qui l’accompagnent « de tailles, de secteurs variés, recouvrant la santé, le numérique, les transports, les énergies renouvelables ou l’agriculture », tous inscrits, a-t-il assuré, « dans une volonté de participer à la croissance, à l’émancipation économique, aux opportunités sur votre sol ».
En somme, cette visite du président Macron a confirmé le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-rwandaises. Dans un tweet publié quelques minutes avant son départ pour Kigali, le président de la République n’avait-il pas écrit : « Au moment de décoller pour Kigali, j’ai une conviction profonde : au cours des prochaines heures, nous allons écrire ensemble une page nouvelle de notre relation avec le Rwanda et l’Afrique. » Mission accomplie… du moins pour ce qui concerne le Rwanda. En Afrique du Sud où il s’est rendu après Kigali, le chef de l’État français a échangé avec le président Ramaphosa sur les brevets des vaccins, sur la distribution et les dispositions à prendre pour un meilleur accès au vaccin. Sans oublier d’évoquer la mémoire du premier président sud-africain noir : Nelson Mandela.
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