Le changement de la donne politique et du cadre réglementaire avant le lancement des élections législatives présage d’un changement de la carte politique en Algérie. Ainsi, les formations politiques qui entrent en lice pour la 1e fois ou celles qui y participent après une absence, se sont adaptées à la nouvelle réalité politique qui ne repose plus sur d’anciens critères qui divisaient les partis en formations anciennes, d’autres récentes, d’autres encore en grand ou petit parti.
Les partis ne comptent pas beaucoup sur la force de la base militante, puisque la majorité des partis ont inclus des noms en dehors du parti, en vue de renforcer leurs listes électorales et séduire les électeurs.
Sur cette base, des partis politiques, à l’instar du Mouvement de la société pour la paix (MSP) ou du parti de Jil Jadid entrent en lice avec de grandes ambitions en témoignent les déclarations du président du MSP, Abderrezak Makri qui soutient que son parti va remporter la majorité à la prochaine Assemblée populaire nationale (APN) en évoquant le programme socio-économique que le mouvement compte proposer aux composantes de la scène politique au cas où il venait à diriger le Gouvernement.
Pour le MSP, le plus important pour le prochain rendez-vous électoral est d’œuvrer à « convaincre les Algériens d’y participer, car le boycott ne servirait que ceux qui ne veulent pas que le pays change ». Il a imputé le boycott des élections précédentes à » l’ancien régime qui a planifié l’alternance au Pouvoir entre certains partis par la fraude et à la non-participation du peuple aux élections ».
Le parti de Jil Jadid estime, pour sa part, que le cadre général dans le pays actuellement « impose de s’adapter à la réalité ». Son président, Sofiane Djilali affirme que » le concept de la démocratie et de l’Etat de Droit se base sur les règles d’un jeu politique clair », expliquant que le changement de la position du parti, du boycott vers la participation, intervient du fait du » changement du régime ».
Il a relevé que l’ancien régime « était reclus sur lui-même, que les résultats des élections précédentes étaient connus à l’avance et étaient une simple répartition de quotas sur certains partis », ce qui a poussé son parti, a-t-il dit, à boycotter tous les rendez-vous électoraux, après une 1e expérience qu’il a effectuée après sa création en 2012, en participant aux élections législative et locales.
« Le boycott ouvre la voie au retour de l’ancien régime », a-t-il souligné.
La prochaine Assemblée populaire nationale (APN) sera « le début d’un réel changement, à travers le renouvellement et le rajeunissement de la composante humaine en se basant sur les garanties et le nouvel arsenal juridique », a-t-il estimé, soulignant que le parti comptait contribuer à ce changement en entrant en lice avec « 488 candidats avec une moyenne d’âge ne dépassant pas 39 ans, 90% d’entre eux ont un niveau universitaire et 41% sont des femmes ».
Par ailleurs, des partis politiques participent aux élections législatives pour la première fois sans aucun complexe d’infériorité, à l’instar du parti Sawt Echaâb qui ambitionne d’être « à l’avant-garde » à l’avenir, selon son président, Lamine Osmani qui a relevé la nécessité d’établir « une nouvelle carte politique en Algérie partant de la volonté du peuple », ajoutant que le parti se lancera dans les futures législatives avec « un programme politique qui traduit les aspirations réelles du peuple ».
Considérant la participation aux prochaines élections comme « un moyen de contribuer efficacement à l’édification de l’Algérie à laquelle aspire le peuple algérien et à la consolidation des institutions de l’Etat », le président du parti a souligné que ce rendez-vous électoral est « un jalon important à même de permettre le recouvrement de la régularité du suffrage ».
Lors des prochaines législatives, le parti mise sur des listes électorales ou des jeunes avec un niveau académique côtoient des candidats expérimentés », et s’appuie dans sa campagne électorale sur le volet économique en proposant « des solutions réalistes et concrètes, sans pour autant négliger le volet social » tout en plaidant en faveur de « la libération des esprits et de la rupture avec la pensée négative visant à diaboliser toutes les démarches du pouvoir ».
De son côté, la direction du parti Talaie El Hourriyet estime avoir pris une décision « responsable » en participant à ses premières élections législatives après avoir boycotté les précédentes et s’être contentée de participer aux élections locales de 2017 comme première expérience, affirmant que « les pratiques inconstitutionnelles de l’ancien régime sont révolues » et que les prochaines échéances « peuvent constituer la pierre angulaire de l’Etat de droit et de la gouvernance démocratique, si les conditions de son fonctionnement sont réunies ».
Elle a en outre affirmé qu’une forte participation aux élections « sera le seul moyen d’instaurer les fondements d’un Etat dont le peuple est la source du pouvoir », ajoutant qu' »une Algérie nouvelle, démocratique, populaire et pacifique ne saurait être bâtie sans une assemblée populaire nationale qui consacre le pluralisme et la gouvernance transparente qui serviront de base à l’éinstauration d’un modèle politique, économique et social algérien dans une prochaine étape ».
Pour leur part, les partis « traditionnels » doivent s’affirmer face aux nouvelles donnes entourant le processus électoral, le premier défi étant d’assumer les transformations et les changements auxquels ils sont exposés, une étape qui n’a pas été sans entrainer une situation de confusion et de troubles pouvant se répercuter sur les résultats des prochaines élections, même si un parti comme le Front de libération nationale (FLN) détenteur du plus grand nombre de sièges à l’ancienne APN, s’attache au slogan « Se renouveler et ne pas se dissiper » lors du rendez-vous du 12 juin prochain.
aps