L’échéance électorale du 12 juin est le moyen idoine pour opérer le changement escompté à travers la participation effective des futurs membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) à la prise de décision en matière politique et économique dans un cadre réglementaire aux résultats garantis, estiment les représentants des formations politiques contactés par l’APS.
Selon eux, les députés qui siègeront au Parlement pourront transmettre les revendications du Hirak aux institutions de l’Etat et opérer ainsi le changement politique escompté ».
Pour ce faire, des acteurs notables du Hirak ont fait le choix de s’engager dans la course électorale, sur des listes de partis ou d’indépendants, pour réaliser ce changement de l’intérieur même des institutions tout en préservant l’intégrité territoriale et la stabilité du pays dans une conjoncture marquée par de nombreux défis régionaux.
Le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, a, dans ce cadre, affirmé que le peuple qui est la base de la légitimité du pouvoir doit être mieux représenté à l’APN.
Selon lui, le boycott des élections par sa formation politique pendant plusieurs années n’a pas apporté les résultats recherchés. En effet, ces années de boycotte n’ont en rien influencé les décisions du pouvoir mais ont, au contraire, servi l’ancien système, a-t-il dit.
Participer ne veut pas dire plébisciter une quelconque partie mais prendre part à l’acte politique dans le cadre de méthodologies de changement et dans le respect du principe de l’égalité des chances, a-t-il soutenu.
Le président du Front El-Moustakbel, Abdelaziz Belaid a estimé, de son côté, que les problèmes politiques ne doivent pas être réglés par la violence ou en dehors du cadre légal mais plutôt par la poursuite de la lutte pour l’édification des institutions de l’Etat.
M. Belaid a relevé, à cet égard, l’importance de respecter l’autorité du peuple et ses positions et d’œuvrer à son organisation en vue de participer à l’édification d’institutions légitimes en mesure de changer la situation de l’Algérie vers le mieux.
Selon le même responsable politique, la poursuite des marches populaires dans le cadre du Hirak populaire, de manière non-autorisée met au risque la sécurité des citoyens, soulignant que tout acte démocratique est protégé par la Loi à travers le régime des autorisations, auquel sont soumis aussi les différentes formations politiques.
A l’instar des autres formations politiques, le Front El-Moustakbel tente de reconstruire la classe politique et de resserrer les rangs des Algériens dans le cadre d’une vision consciente et cohérente, en vue de surpasser » le pourrissement politique » qui caractérisait l’étape précédente.
Quant au président du parti Jil Jadid, Djilali Sofiane, il affirme la position de son parti en faveur de la transmission des revendications du Hirak aux institutions légitimes de l’Etat, rester dans la rue sans plans précis pouvant conduire vers « l’impasse ».
« Nous avons défendu cette tendance depuis le début et avons demandé une solution au Hirak, car s’il reste dans la rue, il arrivera à une impasse », a indiqué M. Djillali, une des figures de l’opposition en Algérie.
Selon ce même responsable politique, la situation actuelle impose de recourir à la réalité, en transformant le Hirak en un moteur actif, en vue de développer les institutions, en comptant sur les éléments qui y sont actifs, soulignant que » le refus de tout n’est pas une solution, car il sème le désespoir et complique les choses. Le véritable changement vient avec l’acte et non avec la parole, d’autant plus que les conditions préalables ne peuvent être mises en œuvre dans la réalité ».
Pour sa part, le Secrétaire général du Mouvement Ennahda, Yazid Benaicha, estime que la lutte contre l’injustice et la corruption et la consécration de la volonté libre du peuple, débute avec la participation au contrôle de l’action du Gouvernement et l’apport de propositions qui sont en adéquation avec les besoins du peuple, tout en tenant à leur mise en œuvre.
Pour M. Benaicha, les revendications fixées lors du Hirak populaire doivent être concrétisées à travers les efforts des formations politiques au prochain Parlement et du reste des institutions au pouvoir législatif dans le pays, soulignant que le Mouvement a été parmi les participants au Hirak depuis son lancement.
Selon lui, participer à la vie politique dans le pays et œuvrer en vue d’atteindre la contribution à la décision ne sont pas en contradiction avec les aspirations légitimes d’une catégorie donnée du peuple, affirmant que le parti a pris part aux législatives du 12 juin, partant de son évaluation de la gravité de l’étape et du grand besoin de faire entendre la voix de larges franges du peuple, à travers les institutions élues, tout en transmettant ses préoccupations légitimes.
Le président du parti El Fadjr El Djadid, Tahar Benbaïbeche considère, lui, que les élections sont le seul moyen pour sortir de la situation politique actuelle, dans le sens où elles devront permettre au peuple de participer à la prise de décisions dans l’optique d’un début idéal pour l’édification de la nouvelle République.
Il a, à ce titre, souligné qu’un pays de la taille de l’Algérie et de la force de son peuple, « devra être un Etat des institutions, et non des personnes », ajoutant que l’édification d’une nouvelle République requérait l’engagement d’une nouvelle réflexion, le sens de responsabilité et l’unification de toutes les parties prenantes en vue de surmonter cette étape critique.
Pour M. Benbaïbeche, le peuple souffre actuellement d’un manque de confiance dans les rendez-vous électoraux, ce qui l’amène à s’abstenir du scrutin, d’où, dira-t-il, la nécessité pour les partis politiques d’œuvrer pour le rétablissement de cette confiance en faisant montre de crédibilité et en allégeant les souffrances des citoyens, plaidant pour une administration autonome, loin des injonctions.
Dans ce sillage, le président du Mouvement El-Islah, Filali Ghouini a exprimé sa pleine conviction que la réalisation d’un large consensus politique national, appuyé par une base populaire solide, permettra de faire face à toutes les contraintes et aux différents défis qui ciblent le pays.
Il a, en outre, indiqué que le mouvement El-Islah cherchait à gagner la confiance des citoyens, participer à travers les élections à la gestion des affaires publiques par ses représentants à l’Assemblée populaire nationale (APN) et honorer les engagements de ses candidats devant le peuple.
Pour M. Ghouini, l’Algérie est un Etat de droit où le processus électoral mènera inéluctablement à l’émergence d’une nouvelle APN qui exercera ses missions législatives et de contrôle et suivra tous les secteurs ministériels à l’effet de corriger les dysfonctionnements antérieurs et répondre aux revendications pour lesquelles la rue s’est soulevée.
aps