L’enjeu de la mer Noire sur l’économie mondiale

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la région que la mer Noire attise toutes les convoitises. En effet, plusieurs guerres ont été le théâtre de cette mer du fait notamment des détroits du Bosphore (à l’est-nord-est) et des Dardanelles (à l’ouest-sud-ouest) qui relient respectivement cette mer à la mer Noire et à la Méditerranée. Ces deux bras de mer forment ce qu’on appelle les Détroits.

 La citadelle d’Istanbul verrouille le passage de la mer Noire à la mer Méditerranée. Aujourd’hui, c’est à l’aune du conflit ukrainien que cette mer se rappelle à notre bon souvenir, mais ce passage stratégique reste d’une même intensité et d’un enjeu stratégique. Faut-il rappeler que c’est par ce passage que transite le blé ukrainien et russe qui alimentent le monde entier en diverses céréales.

L’objet des négociations russo-américaines en Arabie saoudite

Les délégations russes et américaines se retrouvent cette semaine à Riyad, pour négocier un cessez-le-feu en mer Noire et permettre les exportations de blé ukrainien vers le monde entier. Sans cet accord, c’est l’alimentation mondiale qui risque d’être perturbée, voire créer une famine.

Des pays importateurs comme l’Égypte, l’Algérie et d’autres pays africains risquent de voir leurs approvisionnements en céréales perturbés et même interrompus pendant un long moment et les stocks non écoulés pourrir sur les quais et les silos où ils sont entreposés.

En outre, ces exportations représentent des recettes financières indispensables pour l’Ukraine et un peu moins pour la Russie. L’enjeu véritable, cependant, est de vérifier que ce passage ne serve pas à l’Ukraine pour s’approvisionner en armes et en munitions dont elle a cruellement besoin.

Qui doit surveiller le contenu des bateaux qui traversent le détroit ?

À l’évidence, la Russie n’acceptera pas une surveillance européenne ni de pays qui lui sont hostiles. L’hypothèse de la participation d’une force onusienne (casques bleus) est très certainement la solution sur laquelle tout le monde peut tomber d’accord, après un vote des membres permanents du Conseil de sécurité. La raison humanitaire étant évidente, il serait peu probable qu’un de ces pays mette son véto à une telle résolution.

Reste que le délai du cessez-le-feu est un élément important de la négociation entre les Russes et les Américains par ukrainiens interposés. En effet, évacuer des tonnes de céréales du port d’Odessa vers le détroit du Bosphore pose un problème logistique ( bateaux, grues, rail…) important qu’il va falloir prendre en charge, après les destructions ravageuses subies et le minage de la mer noire.