Belmadi n’a pas pu juger le travail d’une première partie du stage préparatoire de la CAN-2021 fortement perturbé par les absences et les nombreuses contaminations par la Covid. Ce n’est que jeudi qu’il a pu, en effet, compter sur un effectif d’une quinzaine d’éléments plus ou moins opérationnels, lui qui a dû faire appel à un quatrième gardien, Medjadel, pour pallier les retards de M’Bolhi et Zeghba retenus par leurs clubs en Arabie Saoudite jusqu’à hier mais également suppléé des clubs qataris pour qu’ils lui libèrent exceptionnellement Tahrat, Benlamri et autre Brahimi. Un vrai casse-tête pour un sélectionneur qui s’attendait à tout dès lors que la machine de déstabilisation conduite par la Fifa de Gianni Infantino s’est mise au service des clubs européens.
Ce n’est plus un stage de préparation mais un camp de transit, semblait dire le sélectionneur algérien lors de sa conférence de presse, jeudi matin au niveau du lieu d’hébergement des Verts à Doha. Très remonté contre la Fifa qui a accordé une «dérogation» aux clubs européens et autres de conserver leurs joueurs africains retenus pour la CAN jusqu’au 3 janvier, Djamel Belmadi a évité l’affrontement qui lui serait fatal, ainsi qu’à la sélection nationale, en cas de levée de boucliers de la part de l’instance internationale mais a dit ses vérités. Crues mais sans démesures. «Je ne sais pas comment expliquer la décision de la Fifa.
C’est aux médias de relayer ce qui a motivé l’instance mondiale. On ne prend pas en considération les préparations des sélections africaines. La CAN est une compétition d’envergure. Cette décision de laisser les joueurs en Europe jusqu’au 3 janvier était inattendue. C’était normalement le 27 décembre. Deux jours avant le rassemblement, on nous chamboule tout», a-t-il tempêté. Avant de faire savoir qu’il ne perd pas pour autant sa sérénité afin de préparer au mieux la sélection à défendre son sacre de 2019.
Le coup des Scorpions
Belmadi qui avait reconnu que les turbulences générées par une telle décision tardive a impacté toutes les équipes, pas seulement l’Algérie. N’empêche que, pour lui, la sélection algérienne est la principale «victime» de cette manœuvre. «Tout le monde va vouloir nous faire tomber, encore plus la Côte d’Ivoire qui est d’ores et déjà non qualifiée pour la prochaine Coupe du monde. Ils vont vouloir gagner cette CAN, nous, nous allons assumer. Nous voulons rester haut, nous voulons rester forts», croit Belmadi. Un sélectionneur algérien qui n’en revenait pas hier lorsque la fédération gambienne annonçait que sa sélection ne pouvait respecter l’accord de disputer le match amical contre les Verts en raison d’un prétendu problème lié à l’absence d’un gardien de but dans le groupe encore opérationnel dont le technicien belge des Scorpions, Tom Saintfiet, dispose à une semaine de l’ouverture de la CAN.
Un coup tordu autrement plus pénalisant que la partie algérienne s’est dite scandalisée par cette annulation intempestive. Le ton employé dans le communiqué confirmation l’annulation du match illustre parfaitement la colère de la FAF, celle exprimée justement par Belmadi.
«Malgré tous les efforts entrepris par la Fédération algérienne de football (FAF) et les organisateurs (…) la partie gambienne a décidé de manière unilatérale et à quelques heures de ce match d’annuler cette rencontre sous prétexte que cette sélection enregistre l’absence d’un gardien de but !», se désole d’abord la FAF qui, ensuite, «déplore cette attitude qui fait preuve d’un grand manque de professionnalisme et de respect vis-à-vis des parties ayant tout mis en place pour la réussite de ce match de préparation, dans un pays frère qui, à travers la Fédération qatarie de football (QFA), n’a pas hésité à apporter toute l’aide et les facilitations nécessaires».
Un acte délibéré des Gambiens que les Algériens avaient flairé dès lors que l’entraîneur belge des Scorpions s’est mis à anticiper l’annulation du match d’hier à travers des déclarations et des posts sur les réseaux sociaux. «La réaction désinvolte du sélectionneur de la Gambie qui n’a pas hésité à faire des annonces avant même la prise de décision officielle d’annulation, est également un acte inélégant à plus d’un titre», note le communiqué de la fédération algérienne dont les responsables ont promis d’actionner la procédure réglementaire qui régit ce genre de confrontations. «La Fédération algérienne de football (FAF) fera valoir ses droits en ce qui concerne les frais engagés auprès des instances concernées, tout comme elle entreprendra les démarches qui s’imposent pour dénoncer l’attitude désobligeante de la partie gambienne», lit-on enfin.
Ce à quoi le coach belge de la Gambie n’a pas tardé à régir «Ce que la Fédération algérienne de football dit est archi-faux. Je n’ai jamais déclaré que le match était annulé. J’ai juste dit que les chances de le voir se tenir étaient minces et qu’on ne pouvait pas jouer. On a informé toutes les parties concernées par l’organisation, y comprise la FAF, de notre situation 3 heures avant que je parle à la presse. Il est de mon droit de parler de la situation de mes joueurs et mon équipe et j’ai toute la liberté de le faire», expliquera l’entraîneur belge qui s’attaquera au manager de l’EN, Lamine Abdi lequel semble, selon Saintfiet, ne pas maîtriser la langue de Shakespeare. Le manager de l’équipe d’Algérie était fâché contre moi. S’il ne comprend pas bien l’anglais, ce n’est pas vraiment mon problème», a déclaré le Belge au journal portugais A Bola et dont les propos ont été rapportés par le site La gazette du Fennec.
Désormais, avec cette annulation, l’EN devra se suffire du test face au Ghana, mercredi, pour mettre en place son plan final pour la CAN-2021. Croisons les doigts pour qu’un autre imprévu ne surgisse.
Le soir d’Algérie.