Les relations algéro-françaises : Une évolution en dents de scie !

Les relations algéro-françaises ont de tout temps évolué en dents de scie, avec des périodes de coopération, de confiance voire de fraternité, suivies de périodes de crispation, de suspicion et de conflits et celle actuelle n’est ni plus ni moins inédite.
Par contre, les futures élections présidentielles différent des autres par le poids des voix des binationaux et la médiatisation exceptionnelle des thématiques menée. Le ministre de l’intérieur B. Retailleau va jusqu’à proposer la saisie de nos avoirs immobiliers et financiers et d’interdire à Air Algérie de desservir la France, oubliant au passage Air France.
C’est à travers ce prisme qu’il faut analyser les dérapages de la crise actuelle avec le rappel des ambassadeurs et l’expulsions de diplomates, de par et d’autre. En outre, la violence, à peine voilée, des prises de position d’hommes politiques et des médias contrôlés par des magnats de la finance d’extrême droite devient monnaie courante. Il faut donc s’attendre à une montée en puissance des discours haineux et des attaques tout azimut contre notre pays et ses intérêts biens compris, jusqu’en 2027.
La droite dure et l’extrême droite auront une chance historique d’emporter les présidentielles à condition de maintenir ce discours de peur et de haine et de le durcir pour arriver à ses fins politiques. Le centre et la gauche, ne peuvent prétendre à la victoire, que dans la mesure où ils s’unissent sur un programme minimum, ce qui n’est pas évident. Durant cette période, l’Algérie comptera les points !
La nouvelle publication d’un ouvrage sur l’Algérie, de X. Driencourt, s’inscrit dans ce cadre et confirme ce que nous avons pressenti, dès la parution de son premier ouvrage intitulé l’énigme algérienne, à savoir la mission nouvelle que lui a confiée « la boîte noire ».
Les sorties médiatiques de ce retraité, en mission commandée, qui multiplie les interventions, sur toutes les chaînes françaises et la presse écrite, avec le titre d’ex ambassadeur (par deux fois) en Algérie, ne peuvent pas être fortuites, à l’évidence mais doivent être considérées comme une forme de communication déguisée, pour faire passer des messages aux opinions publiques des deux pays ainsi qu’aux politiciens.
On aurait tort de penser qu’il s’agisse d’une opinion personnelle ou d’une haine viscérale pour notre pays ou du « complexe du colonisateur », comme certains analystes algériens le clament ! L’analyse froide de ses propos nous indique les objectifs de sa mission et la phrase contenue dans son premier livre, prend tout son sens, lorsqu’il écrit que, « les relations avec l’Algérie sont, à la fois, un problème de politique extérieure et intérieure de la France ». Peut-on être plus explicite que cela ? Il a été le fondateur de la diplomatie du visa, qui a fait que la France ait décidé unilatéralement de diminuer de 50 % les visas délivrés aux algériens (même chose pour le Maroc) sous prétexte que notre pays « rechigne » à accepter le rapatriement de nos ressortissants, lorsqu’ils ont été condamnés pour divers délits (OQTF).
Il avait donc la main sur le robinet des visas, à la hausse ou à la baisse, pour négocier, comme le font les maquignons, un jour de marché à bestiaux et propose aujourd’hui aux autorités françaises actuelles d’user et abuser, de cet instrument, pour infléchir la position algérienne et notamment pour la renégociation des accords historiques de 1968, avantageux, selon lui, aux ressortissants algériens par rapport aux autres pays du Maghreb.
C’est d’une logique implacable, que X. Driencourt affirme que le problème de la politique intérieure de la France en Algérie, c’est la « démocratisation du régime algérien » qu’il qualifie de politico-militaire et que notre pays risquait de « s’effondrer entraînant la France avec lui ». Dès lors, implicitement il en déduit que la France doit garder un droit de regard sur la politique intérieure de l’Algérie afin de l’obliger à entrer dans un processus de « démocratisation » qu’il situe dans le mouvement du Hirak. Enfin, il faut espérer que cet ex ambassade n’aura pas le même sort que son prédécesseur J. Bajolet qui vient d’être mis en examen pour extorsion de fonds.
Les statistiques françaises font pourtant état d’un nombre de visas délivrés qui est passé de 420.000 à 15.000, durant ces trois dernières années… ce qui va pousser certains hommes politiques à proposer le concept nouveau de l’émigration choisie, compte tenu du vieillissement démographique.
C’est ainsi que lors du dernier passage à Alger du ministre français de l’intérieur (N. Sarkozy), ce dernier avait suggéré, que les postulants à l’émigration devaient être des diplômés (médecin, ingénieur, technicien supérieur, infirmière…) c’est-à-dire, uniquement nos élites formés gratuitement par les deniers publics algériens.
Tous les prétendants sont en ordre de bataille pour l’élection présidentielle de 2027 mais sans l’avouer et concentrent toutes leurs énergies avec leurs états-majors officiels et officieux, pour se lancer dans la bataille avec tous les moyens disponibles. Les précédentes élections présidentielles nous enseignent que la marge entre le vainqueur et le vaincu tourne autour de 1 à 2% des voix exprimées (sauf celle de J. Chirac et J.M. Le Pen).
En évaluant notre communauté nationale à quelque sept (7) millions d’algériens résidant en France, tous statuts confondus, un simple calcul rudimentaire nous permet d’évaluer qu’avec 69 millions d’habitants et quelques 30 millions de votants potentiels, entre 3 à 4 millions de voix peuvent faire basculer l’élection présidentielle vers l’un ou l’autre des candidats arrivés au second tour ! Retenons bien ce chiffre indicatif car la réalité est certainement plus complexe (courants politiques, abstentions, atavismes, situation économique, âge des votants…) !
Évalués entre 5 et 6 millions, les binationaux d’origine algérienne, en France, représenteraient quelque 3 à 4 millions de votants potentiels à l’élection présidentielle de 2027, ce qui peut faire la différence et mener à la victoire le candidat qui pourrait capter cet électorat ! C’est tout l’enjeu des prochaines élections présidentielles et celles à venir, ce qui explique, en partie, la politisation à outrance du dossier des flux migratoires et en particulier du cas spécifique des algériens et pas des autres. Tous les états-majors politiques sont parfaitement conscients de cette réalité politico démographique et de son impact sur les élections en général et celle présidentielle en particulier.
Certes, l’homogénéité du vote des binationaux n’est pas assurée et certains voteront pour la droite et même pour l’extrême droite mais en général, comme pour toutes les minorités de par le monde, ces catégories votent pour des candidats porteurs d’idées de gauche. En fait, il semblerait, que pour les élections de 2027, le candidat qui aura le plus de chance de l’emporter se situerait au centre droit, même s’il ne jouit pas d’un appareil politique (parti) solide et financièrement solide.
La récente reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental par E. Macron ne surprend personne car il ne fait que enfoncer le clou pour créer un nouveau rapport de force qu’il considère avantageux pour la France. X. Driencourt affirme que « les efforts consentis en direction de l’Algérie par la France, n’ont pas été payés en retour » et propose en conséquence un rapprochement avec… le Maroc.
Cette volteface de la France, qui auparavant soutenait les résolutions des Nations-Unies, pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination, va plonger nos relations dans une nouvelle zone de turbulences et la visite d’état prévue mais non fixée, en septembre, n’est plus à l’ordre du jour des deux agendas.
Rocambolesque, me parait l’épithète le plus approprié, pour décrire ce feuilleton, que d’aucun appelle déjà « l’affaire Boualem Sansal » affublé de compatriote. En effet, des mots comme pressions diplomatiques et consulaires, rappel d’ambassadeur pour consultation, rapport de force…, ont été employés, pour décrire cette « ingérence », une de plus voire de trop !
Cette situation, de facto et de jure, tenait au fait, que la France a toujours considéré que le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, sont ses « profondeurs stratégiques captives » et en particulier pour le cas de l’Algérie, qui est le seul pays en Afrique à avoir été trois départements français, avant son indépendance. A partir du moment où l’Algérie avait rejeté ce pacte colonial, pour des raisons historiques évidentes, deux profondeurs stratégiques vont s’affronter, au lieu de se mutualiser, chacun se considérant comme légitime et menant sa politique sans concertation avec l’autre.
Deux solutions vont se présenter à eux, soit la confrontation soit la coopération. Malheureusement, la France a choisi la confrontation avec l’Algérie, dans la région, au nom de ses intérêts bien compris (économique, financier, minier et culturel…) en sabotant toutes les initiatives que notre pays entreprenait, pour consolider sa place de « pays pivot » dans la région. C’est le cas pour le Mali où notre pays a joué de son soft power, pour arriver aux « accords d’Alger » qui aurait dû mettre fin à la guerre civile entre le Nord et le Sud de ce pays. La décision de la France d’intervenir militairement (opération Barkhane), ne va pas régler le problème politique et le Mali est entré dans une spirale de la guerre civile avec un risque majeur, de partition du pays. Il aurait été plus constructif que la France apporte son influence pour consolider les « accords d’Alger » afin de sortir la région sahélo saharienne d’une dynamique de contagion.
Le résultat c’est un échec total et une diminution drastique de sa présence civile et militaire sur le continent, sur la demande de ces pays. Toutes les tentatives de rapprochement entre les deux pays ont été systématiquement parasitées à travers « l’affaire Sansal » ou l’influenceur Boudalem, relayée par tous les médias français en boucle. En résumé, dès que les relations entre nos deux pays font des pas dans le rapprochement, des forces d’extrême droite agissent sournoisement pour les cannibaliser. E. Macron avait affirmé il y a deux ans « qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que l’on fait depuis des années maintenant avec l’Algérie, n’aboutisse pas… et bien j’ai un message très simple, je vais continuer » non sans souligner « l’amitié et l’engagement du Président A. Tebboune pour aller de l’avant dans les relations entre les deux pays ».
Les relations algéro-françaises ne peuvent se concevoir que dans la mesure où elles s’inscrivent dans le moyen et long terme, de manière à transcender les vicissitudes diverses et variées que nous imposent l’histoire et la géographie. Aucune normalisation n’est possible, dans nos relations, tant ces dernières son passionnelles et passionnées.
Libérée des besoins de financement et de sa dette extérieure, notre pays dispose d’immenses opportunités d’investissement dans tous les domaines et notamment dans les mines, les infrastructures, l’industrie, l’agriculture, le tourisme… et autres filières technologiques.
La France peut profiter de ces opportunités, dans le cadre de la concurrence, de manière à tisser des relations fécondes, en dehors de toutes surenchères xénophobes et d’attitudes paternalistes que dicte le narratif du moment. Si la France se laisse déborder par les faits divers, d’autres pays n’hésiteront pas à prendre sa place. Elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même.
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