Après sa visite en Pologne et celle surprise à Kief, le Président J. Biden, a débloqué un autre verrou dans l’escalade militaire en annonçant, l’envoi de 31 chars Adams à l’Ukraine, ce qui a permis au Chancelier allemand d’en faire autant avec l’envoi de 17 chars Léopold 2. Les autres membres de l’UE vont certainement suivre, chacun avec ses moyens modestes et refileront leurs arsenaux vieillis, promis à la casse, pour s’équiper d’armements modernes américains ! Cette escalade est le signe évident que l’armée russe emporte la victoire sur le terrain militaire et la peur d’un effondrement de l’armée ukrainienne du côté occidental.
Bientôt à une année déjà que « l’opération spéciale russe », a été déclenchée en Ukraine et tout le monde considère comme une confrontation entre les USA et la Russie par l’Ukraine interposée. Cette guerre a entraîné des dégâts collatéraux planétaires, sur les relations internationales et l’économie mondiale. Commençons par affirmer que ce conflit date véritablement depuis plus de neuf ans, avec la non application des accords de Minsk I et II, garantis par l’Allemagne et la France notamment et l’avancée sournoise de l’Otan aux frontières de la Russie, contraire aux promesses, non écrites, des USA et de ses alliés occidentaux.
Dans cette affaire, les USA ont pratiquement tout gagné. Au niveau géostratégique et géopolitique, les USA tuent dans l’œuf toute idée d’une défense européenne et tout rapprochement entre l’Europe et la Russie. Ils obligent l’UE à serrer les rangs au sein de l’Otan qu’ils contrôlent militairement, au niveau du commandement, contraignant ses alliés à mettre « la main à la poche » pour leur participation à son budget et en invitant les non-membres à rejoindre l’alliance (Suède, Finlande). Toute idée de construction d’une Europe de « l’Atlantique à l’Oural » chère au général De Gaulle et de la « maison européenne », chère à Gorbatchev, est définitivement enterrée. Enfin, dans son « bras de fer » (et notamment sur le dossier de Taïwan) avec la Chine et après l’affaire dite « du ballon chinois », les USA entraînent derrière eux, l’UE dans une confrontation perceptible dans l’océan pacifique. En même temps, les USA ont renforcé leur complexe militaro-industriel, qui a rempli son carnet de commandes pour les dix prochaines années, en approvisionnant son propre arsenal, celui des pays membres de l’UE, de ses alliés asiatiques (Japon, Taïwan notamment) et le reste des pays du monde notamment les pays du Golfe et le Maroc.
Au niveau énergétique, les USA vont livrer leur gaz en remplacement de celui russe (quelque 150 milliards de m3) et notamment en gaz de schiste, après avoir saboté les deux gazoducs Nord Stream I et II. Ils vont livrer du pétrole, à des prix supérieurs au niveau actuel du marché, ce qui va booster les entreprises américaines. Enfin, les céréales américaines (blé, maïs, orge et avoine…) vont pouvoir se placer, en force, sur le marché mondial, pour remplacer les céréales russes et ukrainiennes. Finalement, les USA ont réussi à tirer un maximum de profit dans ce conflit et reste maître du jeu pour mettre en œuvre la « paix juste » que vient de déclarer J. Biden, ce qui a ébranlé V. Zelenski, lors de sa visite à Washington. Enfin, la reconstruction de l’Ukraine dévastée, se réalisera via des entreprises américaine (Black roc est déjà sur les rangs), compte tenu que les « aides financières » américaines à l’Ukraine sont à 80% sous forme de prêts et 20 % de dons !
Quant à l’UE, elle a tout perdu et s’est fragilisée dans tous ses compartiments (politique, diplomatique, stratégique, défense, économique, financier) mais elle a surtout perdu en crédibilité vis-à-vis de ses profondeurs stratégiques et notamment en Afrique. La Russie, quant à elle, poursuit et consolide sa position sur le terrain, en récupérant les territoires qu’elle considère lui appartenir historiquement et pour protéger les populations russophones bombardées depuis plus de neuf ans.
Dans ce conflit, les bases de la « paix juste » vont porter sur les acquis sur le terrain. Si la Crimée n’est pas négociable, pour la Russie, les territoires du Donbass et de Lougansk peuvent faire l’objet de tractations diplomatiques, comme un statut russe d’autonomie ou au pire de territoires sous contrôle onusien… L’intégration de la nouvelle Ukraine « amputée », à l’UE, est envisageable sur le long terme (les vingt prochaines années) mais son appartenance à l’Otan est exclue pour la Russie. La « stabilisation » dans la région, (une espèce de finlandisation bis), sera âprement négociée entre les USA et la Russie, l’Ukraine tiendra le strapontin mais bénéficiera, en contrepartie, d’un « nouveau plan Marshall » pour sa reconstruction exclusivement américaine. L’histoire ne retiendra de ce conflit qu’il va essentiellement permettre aux relations internationales de passer d’un hégémonisme unilatéral américain à un multilatéralisme en construction.
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