Dr Mourad GOUMIRI.
Il faut rappeler que la Ligue arabe est une organisation régionale fondée le 22 mars 1945 au Caire par six pays et compte en 2015 vingt-deux (22) États membres. L’organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d’État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Ahmed Aboul Gheit depuis 2016. De plus, divers organismes ont été créés ainsi que plusieurs agences spécialisées. Cette institution avait pour mission principale de rapprocher et de consolider, les points de vue des pays membres et de toujours œuvrer pour la résolution des problèmes par le dialogue et la concertation. Dans ce cadre, elle a joué un rôle primordial et permanent, dans la lutte du peuple palestinien, pour le recouvrement de son indépendance.
Force est de constater que cette mission de conciliation n’a pas été atteinte, bien au contraire, ce qui a diminué de son importance et de son efficacité, arrivant même à ne plus pouvoir assurer ses réunions annuelles statutaires. Le paroxysme de la crise a eu lieu, lorsque l’Egypte d’Anouar El Sadate a normalisé unilatéralement ses relations avec Israël, ce qui a conduit les pays membres à établir son siège en Tunisie, pendant de nombreuses années. Depuis cette date, cette institution a navigué à vue, en fonction de la conjoncture du moment et des conflits interarabes qui se sont succédés, même son siège est retourné en Egypte, entre-temps. La capacité pour un pays de réunir, avec une représentation quantitative et qualitative, un sommet de la Ligue est devenu au fil du temps une véritable gageure, tant les dissidences et les conflits voire les guerres (Yémen, Irak, Syrie, Libye…) entre pays membres étaient exacerbés.
Des trésors de diplomatie ont été fournis par notre pays, pour que le sommet d’Alger puisse se tenir avec un maximum de pays membres et que le communiqué final puisse être signé par tous les membres présents ou même absents, les sujets de discord ne manquant pas. Aussi, quelles que soient les divergences et le résultat de ce sommet, le simple fait qu’il se tienne à Alger est une victoire en soi, pour notre pays d’autant qu’il se déroule dans une conjoncture internationale d’une extrême gravité sécuritaire, politique, économique et financière. Il n’y a aucun doute, que toutes les puissances du moment, vont scruter les résolutions finales à l’aune des leurs intérêts dans la région et réagiront en conséquence. Pour ceux des pays, qui ont tout fait pour qu’il ne tienne pas, dans l’ombre ou explicitement, ils redoubleront d’effort, après le sommet, pour déconstruire ce qui a été retenu durant le sommet. La venue à Alger, du SG de la ligue arabe, a pour principale mission de peaufiner la résolution finale et « d’aplanir » ce qui reste encore conflictuel. Il faut signaler également la visite éclair du ministre marocain dans certains pays du Golfe et notamment en Arabie Saoudite, pour certainement proposer une médiation entre son pays et l’Algérie, ce que l’Algérie refuse dans le fond et dans la forme. Il est évident que la venue éventuelle du roi Mohamed VI, ne pourra pas se faire sans contreparties ou du moins sans que le roi ne perde la face, vis-à-vis de ses pairs mais également par rapport à son opinion publique.
Mais le point nodal, d’une pareille rencontre, c’est les rencontres entre premier responsable des pays membres et les tractations secrètes qui seront organisées, hors champ médiatique, chaque pays sera comptable devant son opinion publique et celle internationale des positions qu’il va défendre, du fait notamment de la présence comme observateur, des institutions internationales comme l’ONU et l’UA et éventuellement, de l’UE. Nul doute que ce sommet laissera « des traces » dans les futures relations internationales et qu’il marquera de son sceau ces dernières, jusqu’au prochain sommet. Les « dés sont jetés », il faut maintenant que chacun marque ses points !
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