Ses enfants, Smail et Tarik, ses frères d’armes et des historiographes ont, à l’occasion, déroulé son parcours et sa vie au front et à en faire connaitre les facettes méconnues de l’Histoire, notamment sur sa désignation par le colonel Amirouche comme chef de la Wilaya III ou sa promotion au grade de colonel.
A ce sujet, le secrétaire général de l’ONM de la wilaya de Bejaia, a souligné, dans son témoignage qu’avant sa mort survenue le 29 mars 1959, « le colonel Amirouche avait envoyé un message à partir de Tunis, dans lequel, il affirmait sa décision de faire de Abderahmane Mira, son remplaçant à la Wilaya III ».
« Juste après sa mort, le lieutenant Djabali d’Amizour nous a réuni (les moudjahidine) pour nous annoncer la nouvelle et éviter que nous succombions au désarroi et à la peine », a-t-il affirmé, expliquant que le nouveau chef, en mission en Tunisie, « n’avait pas tardé, dès juillet 1959 à rejoindre la Wilaya III à la tête de deux compagnies d’acheminement des armes, avec tous les périls du contexte, notamment, l’installation de la ligne Morice, sur les frontières et l’accentuation de l’opération jumelle qui avait affaibli sensiblement le front, notamment à cause du manque d’armes qui commençait à se faire ressentir ».
En fait, le contexte général de la wilaya III « n’était pas au beau fixe », soutiendra, pour sa part, Ali Battache, ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN), historiographe et auteur de plusieurs ouvrages sur la Révolution, qui relèvera, notamment, l’opération la bleuite, la mort d’Amirouche, le manque d’armes, entre autres. « L’arrivée de Abderahmane Mira à la tête de la Wilaya avait revigoré et resserré les rangs et réussi même à relever le moral des civils, en allant leur parler de vive voix, sillonnant ainsi une foultitude de villages », a-t-il soutenu.
Lui emboitant le pas, son fils Tarik Mira, a tenu à rappeler que son père, le jour de sa mort, rentrait d’une tournée à travers l’ouest d’Akbou, notamment les villages d’Ouzelaguène, où il a mené une campagne auprès des populations locales, pour continuer à s’engager courageusement dans la révolution. « Seulement, arrivé à Ait Hyani, alors qu’il traversait l’oued local, il a été surpris dans un guet-apens tendu par le 2ème R.I.MA.(Régiment d’Infanterie marine aéroporté). Mira a d’abord était blessé par une grenade, un lance-patate, puis touché par une balle au visage », a narré son fils, avant de souligner que quatre jours après, « au terme de réjouissances coloniales hors normes, son corps a été exposé devant les habitants du village de Taghalat, d’où il est originaire, pour frapper les esprits et avertir du sort qui attend tous les résistants ».
Tous les intervenants et les témoignages ont souligné le courage de l’homme, sa témérité, son sens de l’organisation et ses qualités de meneurs d’hommes. « Il ne savait pas reculer devant le danger, toujours prêt à aller de l’avant », a souligné un moudjahid, se remémorant un épisode près de la frontière tunisienne où, face à la difficulté pour les moudjahidine à franchir la ligne Morice, « Abderrahmane Mira à forcé quand même le passage et est rentré au pays », a-t-il évoqué en s’attardant sur l’envoi en tant qu’émissaire pour mettre de l’ordre dans la Wilaya VI historique et la tâche difficile à laquelle il a fait face.
Quasiment tous les aspects de son parcours et ses hauts fait d’armes ont été abordés en ce premier jour du colloque qui s’est tenu devant une salle archicomble et qui augure d’une seconde journée, demain samedi, tout aussi riche.
Ce vendredi, une cérémonie de recueillement et dépôt de gerbe de fleur a été observée au carré des martyrs de la ville de Tazmalt, qui a profité de ce moment d’émotion pour lui rendre un hommage appuyé, notamment par la chanson et la poésie. Un film documentaire sur l’itinéraire du chahid fait de sacrifices a été également projeté en fin de journée.
APS.