Dr Mourad GOUMIRI.
Il ne se passe pas un mois sans que les pouvoirs publics annoncent le limogeage voire la mise de fin de fonction, d’un cadre supérieur (ministre, wali, P-DG, DG, gouverneur, général, conseiller…), sans autres formes d’explications, ce qui donne libre cours à toutes les interprétations et autres supputations. Dans tous les pays, la nomination d’un cadre supérieur fait l’objet d’une annonce suivie d’un curriculum vitae, même sommaire, dans lequel l’essentiel de ses diplômes et de son parcours (background) est recensé, ce qui justifie sa désignation. Ce n’est pas toujours le cas chez nous donne l’impression que cette nomination est suspecte a priori alors que ce n’est peut-être pas le cas ! La même problématique se retrouve, lors de la mise de fin de fonction, sans justification communicative d’un cadre (les deux processus se conjuguent) ce qui alors amplifie les commentaires souvent malveillants et les pires supputations imaginaires, qui portent gravement préjudices aux personnes incriminées, alors que souvent ceux sont des actes volontaires et personnels (santé, limites d’âge, convenances personnelles…). Le couple nomination-limogeage est un acte de souveraineté que seuls les décideurs prennent de manière discrétionnaire mais l’information publique de cet acte nécessite un minimum d’information pour un large public, qui se pose des questions sur son origine. Il n’y a rien de déshonorant d’être limogé de ses fonctions, lorsque l’autorité concernée considère que les efforts fournis sont insuffisants ou qu’une faute jugée « grave », aux yeux de l’autorité en charge d’évaluer le rendement, entraîne cette décision. Mais laisser planer le doute sur les motivations réelles de cette décision, porte préjudice, en premier lieu, sur cette autorité qui prend la décision et ensuite sur la personne concernée, qui dans certain cas n’est même pas au courant du bien-fondé de la décision et sans possibilité de recours ou et de réhabilitation. La transparence exige un minimum de lisibilité dans les nominations et les limogeages des cadres supérieurs, sachant que le processus est lui-même complexe et qu’il obéit à des règles souvent non écrites (enquêtes, habilitation, relations, environnement, délation, antécédents…), qui couronnent le processus. Il est donc urgent de réglementer, un tant soi peu, cette procédure en procédant à la publication officielle des motivations ayant entraîné la décision.
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