Né le 22 octobre 1907 à Rovigo (Bougara), Jules Roy a passé son enfance à Sidi Moussa. Dans ses écrits, l’écrivain a dénoncé publiquement la guerre d’Algérie et ses horreurs. Son engagement en faveur de l’indépendance de notre pays lui a valu des menaces de mort de la part de l’OAS.
Dans sa collection «Petits inédits maghrébins», «djib», les éditions El Kalima publient Fêtes à Alger de Jules Roy. Cet ouvrage, préfacé par Chérif Oujdi, rassemble des textes et des évocations inédites de l’auteur. Jules Roy a effectué plusieurs voyages en Algérie tout au long des années 60. Il est revenu en 1975, en 1982 et une dernière fois en 1995. Ces séjours lui ont inspiré les textes compilés et publiés dans cet ouvrage.
Au printemps et durant l’été 1960, après la disparition d’Albert Camus pour lequel il vouait une admiration sans faille, Jules Roy sillonne plusieurs villes d’Algérie, notant ses impressions sur des carnets de voyage.
En retournant en France, il rapportera dans sa valise La Guerre d’Algérie, publié en secret par Julliard en septembre 1961. L’écrivain reviendra plusieurs fois en Algérie. Il signera une série de reportages pour le magazine L’Express.
En avril 1962, il écrit dans ses carnets : «… je salue cette paix et je remercie l’homme qui l’a donnée. Oui, j’aurai un coup de cœur le jour où je verrai le drapeau algérien flotter sur les monuments publics d’Alger… Mais il s’agit simplement de savoir si les injustices doivent être réparées. Nous n’avions pas de droits absolus sur l’Algérie et nous payons cher notre orgueil d’avoir voulu les garder…»
Quelques pages plus loin, en date du 16 avril, il se trouve à Constantine et note : «Hôtel Transatlantique, presque vide. Nuit affreuse : j’étouffe, je me réveille sans cesse. Le couvre-feu est à 9h du soir… La ville a de la peine de déborder de son rocher. Le Rhummel écumeux coule en bas des gorges, sous le majestueux ouvrage d’art qui les enjambe. On ne sait plus combien il reste d’Européens. 20 000 ? Les Juifs ont fui.»
Dans ses carnets, Jules Roy décrit l’ambiance de terreur provoquée par les attentats perpétrés par l’OAS. En date du 18 avril et alors qu’il se trouve à Rocher Noir (Boumerdès), chez René Paris, son demi-frère, il note : «Les renseignements qui affluent de toutes parts laissent entendre que l’armée ne s’engage pas contre l’OAS, que la situation se détériore de jour en jour à Oran et à Alger, que les musulmans en ont marre et que le jour est proche où ils prendront leur revanche… Communications téléphoniques coupées par mesure de sécurité. Une demi-heure après, quelques employés amorcent sur les balcons d’en face un concert de casseroles peu efficace.»
L’écrivain décrit l’ambiance régnant à Alger, à quelques encablures de l’indépendance. Dans un texte daté du 20 juin 1962, on peut lire : «Alger, à demi-déserte. L’ex-ville blanche devenue lépreuse, les façades éraflées par des rafales de mitraillettes, les piles de valises à vendre, square Bresson ; Bab-el-Oued dévastée, vidée, noire d’explosifs, bordée de tas d’ordures».
Par la suite, Jules Roy visite plusieurs régions d’Algérie. Il est tantôt accompagné par sa fille Geneviève ou par son épouse Tatiana. Dans des carnets à spirale, il observe les changements qui s’opérèrent dans l’Algérie indépendante. Des notes qui vont nourrir ses reportages et ses romans.
En 1963, il effectue une virée à Tizi-Ouzou. En date du 1er novembre, il écrit : «Les cafés sont pleins, banderoles, palmes, foules dans une belle liesse, habits de fête. Soldats en tenue, détendus. On m’a dit à Maillot que Aït Ahmed avait fait un grand discours le matin. Ici banderoles et portraits de Ben Bella.»
Dans un passage consacré à Hammam Melouane, où il s’est rendu en novembre 1965, on peut lire : «Dans ce pays où l’on jure tellement par le sexe, où l’honneur dépend tellement du sexe, on a pour le sexe des pudeurs extrêmes. Au bain, les hommes cachent leur sexe comme un trésor, alors qu’en Europe cette pudeur est ignorée. Au bain, ailleurs, on se montrerait nu. Ici, non. Les reins toujours ceints de la longue serviette. Le masseur s’écarte quand il laisse le baigneur à ses soins intimes…»
En mai 1995, Jules Roy effectue un dernier voyage en Algérie. Il se recueille sur la tombe de sa mère à Sidi Moussa. La nostalgie l’étreint. «Sans patrie, je suis sans patrie, coupé des miens qu’un cyclone a arrachés et dispersés… Ma mère me manque, et la mère de ma mère, et leurs bras tendres et leur douce poitrine où je respirais la lavande des armoires et la chaleur des femmes.»
Jules Roy est décédé le 15 juin 2000 à Vézelay (France) à l’âge de 92 ans. Il a publié de nombreux livres dont La vallée heureuse, Les chevaux du soleil, Ciel et terre, La guerre d’Algérie…
Source: Le Soir D’algérie.
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