Cet ouvrage est un hommage à ma mère et à tous les villageois et villages kabyles», confie l’auteur qui qualifie son ouvrage à la fois de roman, d’essai et de recueil de nouvelles. Interrogé sur ce qui l’a motivé à l’écrire, Mohamed Zeggane affirme qu’il voulait éviter que tout un pan de l’histoire ne disparaisse.
En outre, c’est une reconnaissance à toutes celles et ceux qui font quelque chose de bien pour leurs villages. Ainsi, Thadarth, le village a été conçu comme un condensé de petites histoires dans la grande histoire. Thadarth, était l’équivalent de la cité grecque antique, une communauté de citoyens entièrement indépendante, souveraine, cimentée par des cultes et régie par des lois et organisation qui lui étaient propres.
Ce mot signifiait aussi «lieu du vivre ensemble» tiré du kabyle «tudert» : «la vie». Son organisation pourrait être représentée par une série de cercles concentriques», lit-on dans la page 12 de l’ouvrage.
L’auteur Mohamed Zeggane, attaché au village qui l’a vu naître, le décrit toujours comme étant révolutionnaire chargé d’histoire et de traditions, détruit lors de la guerre de Libération puis reconstruit avec les mains de ses enfants. Selon lui, cet état de fait est pratiquement commun à tous les autres villages kabyles qui, sous l’emprise de la misère, étaient contraints à se prendre charge.
Et c’est justement cette solidarité qui les a sauvegardés. «Les habitants de «Thadarth», devenus réfugiés, avaient quitté leur Kabylie natale et s’étaient établis finalement pour la plupart d’entre eux, dans un des départements des Hauts Plateaux. Certains poussaient leur exil jusqu’aux portes du Sahara. Ceux des villages voisins, dans la catastrophe, étaient venus remplir les maisons de parents et proches déjà difficilement installés dans différentes régions des quatre coins du pays.
Les victimes de cette guerre ne furent jamais indemnisées pour rebâtir leur village», page 9. Au fil des pages, l’auteur évoque l’histoire du village sous plusieurs aspects : historique, anecdotique, architectural, l’organisation sociale, évoque des personnages célèbres sans les nommer décrit les joutes oratoires, etc., avant et après l’indépendance, avec même quelques bribes de l’antiquité.
Les entorses à la pratique religieuse généralement admises étaient liées aux conditions de vie des Kabyles. Cet ‘’islam tranquille’’ côtoyait les croyances païennes qui se basaient sur la mythologie traditionnelle préislamique comme le culte des gardiens ou ‘’iâessassen’’ espèces de génies, de lieux sacralisés, aussi bien les grottes, les sources, les arbres que les roches», page 21.
‘’La contrée des Berbères commence là où les hommes portent le burnous et s’arrête là où les gens ne mangent pas de couscous’’, disait un célèbre ancien historien et sociologue. Porter le burnous est tout un art. Habit sacré, sans être pour autant un accoutrement religieux, son propriétaire, doit savoir le porter et surtout le respecter.
Quoiqu’on dise, c’est ce que firent ce jour-là les enfants de Thadarth», page 65. Pour éditer son ouvrage en Algérie, Mohamed Zeggane dit avoir fait des mains et des pieds, en vain. «J’ai cherché un éditeur, mais tous voulaient de l’argent d’abord.
Ce ne sont pas des gens qui travaillent la culture ou qui se mettent au service de la littérature. Tous ont exigé une publication à compte d’auteur. C’est de leur droit de se faire de l’argent, mais pas sur le dos des écrivains.
Cependant, en faisant des recherches sur internet, je suis tombé sur une maison d’édition française dénommée Les Editions du Net. Tout s’est vite passé et l’ouvrage a été édité et se vend actuellement en France», se réjouit-il. Mohamed Zeggane, né en 1955 à Mechrek, est un retraité du secteur de l’Education nationale habitant à Bouira.
Il débute sa carrière en tant que professeur de langue française puis inspecteur de l’enseignement et la termine en tant qu’inspecteur de l’éducation nationale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages tels : L’Altruiste (2013), Le quart de siècle (2013), Le rêve algérien (2021).
Source: El Watan.
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