Dans le nouveau roman intitulé «Les dupes», que vient de publier l’écrivain Ahmed Benzelikha chez «Casbah Editions» (mars 2021), le lecteur assiste à l’apparition et à la disparition des personnages comme dans un train en marche où des voyageurs montent et descendent infiniment. Il n’y a, en effet, pas de personnage principal dans ce roman captivant d’Ahmed Benzelikha. Tous le sont d’une certaine manière et ne le sont pas à la fois et c’est là que réside l’une des particularités de ce roman. Ce dernier embrasse une infinité de thèmes tout en offrant au lecteur plusieurs grilles de lecture: philosophique, psychologique, politique, sociale, sociologique, économique mais aussi morale. Ahmed Benzelikha invente une histoire qui tient en haleine le lecteur du début jusqu’à la fin. Une histoire «inaugurée» avec comme sujet l’amour, mais aussi mystérieuse que furtive, née sur le Net (les réseaux sociaux) entre une femme mariée qui n’aime pas son époux et un artiste peintre inconnu, honnête et d’une sincérité déconcertante. C’est cette idylle qui constitue le commencement du livre d’Ahmed Benzelikha.
Le lecteur pressé pensera vite, à tort, qu’il s’agit peut-être d’un énième roman à l’eau de rose, une autre histoire d’amour ennuyante et ressemblant à une infinité d’autres. Mais le lecteur qui le pensera découvrira très vite qu’il a tort.
Il s’agit de bien plus que cela. Car, l’écrivain emmène par la suite le lecteur dans son univers profond et à multiples facettes. Ahmed Benzelikha, tout en se servant d’une trame extrêmement riche en imagination, réussit la prouesse de décrire en même temps la réalité du monde d’aujourd’hui avec toutes les spécificités qui caractérisent ce dernier.
L’écrivain montre au lecteur combien le monde d’aujourd’hui est factice et à quel point les réseaux sociaux peuvent falsifier la vérité en allant jusqu’à fabriquer une réalité qui n’existe absolument pas grâce aux performances inouïes des moyens technologiques de communication moderne.
Les personnages de ce roman se font et se défont au fil des pages et le lecteur risque de se perdre sérieusement n’eut été l’ingéniosité de la plume d’Ahmed Benzelikha qui sait demeurer limpide dans son récit en dépit du passage d’un
«acte» à un autre de manière parfois brutale, comme l’est la vie de tous les personnages de ce roman. Qu’il s’agisse des bons (et ils ne sont pas nombreux comme dans la vie réelle) ou des moins bons, Ahmed Benzelikha réussit aussi la prouesse de résumer leur vie avec un style des plus succincts, sans doute pour ne pas ennuyer les lecteurs, Ahmed Benzelikha étant bien placé pour savoir que le lecteur peut abandonner vite la lecture d’un roman, aussi passionnant soit-il, qui s’attarderait sur les détails.
Lesquels, même utiles, peuvent s’avérer ennuyeux dans un monde où la course contre la montre est devenue, l’un des modes d’emploi les plus en vogue.
L’histoire que raconte Ahmed Benzelikha se déroule aujourd’hui, entre 2020 et 2021 puisque l’auteur cite la pandémie de la Covid-19 plus d’une fois sans en faire un objet de fixation car, aux yeux d’Ahmed Benzelikha, l’essentiel se joue ailleurs.
La trame de «Les dupes» est tissée autour d’un tableau de peinture, valant une fortune colossale, faisant l’objet de convoitises de la part d’un roi d’un certain pays imaginaire.
La toile d’art en question fera l’objet d’un vol pour, par la suite finir, personne ne sait où, même pas ceux qui l’ont volée, ni ceux qui ont acheté une pâle copie de ce tableau.
Il y aura ensuite des meurtres suivis d’une grosse manipulation médiatique qui aura comme artisane une grosse boîte de communication spécialisée dans la manipulation des masses via les réseaux sociaux. Des réseaux sociaux qui «gomment le réel au profit de l’artifice, niant le vrai pour le faux, révoquant l’humain et convoquant le profit…en un vaste, clinquant et incessant marché des dupes», résume Ahmed Benzelikha en page 77. En plus de son style d’écriture impeccable et attrayant, Ahmed Benzelikha possède aussi une technique narrative fascinante qui accroche le lecteur. Ce dernier ne peut plus se départir de ce roman qu’une fois parvenu à la dernière page.
Le roman est certes, relativement court (102 pages), mais il est d’une densité et d’une richesse thématique surprenantes. C’est à ce niveau que réside tout le secret et la beauté de ce roman. Et c’est la raison pour laquelle il faudrait s’empresser de le lire. Pour ceux qui ne l’ont pas encore fait bien sûr.
APS.
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