Après avoir changé de main avec la nomination de Madame Radia Kherfi à la tête de cette institution, après celle de Réda Tir, imposé par le Premier ministre Abdelaziz Djerad qui se distingua par son incompétence à diriger une pareille institution dans sa complexité et sa diversité et celle de Sidi Mohamed Bouchenak Kheladi qui, visiblement, se demandait ce qu’il faisait dans cette galère, le CNESE vient enfin de publier son rapport. Dans ce rapport annuel pour l’année 2023, relatif à la situation économique et sociale de notre pays, la Présidente du CNESE s’est livré à un exercice d’exposition de la situation dans divers secteurs sans apporter la moindre appréciation critique et encore moins de solutions opérationnelles, ce qui est dans ses attributions premières. Ce rapport insipide nous apprend entre autres, que les indicateurs économiques sont positifs, que l’inflation a été réduite à 7 %, que le Fonds de régulation des recettes a été réactivé, que plus de deux millions de touristes ont visité notre pays et que les demandeurs d’emploi sont de trois millions…
Que devient la commission d’évaluation des politiques publiques ?
Ce rapport empirique rétrospectif relève d’un bilan exhaustif qui se contente d’exposer la situation à un moment donné, ce qui le rend périmé dès sa parution mais surtout non opérationnel, ce qui a pour conséquence le désintérêt qu’il a suscité. Or, le CNESE a pour vocation, de par son statut, d’évaluer les politiques publiques comme le stipule le nom même de la « Commission d’évaluation des politiques publiques ». En outre, la Commission du développement économique et social traite des impacts de ces politiques sur le processus de croissance et sur les retombées sociales (emploi, salaires, pouvoir d’achat…). Ces deux commissions combinées, après auditions de tous les ministres sectoriels, établissent un rapport dans lequel elles font ressortir les points forts et les lacunes du dispositif mis en œuvre par le gouvernement. Enfin, les points cruciaux du rapport, sont les propositions et les recommandations pour améliorer voire booster le secteur objet du rapport. Cette approche avait fait, des rapports de l’ancien CNES, un document de référence, tant au niveau national qu’international, ce qui permettait au gouvernement de réajuster ses politiques publiques.
Le CNESE bureau d’études ?
Le choix discutable des pouvoirs publics de réduire le CNESE à un rôle de bureau d’études est une catastrophe pour cette institution et pour les politiques publiques qui ne sont évaluées par aucune institution, ce qui entraîne une certaine dilution et un manque flagrant de coordination entre les différents secteurs. L’option de contrepouvoir du CNESE, au sens noble du terme, aurait permis au Président de la république de disposer d’une situation économique et sociale réelle, par rapport à celle fournie par son exécutif et de disposer de propositions et de recommandations opérationnelles. Dans ce cadre, il aurait la capacité de rectifier, voire de changer, ses politiques publiques afin de gérer, au plus près, le développement économique et social du pays, plutôt que de renvoyer les dossiers pour « enrichissement » en Conseil des ministres. Le CNESE aurait la capacité de maturer les dossiers et de vérifier leur consistance effective, ce qui entre dans ses prérogatives, de manière à servir d’instrument de régulation des politiques publiques.
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