Le constat est que l’activité économique mondiale connaît un ralentissement avec une inflation qui atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs décennies. D’après le FMI, «la crise du coût de la vie, le durcissement des conditions financières dans la plupart des régions, le conflit Russie/Ukraine via l’Occident et les effets persistants de la pandémie du Covid-19 sont autant de facteurs qui pèsent lourdement sur les perspectives 2023 ».
1.-Selon les projections internationales, des pressions inflationnistes persistantes et croissantes ont déclenché un durcissement rapide et synchronisé des conditions monétaires, parallèlement à une forte appréciation du dollar par rapport à la plupart des autres monnaies. Pour la zone OCDE, l’inflation reste forte , s’établissant à plus de 9 % en 2022, l’inflation refluera progressivement à 6.6 % en 2023 puis à 5.1 % en 2024.
Cette appréciation du dollar a intensifié sensiblement les pressions sur les prix intérieurs et la crise du coût de la vie dans beaucoup de pays. Les mouvements de capitaux ne s’étant pas rétablis, de nombreux pays en développement et pays à faible revenu restent en situation de surendettement, sans compter le risque de crise alimentaire, la Russie et l’Ukraine représentant plus de 33% des exportations mondiales des denrées alimentaires ce qui alimente l’inflation Ainsi, la croissance économique mondiale ralentit à +1,4% en 2023, avant de rebondir modestement de +2,8% en 2024, loin du rythme estimé de 2022 (+2,9%). Selon l’OCDE, la probabilité de voir la croissance mondiale à un horizon d’un an passer sous la barre des 2,0 % (dans le dixième centile des chiffres de la croissance mondiale depuis 1970) est d’environ 25 %, où les dernières prévisions, plus d’un tiers de l’économie mondiale se contracte en 2023 tandis que les trois principales économies (Etats-Unis, Union européenne et Chine) resteront au point mort.
– en Chine, la croissance nécessaire pour atténuer les tensions sociales d’une population dépassant les 1,4 milliard d’habitants, étant de 8/9% par an, devrait rebondir de +4% en 2023 et de +5,2% en 2024. Mais tout dépendra de de la politique zéro-covid où bon nombre de pays ont mis des barrières , ce qui pourrait entraver fortement l’activité économique du pays ;
-aux Etats-Unis, malgré une inflation élevée et un resserrement monétaire accéléré, l’économie tient le choc grâce à la résilience des exportations et de la consommation. Le pays devrait malgré tout entrer en récession en 2023 (-0,3%), avant de connaître un léger rebond en 2024 (+1,6%). Selon la directrice du FMI je la cite « les Etats-Unis pourraient éviter la récession grâce à un marché du travail toujours dynamique, l’économie américaine étant remarquablement résiliente et si cette résilience continue, les Etats-Unis aideraient le monde à traverser une année très difficile » ;
-en Zone Euro, la récession apparaît dès le début de l’année 2023 (-0,4%), où la crise énergétique affecte le pouvoir d’achat des ménages et la rentabilité des entreprises. Un rebond de croissance est attendu en 2024 (+1%), mais cette reprise devrait être aussi faible que celle observée après la crise de 2012. Elle pourrait d’ailleurs être fortement affaiblie si la crise énergétique se prolonge.
2.-Avec la probabilité de récession selon les rapports FMI/Banque mondiale/OCDE posent cinq questions stratégiques :
Premièrement, le sort de l’économie mondiale ne dépend t-il pas essentiellement de la bonne calibration de la politique monétaire, du déroulement de la guerre en Ukraine et d’éventuelles nouvelles perturbations de l’offre liées à la pandémie ainsi que de l’émergence de la nouvelle économie fondée sur la transition numérique et énergétique face au réchauffement climatique dévastateur pour l’humanité ?
Deuxièmement , les pays développés , particulièrement l’Europe , face aux nouvelles mesures de plafonner les prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars et celui du gaz à 180 dollars le mégawattheure parviendra-t-elle à réduire rapidement et efficacement son déficit énergétique sans une réelle transition énergétique, et quelles implications et quelles conséquences ?
Troisièmement, jusqu’au ira l’endettement où la dette publique mondiale devrait atteindre le niveau record de 71’600 milliards de dollars en 2022 et le coût des intérêts devrait fortement augmenter, faisant peser une lourde charge sur les contribuables marqué dans les pays avancés, où elle est passée pour bon nombre de pays à plus de 100% du PIB, loin du ratio du traité de Maastricht où le déficit des finances publiques ne doit pas dépasser 3 % du PIB pour l’ensemble des Administrations publiques et la dette publique doit être limitée à 60 %. Dans ce contexte , avec le resserrement monétaire vs expansions budgétaires, jusqu’où iront les gouvernements, dans quel but et pour quels résultats et selon la CNUCED, les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de leur dette publique.
Quatrièmement, pour les deux locomotives de l’économie mondiale à savoir la Chine et les USA, premièrement, la situation économique et sanitaire en Chine permettra-t-elle de redynamiser le commerce mondial, et de fluidifier les chaînes d’approvisionnement ou accéléra-t-elle la récession mondiale et deuxièmement, la situation politique et économique aux Etats-Unis peut-elle affecter la compétitivité et l’attractivité de la Zone Euro et du monde ?
Cinquièmement, les marchés émergents fortement connectés à l’économie mondiale, p face à des économies avancées au défi du contexte récessif, dont les BRICS pesant en 2021 environ 25% du PIB mondial estimé à 100.000 milliards de dollars en 2022, avec comme locomotive la Chine dont le PIB approche les 20.000 milliards de dollars et les réserves de change dépassant les 3200 milliards de dollars, et plus de 40% de la population mondiale préfigurant une nouvelle recomposition des relations internationales parviendront-ils à tirer leur épingle du jeu face à des économies avancées au défi du contexte récessif ?
En conclusion, la croissance ou pas de l’économie mondiale , sa future trajectoire a un impact sur l’économie algérienne, extériorisée, tributaire à 98% de ses recettes en devises, avec les dérivées des hydrocarbures comptabilisés dans la rubrique hors hydrocarbures et à plus de 85% d’importation des matières premières et équipements des entreprises qu’elles soient publiques ou privées dont le taux d’intégration en 2022 ne dépasse pas 15% Le cours du pétrole le 07 janvier 2023 a été coté à 78,60 dollars le Brent , à 73,73 dollars le Wit pour un cours euro dollar ( achat) de 1,0644, et 137,1119 dinars un dollar et 145,2429 dinars pour un euro au cours officiel fluctuant et sur le marché parallèle entre 217/219 dinars un euro et 204/206 dinars un dollar , cours achat/vente Le cours du gaz représentant environ 40% des recettes de Sonatrach, après avoir culminé à environ 350 euros le mégawattheure, se négocie le 07 janvier 2023 à un prix près de cinq fois moins élevé qu’en août 2022, pour la livraison en février 2023 à 72,75 euros, du fait de la baisse de la consommation, liée à un hiver relativement doux, et une importation massive de GNL, contournant l‘approvisionnement de la Russie dont la demande européenne a chuté de près de 46% par rapport à 2021 selon la commission, permettant d’économiser les stock.
Dr. Abderrahmane MEBTOUL.
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