Dr Mourad GOUMIRI.
Le couple contrebande subvention ne peut vivre l’un sans l’autre, ils se nourrissent l’un l’autre mais malheureusement, dans notre pays, les pouvoirs publics continuent à les traiter un par un, ce qui se traduit par une inefficacité totale et ce depuis des années ! Les chiffres sont sans appel, lorsqu’on analyse dans le détail, les importations d’un certain nombre de produits de contrebande, tous subventionnés, tels que les produits agroalimentaires (céréales, pâtes et huiles alimentaires, sucres…), l’énergie (essence, gasoil, huiles, butane et propane,) et d’autres produits divers. Excluant de cette analyse les produits prohibés qui relèvent d’une problématique de narco-terrorisme (drogues, armement, pyrotechnie, véhicules volés, humains…) et nécessitent d’autres instruments et d’autres politiques d’éradication, la contrebande organisée sévit à l’intérieur du territoire et sur toutes nos frontières et sont considérables, revêtant leurs propres spécificités, selon qu’elles se situent sur le long des côtes et de la plateforme continentale, les trafics s’organisent autour des produits énergétiques (essences, gasoil) compte tenu du différentiel entre les prix relatifs locaux subventionnés et ceux non subventionnés chez nos voisins. Pour les frontières terrestres, les produits agroalimentaires importés et subventionnés dominent le trafic vers les pays frontaliers (Maroc, Tunisie, Mali, Niger et plus récemment la Libye). Sur le marché intérieur, le phénomène est différent mais complémentaire, puisqu’il s’agit de créer des pénuries artificielles, par des stockages spéculatifs ou pour alimenter le marché illégal, transfrontalier, pour assécher le marché intérieur et augmenter les prix, ce qui conduit aux mêmes résultats, in fine.
Ce phénomène économique pointe du doigt l’architecture commerciale du pays (marché de gros, demi-gros et détail) et ses circuits de distribution, de transport, de stockage et de la chaîne du froid, qui sont tous défaillants, ainsi que le mode de paiement en numéraire (cash) qui domine la sphère. Dans cette configuration de notre économie, les opérateurs dégagent des profits spéculatifs colossaux et engrangent la fiscalité subséquente qu’ils ne paient pas, profitant de toutes les failles du système commercial mis en place. Dès lors, c’est le consommateur final qui est mis à contribution et les politiques publiques de protection des populations les plus vulnérables, ne produisent plus leurs effets escomptés, ce qui peut remettre en cause la paix sociale !
Face à cette situation explosive, les pouvoirs publics ont pris la décision de confier les dossiers de corruption, de spéculation, de pénurie et autres délits et crimes subséquents, au parquet antiterroriste, révèle une volonté politique de répression du phénomène, qui prend une ampleur exponentielle et les premières condamnations lourdes sont tombées. En effet, la population n’arrive pas à comprendre que des produits, notamment alimentaires pour la plupart subventionnés, « disparaissent » des étales, de manière cyclique, puis « réapparaissent », comme par enchantement, après avoir inondé le marché informel ou après leur fuite aux frontières ! Ces pénuries engendrent des « chaînes » anarchiques et des tensions violentes entre consommateurs eux-mêmes et avec les commerçants, accusés de tous les mots, alors qu’ils sont le dernier maillon de la chaîne. Le ministère du commerce et son indéboulonnable premier responsable, est montré du doigt et fait converger, sur lui, toutes les critiques et autres invectives, tant le problème est récurrent et semble se répéter à des dates précises de grande consommation (fêtes religieuses, saisons creuses, cycles agricoles…). Le débat parlementaire, subséquent au discours de politique générale du Premier ministre, s’est accaparé, pour une large partie de son temps, du phénomène, exigeant la protection des consommateurs, accusant à tort le gouvernement d’avoir diminué les importations ! Pire encore, les réseaux sociaux nationaux mais également étrangers, s’en donnent à cœur-joie, pour propager des images et commentaires infamants sur le sujet, ce qui altère l’image de marque du pays. Face à l’ampleur du phénomène et de ses conséquences internes et externes, les pouvoirs publics ont opté pour « la manière forte », c’est-à-dire la répression pénale, à travers le parquet antiterroriste.
La question qui se pose est donc de savoir s’il faut éliminer les subventions (quelque 163 milliards de DA, en 2022) pour aligner les prix sur ceux internationaux ? Un économiste de type Banque Mondiale, « pur et dur », répondrait positivement ! Mais un analyste socio-économique ne peut pas faire l’impasse sur les conséquences sur le pouvoir d’achat des nationaux et en particulier sur les classes les plus vulnérables (retraités et les bas salaires). C’est la quadrature du cercle ! La solution optimale et la plus judicieuse consiste à mettre en œuvre une politique, à moyen et long terme, qui diminue les subventions des produits de base ciblés, tout en augmentant les transferts sociaux et les salaires, afin de préserver la paix sociale. C’est donc dans une combinaison, qui se situe, entre la répression et la régulation. Le phénomène qui a pris une « longueur d’avance » sur le marché formel, créant ses propres circuits et ces complicités et drainant, dans son sillage, des milliards de DA, aux détriments du consommateur final. Il faut espérer que les responsables du commerce intérieur, puissent imaginer une politique convergente, entre les instruments de répression et de régulation.
La nomination d’un ministre chargé des exportations et la tenue d’un Conseil des ministres consacré aux exportations, montrent l’intérêt des autorités économiques à ce secteur ...
Force est de constater que depuis leurs publications dans les années soixante, les codes communaux et de wilayas ont été amendés à plusieurs reprises, pour ...
Installée officiellement pour analyser les impacts des subventions sur les ménages, les entreprises publiques et privées et les dépenses de l’État, cette « Commission » n’a jusqu’à ...