Le président du Conseil européen, Charles Michel a évoqué, le 5 septembre dernier, la nécessité de la révision de l’Accord d’association qui lie l’Union européenne à l’Algérie à l’issue de l’audience que lui a accordée le chef de l’État. Une question à laquelle tient le président de la République qui avait confié au ministre du Commerce, Kamel Rezig, le soin de «procéder à une évaluation du dossier sur l’Accord d’association avec l’Union européenne». Cet accord «doit faire l’objet d’une attention particulière, faisant valoir nos intérêts pour des relations équilibrées», avait recommandé Abdelmadjid Tebboune. C’était en pleine pandémie de Covid-19 lors d’un Conseil des ministres qui s’est tenu le 9 août 2020, sous sa présidence. Il y a donc plus de deux années. Si rien n’a filtré sur l’évaluation exigée par le chef de l’État, la question du rééquilibrage des échanges commerciaux avec l’Europe demeurait pendante. Il est vrai que le rapport de force lorsque le sujet avait été évoqué n’avait pas encore basculé en faveur de l’Algérie et il l’était encore moins lorsque l’Accord d’association Algérie UE avait été signé en 2002. L’Algérie venait à peine de sortir de la décennie noire. Difficile dans une telle conjoncture de soutenir la comparaison et de ne pas subir devant un bloc qui renferme en son sein des puissances économiques mondiales (Allemagne, France, Italie…). Le bilan de 10 années d’échanges commerciaux confirme ce constat. Les chiffres sont éloquents. Entre 2005 et 2015 les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’Union européenne n’ont pas atteint 14 milliards de dollars tandis que les importations en provenance du continent européen, se sont élevées à 220 milliards de dollars. L’Algérie qui a demandé à de nombreuses reprises de renégocier le texte, estimant à juste titre que l’accord lui est largement défavorable, a refusé de le ratifier sous sa forme initiale. Signifiant au passage à l’UE de ne pas respecter la partie de l’accord relative aux transferts de technologies, à la circulation et lui reprochant de ne pas avoir incité les entreprises européennes à investir en Algérie. Instaurer dans ces conditions une zone de libre- échange devenait suicidaire pour l’économie nationale. Les «correctifs» souhaités par l’Algérie allaient cependant rester en stand-by. Jusqu’à ce que le conflit armé russo-ukrainien ne vienne changer la donne avec, notamment cette crise énergétique mondiale sans précédent qui a affecté de plein fouet l’Europe. Les regards se sont tournés vers l’Algérie un pays central en matière d’approvisionnement de gaz à l’Europe dont la situation économique qui a désormais mis le cap sur la diversification, les énergies renouvelables, la production de l’hydrogène vert… fait bien des envieux sur le plan régional et international avec des institutions solidifiées et une diplomatie remarquablement active en faveur de la stabilité et de la paix dans le monde. Le Vieux Continent trouve en l’Algérie, qui lui fournissait 11% de son gaz importé avant le début de la guerre en Ukraine, un partenaire sûr pour affronter la crise énergétique qui lui est imposée suite à sa position dans le conflit armé russo-ukrainien. Son secteur pétro-gazier c’est du béton armé. Ses réserves prouvées de gaz naturel s’élèvent à près de 2 400 milliards de m3. Ses capacités de production vont de surcroît être décuplées depuis la découverte du méga gisement de Hassi R’mel. Des potentialités qui s’appuient sur un réseau de pipe-line remarquable. Le gazoduc transsaharien d’une longueur de plus de 4 128 kilomètres et d’une capacité annuelle de trente milliards de m3 qui doit enforcer deux autres gazoducs à caractère structurant, régional et intercontinental: le gazoduc Medgaz qui relie l’Algérie à l’Espagne à partir de Beni Saf jusqu’au port d’Almeria par voie sous-marine, ainsi que le gazoduc Galsi qui relie, via la Sardaigne, l’Algérie et l’Italie. Une «arme» redoutable qui doit rééquilibrer le rapport de force lors de la renégociation de l’accord d’association Algérie-UE…
Soyrce: L’Expression.
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